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UNE TABLE À DESSIN VIRTUELLE : S VALABARD Toutefois, dans le cas où l’utilisateur déciderait de ne pas associer cette inclinaison à l’épaisseur du

Une table à dessin virtuelle : S VALABARD

CHAPITRE 4. UNE TABLE À DESSIN VIRTUELLE : S VALABARD Toutefois, dans le cas où l’utilisateur déciderait de ne pas associer cette inclinaison à l’épaisseur du

trait, ce retour est important pour visualiser l’épaisseur de trait choisie.

L’association d’une tablette graphique à un outil de dessin numérique compose un instrument tout particulièrement adapté, relativement proche du dessin papier-crayon dont il est inspiré. De plus, la réunion Tablette/Écran a permis une meilleure intégration de l’outil informatique pour une population plutôt réticente, en réduisant fortement les perturbations et le temps d’apprentissage induis par :

– l’utilisation d’un périphérique relatif tel qu’une souris pour dessiner,

– l’utilisation d’une tablette avec un écran standard, le principal problème étant de regarder ailleurs que là où la main travaille.

Les différentes brosses, et les rendus graphiques des traits qui leurs sont associées, ainsi que leurs épaisseur, couleur et opacité, font rentrer en jeu la notion de style de dessin dans notre système, per-mettant à l’utilisateur de varier les traits et styles d’expression : il influe sur la perception directe de l’œuvre et sur la signification qu’il donne à ses traits (trait majeur, révision, etc.). C’est à notre avis un apport important pour la conception créative, où le dessin est fait de révisions, de combinaison de traits plus ou moins appuyés.

Il est aussi important de noter que les interactions associées à la gestion de ces paramètres ne tendent pas à casser le processus de dessin comme le feraient des techniques standard basées sur des wid-gets de contrôle. Notre approche directement instrumentée par des périphériques d’entrée permet de contrôler les propriétés de l’outil simultanément à l’action de dessin : incliner le stylet ou varier la pression exercée dessus est un geste naturel pour le dessinateur, et l’utilisation des glissières pour varier la couleur peut être faite avec la main non dominante sans interrompre le dessin. Ce principe de changement de couleur pendant le dessin peut même être utilisée pour des effets de style, dans un contexte plus « artistique ».

Du point de vue du système et de l’interprétation du dessin, ces différents paramètres de l’outil n’influent pas de manière directe, le système d’interprétation étant directement connecté au périphé-rique d’entrée (tablette). Par contre, ils influent de manière indirecte, en offrant au dessinateur des pos-sibilités d’expression plus complètes et artistique qu’un simple système de dessin au trait uniforme : épaisseur, couleur et opacité variables au cours d’un même trait, brosses aux aspects et comportements différents, etc.

Enfin, cet outil joue un rôle primordial dans les comportements de l’interface du système. Nous le qualifionsd’outil modal, car son utilisation déclenche automatiquement les traitements d’interpréta-tion du dessin ainsi que la disparid’interpréta-tion des feuilles augmentée et 3D. Ainsi, lorsque l’utilisateur dessine, il ne voit plus que son dessin, il n’est pas « distrait » par les comportements du système et les autres outils sont inactifs (à l’exception du contrôle des calques). Lorsque l’outil de dessin devient inactif, les autres feuilles redeviennent visibles et leurs outils accessibles. Ce paradigme de changement de mode implicite nous parait une alternative efficace et adaptée à des tâches créatives, en opposition aux interfaces standard, trop souvent surchargées de contrôleurs (widgets), de vues et de commandes qui ne sont pas conçus pour être utilisés dans un tel contexte, facilitant plus la vie des programmeurs que celle des utilisateurs (inadaptés à la manipulation directe des objets).

Manipulation des calques

La manipulation des calques de dessin doit permettre plusieurs opérations : créer un nouveau calque, sélectionner le calque courant de dessin ou les réordonner. L’approche traditionnelle pour la

4.3. INSTRUMENTS DES FEUILLES D’INTERACTION manipulation de tels objets dans les logiciels en général consiste à proposer un widget représentant des vues miniatures des calques. L’utilisateur peut alors sélectionner des propriétés simples des calques ou les réorganiser à l’aide de la souris, ou de sa tablette graphique. Les fonctionnalités étendues sont accessibles par menu contextuel. Ce mode d’interaction pose selon nous deux problèmes majeurs. Tout d’abord, il interrompt l’activité de dessin, obligeant à déplacer le pointeur sur le widget de ma-nipulation (les solutions par raccourcis clavier ne font, à notre avis, qu’ajouter à la peine de l’uti-lisateur par leur mémorisation difficile). Ensuite, l’espace occupé par un tel composant sur la zone de travail est conséquent, surtout si beaucoup de fonctionnalités sont proposées. D’autres solutions ont été proposées, comme par exemple l’utilisation d’onglets dans CPNTools [Beaudouin-Lafon et Lassen, 2000]. Bien adaptée à la notion et la manipulation de calques d’interaction (comme le sont nos feuilles, d’ailleurs), cette solution n’est à notre avis pas assez directe pour l’interaction avec des calques de dessin.

FIGURE4.10 – Shuttle (périphérique réunissant molettes et boutons) utilisé pour la création et sélection des

calques de la feuille de dessin de SVALABARD.

Nous proposons un approche directe de manipulation des calques de dessin avec un périphérique d’entrée particulier : le Shuttle. Nous l’avons utilisé pour créer, supprimer, sélectionner et ordonner les calques (voir figure 4.10). Ce périphérique est composé de deux molettes superposées, une absolue et une relative, ainsi que de boutons. La molette absolue (isotonique) permet de sélectionner le calque actif (celui sur lequel l’utilisateur dessine) parmi les calques existant, de manière incrémentale. La molette relative (élastique), permet de plier le calque courant afin de visualiser les calques du dessous (nous reviendrons plus loin sur cette interaction de pliage). Les boutons du dispositif proposent quant à eux les fonctions de création et suppression d’un nouveau calque de dessin, ainsi que le contrôle de leur position relative.

Les résultats des manipulations des calques sont visibles à la fois sur la feuille de dessin elle-même et sur un composant graphique dédié à leur représentation. Lorsque le calque actif change, seul celui-ci reste visible sur la feuille de dessin pendant un cours laps de temps afin de le signifier

CHAPITRE 4. UNE TABLE À DESSIN VIRTUELLE : S VALABARD clairement à l’utilisateur. Le composant graphique des calques (voir figure 4.11) présente quant à lui des vues miniatures du contenu de chaque calque, vues ordonnées du bas vers le haut conformément leur disposition. La vue miniature du calque actif est surlignée et agrandie par rapport aux autres et les transitions lors des changements de calque ou leur reordonancement, en plus d’être naturellement visible sur la feuille de dessin, sont animées sur la vue miniature. Pour ne pas gêner ou masquer des zones du dessin, ce composant graphique peut évidemment être déplacé interactivement. Mais il peut aussi être rendu semi-transparent ou complètement invisible.

FIGURE4.11 –Miniatures des calques de dessin. La vue du calque actif est surlignée et agrandie. Pliage des calques

Comme nous l’avons déjà évoqué, la molette élastique du périphérique permet une interaction ori-ginale avec le calque actif : le pliage. Michel BEAUDOUIN-LAFON, dans [Beaudouin-Lafon, 2001], a proposé d’utiliser des techniques usuelles de manipulation de feuilles pour manipuler des fenêtres d’application. Nous proposons d’utiliser l’une de ces méthodes, le pliage, de manière encore plus naturelle dans notre contexte de dessin sur calques. En effet, quoi de plus habituel que de replier un calque pour voir celui du dessous, ou même y dessiner. C’est ce que permet la molette élastique du shuttle dans SVALABARD. Comme le montre la figure 4.12 page suivante, le déplacement vers la gauche de cette molette plie le calque actif de la droite vers la gauche (et inversement de la gauche vers la droite). Le pliage suit la position de la molette : au centre, le calque n’est pas plié ; à fond sur la gauche, le calque est totalement plié, laissant apparaître complètement ce qui est en dessous. Réciproquement, la rotation de la molette vers la droite permet de plier le calque de la gauche vers la droite. Si, comme dans la figure 4.12(c) page ci-contre, le calque que plie l’utilisateur n’est pas au sommet de la pile, les calques au dessus de lui sont aussi pliés. Finalement, et c’est l’un des atouts de cette technique, il est possible lorsqu’un calque est plié de dessiner sur le calque du dessous.

Nous voyons deux avantages majeurs à cette technique. Premièrement, elle permet de rapidement visualiser le contenu d’un calque recouvert ou de dessiner dessus sans avoir à changer de calque actif. Cela évite la notion troublante de calques virtuels qui permettent de dessiner sur un calque masqué. Ensuite, l’aspect naturel du pliage, de par sa réalisation graphique (semi-transparence, rendu de la partie pliée, ombre portée) et l’interaction associée (manipulation de la main non dominante permettant de continuer le dessin avec la main dominante), renforce encore une fois notre métaphore de table à dessin virtuelle.

4.3. INSTRUMENTS DES FEUILLES D’INTERACTION

(a)La feuille de dessin comporte trois calques. (b)Le calque actif (celui du sommet, avec le des-sin en bleu) est plié.

(c)Lorsque le calque actif n’est pas au sommet, tous les calques au dessus de lui sont aussi pliés.

CHAPITRE 4. UNE TABLE À DESSIN VIRTUELLE : S VALABARD

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