• Aucun résultat trouvé

Pour ce travail, nous avons été confrontés à plusieurs difficultés. La première est que les critères d’inclusion et d’exclusion que nous avions définis sont trop restrictifs ce qui a fortement contraint le recrutement de sujets pour le groupe pathologique. En effet, la population âgée que l’on rencontre en centre de rééducation au en milieu hospitalier est très souvent porteuse de polypathologies [2]. En ce sens, le fait d’exclure de cette étude toute personne ayant un trouble de la sensibilité, un trouble neurologique, vestibulaire ou orthopédique réduit fortement l’échantillon disponible.

Outre les critères d’exclusion trop stricts, l’inclusion des sujets était basée sur des tests précis dont la valeur seuil était relativement basse. Ceci a également contribué à diminuer la taille de l’échantillon disponible rentrant dans nos critères. Nous avons cherché à limiter les comorbidités afin de diminuer les biais dans l’étude mais cela a eu pour conséquence de contraindre la population du groupe pathologique à 4 personnes. Le temps dont nous disposions pour faire l’étude (2,5 mois) était trop court pour nous permettre de recruter suffisamment de sujets correspondants aux critères d’inclusion. Peut être faudrait-il assouplir nos critères d’inclusion / exclusion ou bénéficier d’un laps de temps nettement plus important voir un accès à plusieurs structures gériatriques afin d’augmenter de manière conséquente la taille de notre échantillon.

Etant donné que nos critères d’inclusion et d’exclusion étaient déjà très discriminatifs, nous avons pris le parti de ne pas évaluer l’angulation des chevilles ni l’hypertonie oppositionnelle afin de ne pas réduire encore plus l’échantillon disponible bien que cela nous aurait permis d’avoir une plus grande finesse dans l’analyse des résultats.

Lors de la réalisation de notre étude, nous avons relevé plusieurs biais qu’il faut souligner afin de nuancer les résultats :

_ Le premier est lié au port de la tête. Dans l’étude de Manckoundia et al [7], les patients étaient sanglés au niveau de la tête. Cette condition aurait pu être réalisée pour le groupe contrôle jeune mais pas pour les deux groupes âgés. En effet, certaines personnes avaient une extension rachidienne, notamment cervicale,

celle du groupe contrôle jeune. Il n’était donc pas possible d’établir une position de référence pour le port de tête. Nous avons donc pris le parti de laisser libre le port de la tête.

_ Le second peut expliquer la différence significative observée entre les deux sexes en position assise pour le groupe contrôle jeune. En effet, nous n’avons pas mesuré les sujets avant de les soumettre à nos tests. Cependant, l’examinateur a remarqué que les sujets de sexe féminin étaient majoritairement plus petits que les sujets masculins. Par conséquent, alors que les hommes avaient leurs pieds posés à plat sur la planche, les femmes avaient les jambes dans le vide. Ainsi, l’angulation de leurs genoux variait au fur et à mesure de la verticalisation du dispositif ce qui les renseignait probablement sur la perception de leur verticalité.

_ Il est un troisième biais que nous avions repéré avant le déroulement de l’étude mais dont nous n’avions pas trouvé la solution. Il réside dans les postions d’installation des sujets pour les deux conditions (assis et allongée). En effet, pour que les sujets puissent s’installer en position assise, il fallait positionner le dispositif à la verticale afin d’avoir l’assise de la chaise à l’horizontale. Pour la condition allongée, les sujets s’étendaient sur la table qui était ensuite verticalisée selon le protocole décrit auparavant. Le problème est que pour la condition assise, les sujets avaient un référentiel de la verticale puisque nous étions obligés de les installer avec la table à 90 degrés. Ceci peut expliquer le fait que les mesures en position assise tendent à être légèrement meilleures qu’en position allongée et surtout que les mesures tendent à être moins bonnes après la première mesure. Cette hypothèse est confirmée lorsque l’on compare les deux conditions en supprimant la première mesure de chaque sujet. En effet, le t de Student passe de 0.05912 lorsque les 3 mesures sont prises en compte à 0.3129 lorsque l’on ne considère plus que les deux dernières mesures. Il apparaît donc que la première mesure en position assise doit être supprimée et une quatrième mesure doit être réalisée afin de disposer de trois mesures fiables.

_ Un quatrième biais lié au matériel utilisé mérite d’être souligné. En effet, la table de verticalisation utilisée pour notre étude est de type hydraulique avec moteur électrique. Le problème de celle-ci est que la vitesse de verticalisation est de 3° par seconde alors que dans l’étude de Manckoundia et al [7] elle n’est que de 1,5° par seconde. Ainsi, une telle vitesse de mouvement stimule les canaux vestibulaires et peut avoir une incidence dans la perception de la verticale subjective (elle est

anticipée). De plus, lors de la verticalisation, il y avait un moment auquel une secousse importante se produisait ce qui provoquait une accélération brutale (autour de -10°). Chez certaines personnes, ceci peut les avoir fait anticiper le moment où ils se sentaient debout. Enfin, il ne nous était pas possible de permettre aux sujets de corriger légèrement la position dans laquelle ils étaient (les verticaliser un peu plus ou un peu moins) dès lors qu’ils nous avaient dits « stop ». En effet, dès que l’examinateur actionnait la commande, une secousse se produisait au démarrage et à l’arrêt ce qui rendait totalement impossible l’ajustement de la position des sujets autour de celle qu’ils avaient choisis. Pour remédier à ces problèmes, il serait nécessaire d’utiliser une table débrayable ou à verticalisation manuelle afin de contrôler la vitesse de verticalisation ainsi que les secousses.

_ Enfin, pour la mesure en position assise, nous avons utilisé une chaise dont le dossier était incliné de 14° vers l’arrière. Ceci constitue un réel biais car le tronc des sujets était lui aussi incliné légèrement vers l’arrière. Ceci peut avoir retardé le moment où les sujets se percevaient comme étant verticaux en condition assise. Il faudrait par conséquent utiliser une chaise dont le dossier serait vertical afin que le tronc soit exactement dans la même position dans les deux conditions (assise et allongée).

A l’énumération de ces biais, on se rend compte que pour nombre d’entre eux ils résident dans l’utilisation d’un matériel inadapté dont nous avons suggéré les améliorations.

Cependant, malgré les biais soulevés précédemment, il apparaît à la lecture des résultats plusieurs choses intéressantes. Même si les échantillons des groupes âgés sont trop petits pour avancer des différences significatives, nous pouvons néanmoins dégager plusieurs tendances :

_ Il semble ne pas y avoir de différences entre les personnes saines jeunes et âgées lors de la mesure en position allongée. Ceci sous entendrait qu’il n’y ait pas d’effet du vieillissement sur la perception de la verticale subjective.

_ A contrario, les personnes victimes de rétropulsion ont une inclinaison postérieure plus marquée que les sujets sains. Cependant, il faudrait pouvoir étudier cela sur un échantillon nettement plus important afin de vérifier si ce test est

inclinaison postérieure importante (au-delà d’un seuil qu’il faudrait définir) soit la traduction d’une rétropulsion, et qu’il soit aussi capable de différencier deux sujets dont la rétropulsion est assez proche.

_ Enfin, nous n’avons pas constaté l’existence d’une différence significative entre la mesure en position assise et en position allongée, a fortiori lorsque l’on supprime la première mesure en condition assise (influencé par la position d’installation qui donne une référence au sujet).

Documents relatifs