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Diversité de la filière équine

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2. Surveillance épidémiologique de trois maladies infectieuses équines en France

2.2 Particularités et hétérogénéité de la filière équine

2.2.2 Diversité de la filière équine

La filière équine comporte des activités très diversifiées, pouvant être regroupées en trois secteurs distincts, les courses hippiques, le secteur sport-loisir-travail et la production bouchère. Les acteurs du niveau « production » sont globalement les mêmes pour ces trois secteurs (éleveurs, étalonniers) mais ils diffèrent pour l’utilisation et la valorisation (dont entraineurs pour les courses ; cavaliers et centres équestres pour sport-loisir ; abattoirs, bouchers et distributeurs pour la viande). Chaque secteur possède sa propre organisation mais des liens économiques et des flux d’équidés existent entre eux, notamment pour l’élevage, la réforme et les fournisseurs de biens et services.

D’après une estimation réalisée en 2009 par les Haras nationaux (devenus IFCE en 2010) et la Fédération nationale des conseils des chevaux de France, la filière équine française compte plus de 53 000 entreprises. Environ 13 % sont des structures équestres et les deux tiers sont des élevages, dont 80 % comprennent seulement une ou deux juments mises à la reproduction. Les autres sociétés sont des écuries de course, des organisateurs de manifestations et des entreprises connexes, tels que les vétérinaires, les équipementiers, les maréchaux-ferrants et les métiers de l’alimentation du cheval (Haras Nationaux, 2009a; Lebrun, 2010). Au total, la filière représente environ 75 000 emplois en équivalent temps plein (ETP), dont 60 % d’emplois directs (Heydemann et al., 2011; Lebrun, 2010).

Le chiffre d’affaires brut dépassait 11,2 milliards d’euros en 2014 et atteignait 14 milliards en comptabilisant les activités des entreprises connexes (IFCE, 2015b). Toutefois, le poids économique varie beaucoup d’un secteur à l’autre, ce qui impacte le niveau d’intérêt pour les questions sanitaires ; cet intérêt est par exemple plus marqué dans le secteur des courses.

2.2.2.1 Courses hippiques

Historiquement, la filière course est très organisée, autour de deux sociétés mères dénommées France Galop pour les courses de plat et d’obstacles et la Société d’encouragement à l’élevage du Cheval Français (SECF désormais appelée « le Trot ») pour les courses de trot. France Galop a été créée en 1995, à la suite de la fusion de sociétés créées en 1833 et 1887, tandis que la SECF est la

descendante de la Société du Demi-Sang fondée en 1864. Ces deux organismes ont des missions juridictionnelles, disciplinaires et financières au niveau national. Avec les fédérations régionales chargées d’organiser les courses en région, ils sont représentés au sein de la Fédération nationale des courses hippiques françaises (FNCH). La FNCH définit les orientations politiques communes, coordonne l’action de ses membres et assure un rôle de représentation auprès des autorités publiques. Le secteur des courses est ainsi très structuré, aussi bien au niveau national que régional (FNCH, 2016; France Galop, 2007; SECF, 2016b).

Environ 18 000 courses sont organisées chaque année en France dans le cadre de 2 300 réunions (pour 30 000 chevaux de course en activité), plaçant le pays au troisième rang mondial après les Etats-Unis et l’Australie. Les enjeux enregistrés approchaient les 9,5 milliards d’euros en 2014, dont 97 % étaient engagés via le Pari mutuel urbain (PMU), 2 % par d’autres opérateurs (paris en ligne) et 1 % dans les hippodromes. En comptant les autres types de recettes (dont les ventes et les pensions), le secteur a généré 10,5 milliards d’euros en 2014, soit 93 % du chiffre d’affaires brut de la filière, alors qu’il représente moins d’un cinquième de la population totale (IFCE, 2015b).

2.2.2.2 Sport, loisir et travail

Les activités de sport, de loisir et de travail ont tendance à se développer et à se structurer depuis quelques années, autour de plusieurs organismes. Depuis 2011, la Société hippique française (SHF) est devenue société mère du cheval et du poney de sport. Elle fédère trois composantes liées à l’élevage, à savoir la production, la valorisation/transformation et la commercialisation. Au sein de son conseil d’administration sont ainsi représentés les associations nationales de races (dont Selle Français, Arabe, Anglo-Arabe, races de poneys), les associations régionales d’éleveurs, la chambre syndicale du commerce des chevaux de France (CSCCF) ainsi que différents professionnels (éleveurs, propriétaires, cavaliers, meneurs, juges techniciens, etc.) (SHF, 2016).

Parallèlement, la Fédération française d’équitation (FFE) assure le développement des activités sportives ainsi que l’organisation de la formation et des compétitions, avec plus de 80 000 épreuves par an (Heydemann et al., 2011). La FFE est aussi chargée de la délivrance des licences et des diplômes fédéraux, de la promotion de la compétition de haut niveau et de l'élaboration des règlements sportifs des différentes disciplines. Elle rassemblait près de 690 000 adhérents en 2014, formant ainsi la troisième fédération sportive française en nombre de licenciés (FFE, 2016). Le nombre de pratiquants dépasse toutefois un million et le tourisme équestre, qui relève de la FFE, est actuellement en croissance (Lebrun, 2010). Les centres équestres sont également représentés par le Groupement hippique national (GHN). Outre son rôle de représentation, le GHN (association loi

1901) participe à la formation professionnelle et assure des missions de conseil et d’assistance juridique, sociale et fiscale pour ses adhérents qui sont des dirigeants d’établissement équestre, des moniteurs indépendants, des entraineurs de course et des marchands de chevaux (GHN, 2016).

Enfin, la Société française des équidés de travail (SFET) est chargée de promouvoir l’élevage des chevaux de trait, des ânes, des mulets et des chevaux de territoire, de favoriser leur utilisation, leur valorisation et leur commercialisation. Cette société-mère rassemble 24 races et revendique plus de 220 000 équidés (SFET, 2016). L’utilisation de ces équidés pour le transport de personnes, de matériels, de matériaux ou de productions agricoles ainsi que pour le ramassage des déchets est par ailleurs en croissance (Jez et al., 2012).

Parallèlement à ces organismes, de nombreux détenteurs particuliers ne font partie d’aucune structure officielle. Ils ne sont donc pas représentés dans les débats qui traversent la filière, notamment sur les sujets sanitaires alors que le statut épidémiologique de leurs animaux est nécessairement lié, directement ou indirectement, à celui des autres équidés.

2.2.2.3 Viande chevaline

La production bouchère est organisée autour d’une interprofession dénommée Interbev Equins, créée en 2002 (Interbev, 2016). Il s’agit de la section équine d’Interbev, l’interprofession du bétail et des viandes. Elle rassemble les représentants des producteurs, des commerçants, des coopératives, des industriels, des bouchers, des distributeurs et des professionnels de la restauration hors domicile. Sa finalité est de promouvoir les intérêts de l’ensemble des acteurs de la chaîne de production.

Les poulains de race de trait, qui représentent environ un quart des poulains français, sont élevés pour 80 à 95 % d’entre eux pour la boucherie, en incluant toutes les catégories d’âge d’abattage, laitons (poulains de 6 à 12 mois), poulains et adultes (Lebrun, 2010). Si seulement 70 000 équidés sont élevés spécifiquement pour la production de viande, une partie des chevaux adultes réformés appartenant à des races légères est également consommée. Globalement, il semble qu’environ un tiers des chevaux français sont abattus pour la production de viande, les deux autres tiers étant destinés à l’équarrissage (Vardon et Perez, 2014). Ces chiffres doivent toutefois être considérés avec prudence car une partie des chevaux de boucherie élevés en France sont exportés jeunes pour être abattus et consommés à l’étranger, surtout en Italie et en Espagne, tandis qu’une partie de ceux abattus en France proviennent de l’étranger (adultes majoritairement originaires de Belgique). Si la France exporte plus d’équidés vivants qu’elle n’en importe depuis l’an 2000, le solde de son

commerce extérieur est en revanche négatif pour la viande chevaline (FranceAgriMer, 2014, 2015, 2016a; Lebrun, 2010). Le prix d’achat d’un cheval âgé demeure plus ou moins directement indexé sur le prix de sa valeur bouchère, qui constitue une sorte de prix minimal garanti. Les secteurs boucher et du sport-loisir-travail sont ainsi interdépendants car le marché de la viande a un impact direct sur la santé financière des éleveurs, des marchands et des centres équestres (Lebrun, 2010).

2.2.2.4 Des structures transversales mais pas de représentation globale de la filière

Plusieurs organisations transversales existent dans la filière équine, d’initiative publique ou privée, mais sans interprofession globale.

L’organe le plus transversal de la filière est sans doute l’IFCE. Créé en 2010 et placé sous la double tutelle des ministères chargés des sports et de l’agriculture, il résulte de la fusion des Haras nationaux et de l’Ecole nationale d’équitation-cadre noir de Saumur (Anonyme, 2010c). L’IFCE est un établissement public à caractère administratif qui a pour mission d’assurer la traçabilité et l’information sur le cheval. Il gère en particulier l’état civil des équidés via le service Sire. Il a par ailleurs pour vocation de transférer les savoirs relatifs au cheval et à l’équitation et de soutenir l’équitation et le sport de haut niveau. L’IFCE constitue un opérateur public pour toute la filière, depuis l’élevage jusqu’aux sports équestres de haut niveau et il intervient non seulement en France mais aussi aux niveaux européen et international. Il est chargé de contribuer à la performance économique, environnementale et sociale des multiples activités de la filière équine et de favoriser les liens entre les différents acteurs (IFCE, 2016e).

A l’échelon régional, des instances associatives, appelées Conseils des chevaux ou Conseils des équidés selon les régions, ont été créées pour représenter les différents types d’acteurs et favoriser leur collaboration et leurs interactions avec les décideurs politiques. La composition de ces Conseils varie en fonction des régions. Ils peuvent rassembler des syndicats et associations d’éleveurs, des utilisateurs (équitation, courses), des marchands, ainsi que des partenaires scientifiques et institutionnels, dont l’IFCE, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), des organisations vétérinaires, des chambres d’agriculture, le Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (Respe), des LDA et des conseils départementaux. Le premier Conseil des chevaux a vu le jour en 1997 en Normandie et ils sont aujourd’hui au nombre de 21. Outre leur mission de représentation, ils coordonnent les diverses actions de leurs membres et mènent des projets d’ensemble pour la filière en région (CCN, 2016). Depuis 2000, ils sont rassemblés au sein de la Fédération nationale des conseils des chevaux de France (FNCC).

Par ailleurs, pour les secteurs course et sport-loisir-travail, le Groupement des entreprises du secteur cheval en agriculture (GESCA) rassemble au niveau national des associations de race, les sociétés mères des courses, la FFE, la SHF, la SFET, des associations d’éleveurs, d’entraineurs et de jockeys, la CSCCF et des syndicats de divers métiers liés au cheval. Le GESCA a pour vocation d’informer ses membres des projets législatifs les impactant, de les représenter et de coordonner leurs actions.

Dans le secteur public, d’autres organismes jouent un rôle transversal sur le plan national, dans les domaines de la recherche (Inra, Institut de l’élevage) et du développement des filières agricoles (Assemblée permanente des chambres d’agriculture, FranceAgriMer).

Il n’existe toutefois pas d’interprofession générale en filière équine. Les interprofessions agricoles sont des organisations (personnes morales de droit privé) transversales réunissant l’ensemble des partenaires d’une filière (production, utilisation, valorisation, commercialisation, distribution) en vue de répondre aux enjeux communs. Elles sont créées à l’initiative des professionnels mais elles peuvent ensuite, à leur demande, être reconnues par l’Etat et leurs accords peuvent alors être étendus et imposés à tous les acteurs économiques de la filière (Anonyme, 2016a). L’absence d’interprofession équine s’explique probablement par la grande diversité des préoccupations selon les secteurs d’activité. Seules des interprofessions par secteur ou des comités transversaux sur certaines thématiques ont vu le jour jusqu’à présent, à l’instar d’Interbev-Equins, de la Fédération interprofessionnelle du cheval de sport, de loisir et de travail (Fival) ou du comité d’orientation Sire.

Celui-ci a été bâti en 2009 afin d’analyser les besoins et les attentes de la filière en matière d’identification des équidés, en particulier à visée sanitaire. Le comité Sire réunit de nombreux partenaires, dont l’IFCE, France Galop, le Trot, la FFE, la SHF, le GHN, la CSCCF, la Direction générale de l’alimentation (DGAL), l’Association des vétérinaires équins français (Avef), des fédérations d’associations de races (Fédération des chevaux de sport, France Trait, Fédération des poneys et petits chevaux de France), la Fédération nationale du cheval (syndicat professionnel) et l’Union nationale des propriétaires de chevaux de selle (UNPCS). Le comité Sire est une force de proposition mais n’est pas décisionnaire (B. Ferry, communication personnelle; Haras Nationaux, 2009b). Par ailleurs, la Fival, interprofession pour le seul secteur sport-loisir-travail, a été mise en place en 1997 et a été reconnue par les pouvoirs publics en 2001. Elle a cependant mis ses activités en sommeil en 2010 pour cause de difficultés liées à ses statuts, à son mode de fonctionnement et à ses financements (Descrozailles, 2006; Fletcher, 2010).

2.2.3 Implication de l’Etat et des autres acteurs dans le domaine

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