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Description des stratégies d’attachement et des comportements qui en découlent face à quelques situations particulières de détresse

TROISIEME PARTIE : CAS CLINIQUE

II. Les apports de la théorie de l’attachement

3. Description des stratégies d’attachement et des comportements qui en découlent face à quelques situations particulières de détresse

- La première situation intéressante est celle du vol du portable de la patiente dans l’unité d’hospitalisation. Cet évènement entraine une forte charge émotionnelle, correspondant à une hyperactivation du système d’attachement. Cependant, la réaction de la patiente est de quitter l’unité, de s’isoler et de s’alcooliser. Ce comportement ne correspond pas à la recherche d’aide, pour la gestion émotionnelle, auprès d’une figure d’attachement, comme on aurait pu le supposer, pour être en adéquation avec la perception intense qu’a la patiente de la menace. Au contraire, la patiente s’en remet à elle seule et le moyen qu’elle trouve est le recours à l’alcool pour gérer et apaiser les émotions.

On retrouve donc dans ce premier exemple, une perception accrue des indices de peur correspondant à une hyperactivation du système d’attachement et un comportement « évitant » correspondant à une inhibition du système d’attachement.

- Une deuxième situation attire notre attention. Il s’agit de l’épisode où la patiente sollicite les infirmiers pour une problématique matérielle, de dysfonctionnement de l’éclairage de sa chambre. Face à des réponses contradictoires de la part de l’équipe soignante, elle se retrouve en détresse, avec une hyperactivation émotionnelle. La patiente réagit de façon impulsive, elle quitte l’unité, s’isole et s’inflige des brulures de cigarettes, qu’elle tente de cacher ensuite.

Comme lors de l’exemple précédent, on repère à nouveau une perception amplifiée de la détresse mais une réponse comportementale d’inhibition du système d’attachement. .

Il y a dans ces deux premières situations, une discordance entre la perception de l’évènement et la stratégie comportementale.

- Une autre situation intéressante, est celle du harcèlement scolaire. Elle souffre, souhaite que ses parents s’en aperçoivent mais n’arrive pas à leur exprimer verbalement cette souffrance. Ici aussi, la perception de l’évènement correspond à une hyperactivation du système d’attachement avec une exacerbation des émotions (souhaite que ses parents l’aide). Et le comportement initial correspond à une inhibition du système d’attachement (ne verbalise pas sa détresse). Cette stratégie échoue à apaiser les émotions désagréables. Dans un second temps, la patiente adopte un comportement d’hyper activation du système d’attachement, congruent au ressenti émotionnel en passant à l’acte afin de solliciter l’aide de ses parents. Elle prend des médicaments afin de leur signifier son mal être. Dans cette situation, la dimension anxiété seule n’aurait pas entrainé un passage à l’acte auto agressif. C’est la composante « évitement » de l’attachement avec l’incapacité à verbaliser les affects négatifs qui précipite le passage à l’acte.

- Un autre cas de figure intéressant est celui où la patiente multiplie les appels téléphoniques auprès de son père, ce qui correspond à un comportement d’hyperactivation du système d’attachement mais n’évoque pas le vrai motif de son appel et se replie sur des questions administratives, factuelles, correspondant à une stratégie d’inhibition du système d’attachement. La patiente

met en œuvre de façon simultanée, des stratégies comportementales d’attachement antagonistes, sans efficacité sur la gestion émotionnelle.

- Si on s’intéresse au contexte des deux tentatives de suicide, on remarque des

similitudes. La première tentative de suicide fait suite à une rupture amoureuse. La deuxième a lieu quelques jours avant la sortie d’hospitalisation. Dans le premier cas il y a une rupture du lien affectif/ lien d’attachement et dans le deuxième cas, il y a une menace imminente de rupture de ce lien. Dans aucune des deux situations de détresse, la patiente ne se tourne vers une figure d’attachement pour exprimer son besoin d’aide avant de passer à l’acte suicidaire. Il s’agit là encore d’une stratégie comportementale d’évitement en réponse à une perception « anxieuse » de la détresse. Lors de la deuxième tentative de suicide, la patiente prévient sa mère au moment où elle réalise sa tentative de suicide. Ce comportement, grâce auquel elle a pu être secourue, correspond à une hyperactivation du besoin d’attachement (dimension anxiété). Ici, c’est le choix d’un comportement d’inhibition de l’attachement qui a conduit à la tentative de suicide et c’est un comportement d’hyperactivation qui lui permet de recevoir les soins suite à cette tentative de suicide.

- Pour finir, une dernière situation retient notre attention. Le contexte est celui de la fin de la dernière hospitalisation. La patiente nous sollicite en demandant à revenir régulièrement et fréquemment dans le service puis s’assure de pouvoir bénéficier de consultations rapprochées et d’être à nouveau hospitalisée si nécessaire, en cas de besoin. Ici, elle manifeste un comportement d’attachement puisqu’elle cherche la proximité avec la figure d’attachement afin de pouvoir profiter de son soutien. L’hôpital et les soignants sont vus comme une figure d’attachement qui représente une base de sécurité à partir de laquelle elle peut s’éloigner (sortir de l’hôpital et organiser sa vie à l’extérieur) mais à la condition d’avoir la garantie de pouvoir revenir en cas de détresse, si elle rencontre de trop nombreux facteurs de stress dans son environnement. Elle imagine une succession d’aller venue entre l’hôpital (base de sécurité) et l’extérieur (environnement). Ici le système d’attachement est sollicité de façon sécure puisque son comportement d’attachement lui permet d’avoir un sentiment de sécurité, favorisant la sortie de l’hôpital et l’autonomie de la patiente. Si l’on se

pose d’un point de vue de l’attachement, la proposition d’hôpital de jour sur un autre établissement pour répondre à son besoin de sécurité ne convient pas dans l’immédiat puisque cet établissement est inconnu et ne correspond pas à sa base de sécurité.

III. Discussion