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KOSSI EFOUI : Ruse, rupture et résistance

2.2. Les divertissements satiriques

Par « divertissement satirique », nous entendons évoquer les formes dramatiques éfouiennes dans lesquelles prédominent le rire et les corps comiques. Les esthétiques du divertissement sont historiquement reconnues à la fois pour leur caractère interdisciplinaire et

240 Michel Vinaver nomme ainsi d’une part les pièces de type classique, reposant sur une intrigue linéaire, dans un rapport de causalité, et dont la parole est instrument de l’action, et celles, plus fragmentées, qui progressent de façon sinueuse, par reptations et bonds successifs telles qu’on en trouve souvent dans le répertoire contemporain, où la parole n’est pas instrument de l’action et remettant en cause toute causalité.

98 pour leur inscription dans le champ social. C’est ce que rappelle la définition du terme dans

Le Dictionnaire du Théâtre de Patrice Pavis :

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les spectacles étaient entrecoupés ou se terminaient fréquemment par un divertissement, sorte d’intermède dansé et chanté. Genre mixte, situé à la fois dans la fiction théâtrale et dans l’espace social, le divertissement résume parfois la pièce, tire les conclusions morales tout en plaisantant, sollicite la bienveillance du public, lui offre des airs connus et populaires pour mieux faire passer le message et terminer par des chansons.241

Si l’on voit bien comment cette partie si spécifique des structures dramatiques populaires d’anciennes formes théâtrales, issues probablement elles-mêmes des théâtres du Moyen-Age, peut constituer la source d’un héritage dont le divertissement moderne semble s’être largement inspiré, il n’est pas ici question d’évoquer dans les pièces de Kossi Efoui un drame moléculaire qui adviendrait à l’intérieur du drame principal pour en éclairer ou en synthétiser les enjeux. A nouveau au cœur d’une pratique de la marge et du détour, l’auteur questionne le goût contemporain pour le « divertissement » en mettant au jour les profondes mutations que ce genre a connu à l’ère de l’industrie télévisuelle.242 En effet, le capitalisme a fait passer le divertissement d’une poétique du détour à une pratique du détournement qui rejoint le projet, avoué ou non, visant à divertir les masses pour mieux les manipuler. Consommation et divertissement au prisme de l’hyperspectacle forment désormais un système où règnent la vanité et l’aliénation imposées par la culture de masse. C’est pourquoi le sens actuellement courant de « divertissement » désigne l’action de divertir pour détourner à son profit.

Les créations du Théâtre Inutile en compagnonnage avec Kossi Efoui posent, depuis le début de leur collaboration, la question de l’existence possible d’un « divertissement clair de la pensée ».243 C’est là un fil conducteur que suivent la compagnie et l’auteur en cherchant à en sonder les fondements. Loin de nier la force ludique voire vitale des supports de divertissement, à commencer par celui que propose le détour par la fable, il s’agit de se saisir de ce genre pour réfléchir le spectaculaire dans l’esprit de l’essai politique de Guy Debord.244 La quête autour du divertissement répond donc également à l’idée de contrer les dispositifs du

241 PAVIS, Patrice, Le Dictionnaire du Théâtre, Paris, Dunod, 1996, p. 101.

242 Sur ces questions voir : LIPOVETSKY, Gilles ; SERROY, Jean, L'esthétisation du monde. Vivre à l'âge du

capitalisme artiste, Paris, Gallimard, « Hors-série connaissance », 2013 ; L’écran global : Culture-médias et cinéma à l’âge hypermoderne, Paris, Seuil, 2007 ; La culture-monde. Réponse à une société désorientée, Paris,

Odile Jacob, 2008.

243 Cie THEATRE INUTILE, Dossier de production, 2011, p. 3.

99 capitalisme avec leurs propres outils, en détournant l’usage qui en est fait pour mieux mettre à l’évidence leurs reflets et leurs illusions. Quand le théâtre s’empare du divertissement aujourd’hui, c’est souvent pour évoquer les mécanismes qui produisent du politique et faire saillir, en recourant à un certain usage de la place du spectateur, la manipulation et l’inutilité de nos obsessions contemporaines : celles de la multiplication des moyens de communications qui entravent les échanges réels ou encore, par exemple, celles du culte de l’image et de la superficialité de canons esthétiques englobant et limitant les corps dans leurs capacités à être.

C’est à cet endroit que se situe la satire. Elle intervient comme levier permettant de mettre en évidence ce transfert qu’ont subi les pratiques du divertissement qui peinent désormais à rallier la question de l’élévation, comme s’il n’existait de divertissement que vulgaire, que bas. Pour sortir de l’antinomie, des spectacles tels qu’En Guise de

divertissement, Concessions, Happy End, Sans ombre ou Voisins Anonymes (ballade), tentent

de parcourir l’histoire des divertissements, de remonter ses maux avec ses mots, dans des croisements thématiques avec des sujets d’actualités : exil, migration, déchéance, déclassement social ou expulsions... On ajoute une strate au divertissement en ayant recours à la satire pour permettre de souligner les effets néfastes de ces mécanismes contemporains - qui sont par ailleurs surexposés dans nos sociétés actuelles - mais on en conserve des modalités (notamment en ce qui concerne la mixité du genre avec une grande place faite aux chants et aux danses) pour faire la démonstration que des outils identiques peuvent aussi servir à autre chose. Il s’agit donc de dire qu’en partant du corps on peut produire le meilleur comme le pire…

100 Figure 15 Concessions, Cie Théâtre Inutile © DR

101 Kossi Efoui et Théâtre Inutile proposent en quelque sorte une satire du divertissement moderne mais l’objet de la satire se situe bien du côté des vices du système politico-social engendré par le capitalisme. Ces spectacles, auxquels s’ajoutent les textes Récupérations et Le

Faiseur d’histoires, qui n’ont jamais été montés par Nicolas Saelens, n’ont pas pour objectif

de railler leurs spectateurs en caricaturant les mœurs publiques du plus grand nombre. Ce sont les instances politiques, les figures de pouvoir et d’autorité qui y font l’objet de déformations outrancières suscitant le rire. A travers les attitudes qu’on prête à telle ou telle fonction et au cœur desquelles s’ancre généralement une posture qui instaure l’individu en surplomb en tant que personnage public, Kossi Efoui va lui-même puiser les traits caractéristiques de ses personnages qui par le truchement marionnettique, célèbre depuis toujours pour permettre ce type de mécanique dramatique, révèle l’ampleur de l’imposture et la vanité de ces meneurs à qui nous prêtons fréquemment une confiance aveugle quand bien même nous courons à notre perte.

Chez Kossi Efoui, les divertissements satiriques empruntent donc à des formes spectaculaires consacrées : le music-hall, le reality-show, le défilé de mode, le spectacle de rue, la parodie de procès public, l’émission (radio ou télévisuelle), le congrès publicitaire, les cérémonies de commémoration… Autant d’évènements qui sont connus pour agiter les foules et que l’auteur met en abyme dans un esprit satirique où règne donc l’ironie et le grotesque.

Sans ombre (2017) est ouvertement présenté comme une « satire transhumaniste » et fait

avant tout la satire de nos penchants pour le post-humanisme, le tout virtuel. A la manière d’un grand groupe multimédia, la firme Strong Life United tient ce qui ressemble fort à sa une conférence annuelle de développeurs dans le but de démarcher de nouveaux clients à grands renforts d’effets publicitaires spectaculaires. Fidèle à sa volonté de dépasser et maîtriser la nature, des grandes découvertes à nos jours, le spectacle interroge la volonté humaine à dénaturer ce qui l’entoure jusqu’à courir le risque, bien qu’il ne se le représente pas comme tel, d’éradiquer toute forme de vivant. La fiction se déploie ici dans un espace-temps post apocalypse qui fait écho aux scénarii d’anticipation et au cinéma de science-fiction : une série de catastrophes écologiques poussent les hommes à chercher refuge ailleurs que sur Terre mais la firme Strong Life United a trouvé le moyen d’en faire une aubaine puisqu’elle promet de s’appuyer sur ce drame pour offrir la vie éternelle… par le biais de la dématérialisation totale de l’homme. Ancrant le propos sur une réflexion concernant les potentialités des formes artistiques, le Théâtre Inutile, en compagnonnage avec Kossi Efoui, crée un contrepoint à ce dispositif futuriste hypermoderne en confiant le soin d’enrayer la machine - machine à qui

102 l’homme d’aujourd’hui s’en remet corps et âme - du groupe Strong Life United à des polichinelles, marionnettes à gaine, rappelant le Gnafron de la culture du Guignol, puissant outil de satire populaire depuis toujours.

Figures du torpillage qui viennent mettre à mal la représentation théâtrale orchestrée par la firme, les deux compères viennent rappeler avec humour qu’un divertissement critique est possible et même que l’espace du divertissement, qui est celui de l’imaginaire, est la voie par laquelle l’homme peut faire œuvre de résistance, se réinventer et construire un autre avenir. Afin de déconstruire les dogmes et les idéologies, autant de chimères issues de nos mythologies contemporaines, qui avec l’évolution des biotechnologies proclament « la mort de la mort »245, Sans ombre répond dans le sillage de Jacques Darras : « Ne plus imaginer la mort c'est accepter, de fait, la mort de l'imagination. C'est mourir à la vie de notre vivant. »246 Ces préoccupations agitent elles-mêmes le théâtre contemporain et viennent remuer des interrogations ancestrales autour des théories du comédien à l’heure de l’acteur augmenté et des androïdes d’Oriza Hirata. Nous y reviendrons. Car, pour l’heure, ce que nous entendons évoquer concerne davantage le recours aux formes du divertissement pour questionner le spectacle et rendre une place politique à l’imaginaire.

Comme toujours, le travail des artistes de la Cie Théâtre Inutile allie une envergure plastique à des réflexions philosophiques. C’est pourquoi la dramaturgie du spectacle, qui fonctionne par tableaux, favorise la mise en espace d’images selon une esthétique éminemment picturale qui invite le spectateur à s’emparer d’une pensée des mutations du corps et de ses représentations à l’aune d’une virtualisation globale qui tend à étouffer les profonds enjeux éthiques, inconscients à l’échelle de la société entière, que ces bouleversement opèrent dans nos représentations de l’humain. Comment ce dernier peut-il, en effet, échapper à la catastrophe qu’il l’a lui-même générée ? Et comment réchapper à ce système dans lequel il cherche à dépasser toujours plus la nature sans voir qu’il finit par s’annuler lui-même en tant qu’être vivant ?247 Pourquoi l’homme se désavoue-t-il lui-même dans des logiques d’anéantissement du vivant et du pluriel ? Le monde virtuel de la Surnature, qu’entend représenter une partie du spectacle, n’est-il pas finalement un monde sans risque pour l’humain (sans mort, sans disette, sans danger ni catastrophe) mais sans les aspérités qui font les mouvements du vivant ? De quoi la soif de contrôle totale de l’homme

245 ALEXANRE, Laurent, La mort de la mort. Comment la technomédecine va bouleverser l’humanité, Paris, JC Lattès, 2011.

246 DARRAS, Jacques, Nous ne sommes pas faits pour la mort, Paris, Stock, 2006.

103 est-elle le nom ? Ne serait-ce pas une fuite en avant pour éviter de regarder en face les misères humaines du passé – et, notamment, celles qui découlent des grandes découvertes et qui scellent l’entrée dans l’ère du capitalisme ? A quel moment s’est-il agit de détruire plutôt que de construire ?

La décadence sociétale et l’effondrement d’un véritable principe de communauté humaine pointe alors, comme souvent chez Efoui, par une esthétique du contrepied qui oppose de manière exemplaire dans Sans ombre l’usage abusif de la technique qui virtualise et mécanise l’ensemble du vivant, à une approche animiste que la voie (et les voix) de la scène tente de rendre sensible au spectateur. Nicolas Saelens l’évoque dans sa note d’intention :

Nous affirmons un théâtre organique qui invite à palper l’invisible. Nous considérons tout élément participant à la représentation comme un corps s’inscrivant dans une organicité qui place le public comme le point névralgique de la perception du vivant. La langue et l’écriture sont des révolutions qui ont forgé notre humanité, cette révolution digitale peut nous conduire à une conception du vivant plus transversale qu’elle n’est aujourd’hui.248

Soucieux du détour par la fable, car convaincu des pouvoirs politiques de l’allégorie, Kossi Efoui se saisit ici de l’anticipation pour penser les idoles de demain, à commencer par le rapport de l’homme à la machine qu’il tente habilement de personnifier à l’instar des figures divines des tragédies antiques. Puisque l’homme est toujours en quête d’icônes à adorer, quelles figurations et quels enjeux pour celles de demain ? Quels impacts sur la structuration de nos sociétés ?

Si le ton est satirique, mais ce n’est pas systématiquement le cas chez Kossi Efoui, l’idée vectrice est surtout de replacer le rituel de la cérémonie au cœur du divertissement pour en faire un spectacle « critique ». Puisque le divertissement est un des moyens les plus plébiscités aujourd’hui, c’est en repensant ses modalités, en déconstruisant ses procédés pour en proposer de nouveaux, qu’il sera possible d’insuffler une nouvelle vision du monde. C’est donc à une poétique du divertissement subvertie que s’adonne Kossi Efoui qui cherche à remettre le spectateur en contact avec l’invisible, l’immatériel, tout le mystique de la poésie elle-même. Il s’agit de dégager du rêve et de la poésie dans des espaces inattendus.

Il s’agit finalement de lire les mutations de l’homme en considérant son goût pour l’anéantissement de ses propres valeurs, comme autant de symptômes de son identité traumatique. Les traumas étant évidemment résiduels d’un héritage d’une mémoire de la

248 SAELENS, Nicolas, « Intentions », dossier artistique du spectacle Sans ombre, Théâtre Inutile, 2017, URL : https://theatre-inutile.com/wp-content/uploads/2017/02/Dossier-Sans-ombre-une-satire-transhumaniste.pdf (consulté le 12.05.2018)

104 blessure et de la violence que la société des images a rendu particulièrement prégnante. Nous avons ici largement présenté la création Sans ombre, et nous poursuivrons notre analyse plus loin, car, au-delà de son caractère éminemment actuel qui coïncide également avec sa récente date de création, ce spectacle nous semble être particulièrement représentatif de la réflexion que mène originellement Kossi Efoui dans son travail et du geste qui est le sien. Celui-ci vise à faire saillir un état actuel de l’humanité tout en cherchant à faire passer par les voies du sensible, des émotions et des états (d’âme, de corps ou d’esprit), qui rende le rituel de la cérémonie artistique opératoire en nous reconnectant à une logique de la sensation dans laquelle le corps se laisse déborder par ce qui le traverse mais qui est d’ordre invisible, mystique et bien souvent impossible à rationaliser. En effet, la réflexion menée dans ce spectacle par le biais de la structure spectaculaire représente selon nous l’aboutissement de plusieurs tentatives, dans les spectacles précédents, de faire se rencontrer moyens et fins dans un processus de mise en abyme.

Ainsi, d’autres créations, dont les textes ont ou n’ont pas été écrits directement en compagnonnage avec Théâtre Inutile, nous semblent correspondre aux singularités du divertissement satirique éfouien. Récupérations en est sans doute l’exemple le plus ancien mais aussi le plus clair dans la mesure où ses lignes de fuite dessinent très justement la critique de l’industrie des médias et de l’usage qu’elle fait du « tiers-monde ». Dans cette pièce qui date de 1992 et dont il existe plusieurs versions, un programme télévisé « récupérant » misère et exotisme pour faire de l’audimat reconstitue un bidonville menacé de disparaître en y intégrant ses habitants dans le cadre d’une émission sur leur quotidien. Pendant le tournage, les autorités locales profitent de ce que les habitants soient sur le plateau de télévision pour ordonner la destruction totale du quartier.

Dans son article, « Récupérations, la vraie n’existe pas ailleurs », Judith Miller fait de cette pièce une parabole dramatique qui explore le champ sémantique du terme faisant office de titre :

[…] la notion de récupérations comme recyclage permet [à Kossi Efoui] de rassembler et de juxtaposer les éléments d’une culture africaine elle-même déjà traversée par les cultures du monde. Efoui serait donc, grâce à une telle lecture, un écologiste de l’histoire, un artiste de la survie – ou faire de l’art donne sens à l’effort d’exister. Pour appuyer cette interprétation, passons en revue les acceptions du mot « récupérations », qui toutes font partie d’un système de recyclage, recyclage que nous pourrions aussi définir comme le geste théâtral fondamental d’Efoui.249

249 MILLER, Judith, « Récupérations, la vraie n’existe pas ailleurs », in CHALAYE, Sylvie (dir.), Le Théâtre de

105 Dans ce texte où la satire concerne directement l’univers télévisuel et la marchandisation à la fois de la misère et de la mémoire, Kossi Efoui interroge effectivement la notion d’héritage à l’aide d’une structure dramatique cette fois plutôt simple mais qui repose sur la construction de ses personnages. Ils sont caractérisés par le capital symbolique qu’ils renvoient, c’est-à-dire qu’ils sont pensés par l’auteur dans la perspective d’être les surfaces de projection de multiples clichés que ce dernier entend en fait dénoncer. Pour ce faire, Kossi Efoui ménage un décalage entre leurs typologies physiques et leurs prises de paroles de sorte qu’ils ne correspondent ni ne donnent jamais à Hadrianna Mirado, la

speakerine de l’émission, ce qu’elle attend d’eux.

La journaliste : […] Là où il y a quelque chose à dire, La Voix crie… Séfa : …dans le désert !

La journaliste (perturbée) : Ah ! Je vois que vous avez lu notre dossier sur la déforestation.

Dieu : Saint-Jean, chapitre 1, verset 23. « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers. »

La journaliste (perplexe) : Bon, assez perdu de temps, on commence. Résumé : nous avons appris que le gouvernement a décidé de raser vos… « habitations » pour raison de salubrité publique. Ça tombe bien… Je veux dire qu’il y a longtemps que nous rêvons de vous consacrer une émission. Alors, nous saisissons l’occasion. Et puis, imaginez un seul instant l’effet que produira sur l’opinion internationale francophone une émission en bon français relatant l’itinéraire de chacun d’entre vous… et vos conditions de vie. N’oubliez pas que nous sommes en pleine période électorale. Si le camarade-candidat-président veut se faire réélire, il a tout intérêt à soigner l’image personnelle de sa démocratie. Qu’est-ce qu’il fait dans ce cas à votre avis ? De deux choses l’une. Soit il reconnaît les faits, veut en tirer parti et demande une traduction de la séquence en anglais, en russe, en espagnol, en espéranto… bref dans toutes les langues reconnues, pour obtenir une aide substantielle dont une partie servira à la réalisation d’un programme de réinstallation. Soit il remet la démolition de vos baraques à plus tard pour éviter tout incident.

Keli : Bien. Et que devons-nous faire ?

La journaliste : D’abord, nous installer. (Elle les aide à se disposer) Moteur ! … Notre périple hebdomadaire nous conduit aujourd’hui à un endroit pour lequel nous avons eu un véritable coup de foudre : « Du côté de chez Dieu ». Nous allons le découvrir ensemble à travers les propos de ses habitants qui ont bien voulu nous accueillir.

Moudjibate : Je ne sais si j’aurai le courage de vous raconter ma vie. Les confidences, c’est comme les haleines fétides…

La journaliste : Très intéressant. Mais commençons par le début.

Dieu : Au commencement… je suis le premier. Et ce n’est pas un hasard si cet endroit s’appelle « Du côté de chez Dieu » depuis quinze ans, c’est-à-dire depuis que j’y suis. Un pionnier, madame, voilà ce que je suis. J’ai découvert le filon que