• Aucun résultat trouvé

chacun de mes ouvrages tout en traitant de thèmes différents participait d’une même réflexion sur la société algérienne

Entretien R. Mimouni – Terry Fabre : L’Algérie traumatisée in Phréatique : "Langue et création" n°51 1989, p62

90 Dans sa globalité, l’œuvre de Mimouni a accompagné l’évolution de la société en représentation. Ainsi, après le sacrifice, puis la liesse et l'espoir, dès le troisième roman, Le Fleuve détourné, le ton change radicalement. L’énonciation, le choix des vocables, la plongée dans une perversion du langage, la désarticulation des séquences narratives, tout va concourir à tenter de décrire une dislocation multiforme de la société représentée. Au début linéaire et comme tranquille, la narration devient tourmentée, innovante pour épouser son sujet.

La désintégration sociale complètement absente des deux premiers romans va prendre de plus en plus d'ampleur dans les textes qui suivront. Elle se traduit par une énonciation qui a abandonné le ton serein et le lexique "convenable" pour des néologismes péjoratifs (Tombéza, Palsecam), des sobriquets (les sioux, les lépreux), une trivialité omniprésente. Les mots, la disposition narrative concourent à la représentation de cette dislocation qui commence avec Fleuve détourné et aboutit à La Malédiction.

Le crescendo au fil de l'œuvre :

1. L'esprit de sacrifice dans Le printemps n'en sera que plus beau

Dans le roman, Le printemps n'en sera que plus beau, on note une écriture qui se cherche déjà. Une disposition qui pose le problème d'un narrateur démarqué. C'est une histoire d'amour et de sacrifice dans le feu de la lutte anticolonialiste en milieu urbain. On voit comment l'écriture pose un drame qui écrase par son ampleur les personnages. La société est mobilisée pour la Cause. On devine chez chacun un espoir qui relègue tout au second plan. On attend le printemps, la liberté, l'indépendance.

2. L'espoir dans Une paix à vivre :

Ce roman a pour titre initial "Une Paix à prendre". Il devient Une Paix à vivre. Le climat y est confiant. L'œuvre peut apparaître avec le recul comme étant bien pensante, sans originalité, voire même complaisante. Elle ne fait que représenter

91 avec justesse le mythe égalitaire qui prévaut après les indépendances. On y décèle une volonté de sacraliser le savoir et surtout de lui reconnaître le statut d'unique voie de sortie, de progrès après la guerre.

L'énonciation installe une euphorie qui reflète assez parfaitement le climat qui prévalait alors. Djabri Ali, le héros, a interrompu ses études pour rejoindre le maquis. Deux ans après, l'indépendance acquise, il revient au même lycée pour reprendre sa scolarité. Il vit avec des potaches ordinaires encadrés par des fonctionnaires dignes et compétents. Il finira par décéder de leucémie. C'est une écriture sans état d'âme qui respire la confiance en un avenir serein.

La guerre qui s'est terminé il y a peu, est toujours magnifiée, sacralisée dans sa dimension identitaire. Le désir de reprendre l'apprentissage du savoir après une guerre de libération qui s'est achevée avec son cortège de malheurs mais qui a légitimé l'existence du pays.

L'espoir détourné dans Le Fleuve détourné :

La société jusqu'ici égalitaire commence à se scinder en gens du pouvoir et gens de rejetés. Elle se dote de bureaucrate (L'Administrateur, les assimilés), de serviles exécutants (les Sioux). Les noms commencent pour certains à tourner au sobriquet (Vingt-cinq). C'est le fleuve qui est détourné, allégorie sur laquelle on a glosé abondamment. Les différenciations s'annoncent, la modernité en est le justificatif et la société donnent des signes de paupérisation.

Dans Le Fleuve détourné, "la ville nouvelle" est un parc de véhicules abandonnés par une société de transport. Chaque attributaire, prenant ses aises et ses habitudes, finit par aménager le plus confortablement possible son véhicule (FD, 115)

4. Un gros plan en milieu urbain : Tombéza

La désarticulation des valeurs d'une société citadine et la consécration de petits dictateurs locaux est décrite dans Tombéza, paru en 1984. L'Algérie y est évoquée

92 sous un jour désenchanteur à travers un personnage, citadin de seconde zone, délaissé et difforme vivant au jour le jour un quotidien pénible. C'est l'enfant d'un viol. La fille-mère décède en le mettant au monde. Il grandit dans une exclusion totale ou la violence et la misère se côtoient. Collaborateur durant la guerre de libération, il échappe de peu à la mort à l'indépendance. Il profitera avec un opportunisme cynique de tous les avantages du système qui s'installe. Ce roman laisse transparaître un pessimisme sans fond dans un contexte déjà bloqué.

L’histoire du personnage n’est qu’un voyage sans issue au fond de la nuit. Il subit sa condition de bâtard rejeté par la société, l'arbitraire d'un commissaire de police, c'est-à-dire du pouvoir, dans une société étouffée. C'est l'incarnation d'une suite d’exclusions : de la famille et de tout lien social, du savoir et même de la religion, où règnent les bigots hypocrites. Les libertés sont reniées, les faits du prince constituent la base du fonctionnement de l'administration. Le mythe du pouvoir sans contrôle et sans mesure y est décrit dans sa banalité.

5. Un village modernisé à tout prix : L'Honneur de la tribu

Dans L'Honneur de la tribu, la chronologie est malmenée par un va-et-vient incessant dans le passé : le troisième chapitre est un retour en arrière historique par rapport aux précédents et aux suivants, le chapitre six comporte un analepse pour décrire l'enfance du personnage principal, Omar El Mabrouk.

Ce personnage, un déclassé revenu avec des titres et des honneurs, impose un modernisme dirigiste au village de Zitouna. L'iniquité, le déni de droit et le mépris en zone rurale est décortiqué. Les indigènes semblent amorphes mais notent les changements intempestifs, les bousculements, l'utilisation de la religion. Le ressentiment et la haine sourdent silencieusement.

93

6. Quelques facettes de la société mimounienne : La Ceinture de l'ogresse

Ce recueil de nouvelles présente des aspects de la société. L'écriture présente comme des flashs des milieux différents et des activités différentes. C'est pour montrer le dévoiement général qui s'installe partout. Les gens normaux sont déphasés, proscrits, oubliés, sanctionnés et même assassiné.

7. Le pouvoir central dans Une Peine à vivre

Le dictateur se fait appeler Le Maréchalissime. Ce néologisme aisément interprétable se remarque par la majuscule qui en fait un nom propre donc unique. Il est propre à ce personnage et interdit d'utilisation par un éventuel autre prétendant. Et sa terminaison le place tout à fait en haut dans la hiérarchie de l'excellence. Il dénote un ridicule et un ego démesurés. Cependant, c'est le titre officiel des occupants successifs de la fonction. Donc ce nom propre est aussi un désignatif lié à une pratique et à une fonction. L'absence de toute onomastique met en exergue le seul Maréchalissime alors que tous les autres s'estompent dans une opacité, attribut de leur statut. Ils ne sont que des auxiliaires interchangeables d'un centre de gestion capricieuse.

8. De la barbarie en général, de l'intégrisme en particulier

Ce texte est particulier. Il est une chronique d'événements socio-politiques ponctuée de réflexions, de digressions explicatives. L'onomastique renvoie à une réalité que l'auteur tente de cerner. Les noms sont ceux d'hommes politiques ayant contribué au dérapage qui a installé l'engrenage intégriste. Il ne s'inscrit pas dans le genre romanesque. L'écriture se veut explicative et donc tout lyrisme et toute littérarité en est absente. C'est le volet métalinguistique de l'œuvre.

94

La malédiction

La Malédiction alterne des séquences de la guerre de libération autour du maquisard Si Morice et des séquences d'insurrection d'intégristes autour de El Msili. Le texte donne la mesure entre les deux situations, il renforce l'ampleur de la désarticulation et du désarroi qui se sont installés.

Après les sacrifices et l'espoir s'est installée l'injustice. La société mimounienne est peuplée de personnages qui perdent leur humanité. La collectivité et l'espace se scindent en deux camps retranchés. Au terme d'une aggravation des faits et de la misère morale, sexuelle, économique, c'est l'explosion qui survint comme une malédiction.

10.Les Chroniques du dépit

Ils sont, ô combien, révélateurs de celui qui a si bien su accompagner, deviner et prévenir la société qu'il a représentée dans son écriture. Chroniques de Tanger est une suite de pensées désabusées et ironiques sur le quotidien algérien. Ceci reflète une fois de plus une mentalité qui face à l'adversité implacable se réfugie dans la dérision. Mais le dépit s'avéra mortel pour celui qui n'arrivait pas à vivre loin de son pays.

Écriture et représentation :

L'écriture va changer en fonction de l'évolution de la société à travers plusieurs thèmes forts : les femmes qui se déprécient, la trivialité qui devient la norme, langue qui marque le mépris et enfin les titres qui constituent autant d'indices de la déliquescence sociétal.

Rôle des femmes

Dans l'œuvre de Mimouni, il y peu de femmes, rarement plus d'une femme protagoniste active par roman. Ainsi, on rencontre : Djamila dans le premier

95 roman, Ourida dans L'Honneur de la tribu, Louisa dans La Malédiction. Elles occupent souvent des rôles de comparses (Amria dans Tombéza).

Les prénoms féminin ont systématiquement une portée symbolique en relation avec le statut du personnage incarné : Djamila, la beauté, Ourida, la petite fleur volontaire, Louiza, la piécette d'or, etc.

Langue et représentation :

Au fil des romans, la langue au service d'une représentation va s'adapter différemment. Très fouillé dans L'Honneur de la tribu, Elle l'est beaucoup moins dans Une paix à vivre, voire éludé au profit de l'aspect documentaire dans De la barbarie en général et de l'intégrisme en particulier.

Dans les romans suivants le phénomène de recréation du discours continue à répondre à une nécessité de représentation.

Le mépris de soi à travers ce jugement des ruraux par un des leurs :

Mais moi, au premier regard, je les repère infailliblement. Cette région plus bronzée à la base de la nuque, cette bizarre cambrure des reins vers l'avant, suite d'une lente déformation de la colonne vertébrale, signalent sans erreur celui qui passe ses journées penché sur une pioche.(CO, 134)

Représentation et trivialité :

Totalement absente des deux romans du début, une certaine trivialité est par la suite omniprésente. La zoophilie du personnage Tombéza, les viols dans Le Fleuve détourné, les points de vue du Poilu (6ème nouvelle de La Ceinture de l'ogresse), le langage d'El Mabrouk (L'Honneur de la tribu), puis celui du Maréchalissime (Une Peine à vivre), se manifestent par un langage populaire marqué et concourent à la vision sociale.

96 la discrétion leur permettait de pratiquer la bête en toute quiétude. (T,49)….

comme je persistais à le repousser, il s'est jeté sur moi. Je me suis mise à crier et à me débattre, mais la villa était isolée et lui était très fort….(FD, 176)….

Donc, on note une écriture qui, à certains passages, verse dans la trivialité. Sa première fonction est de représenter un type de personnage. Mais cette donnée oriente la réflexion vers la composante érotique ou triviale qu'on rencontre dans l'oralité maghrébine, fruit d'un imaginaire bridé par les convenances et le rituel. Une trivialité violente, marque d'une relation passionnelle avec un corps objet à cacher ou instrument d'une manifestation de domination physique guerrière d'un sexe sur un autre. Le corps peut être le lieu d'une violence dont le symptôme est une trivialité :

…leur esprit est plus souvent plus impur que leur sexe " (HT, 176)…sur les bancs de l'université, serrer tes fesses contre celles des jolies midinettes (HT, 213)

La profusion des images triviales appelle quelques remarques. L'auteur conforte cet aspect qui n'est pas par hasard dans les textes, et précise que les Algériens jurent à tout bout de champ…126

126 Rachid Mimouni, "entretien avec Hamid Barrada" in Jeune Afrique n° 1618 du 9 au 16 fév 1992, p67

La représentation, enserrée dans un carcan de manies, de mythes, de croyances, de pratiques, de conduites stéréotypées, de pensées bridées, effectue comme un appel d’air dans cette situation asphyxiante. Cette manifestation a statut de soupape de sécurité, elle permet de mieux accepter l’état de conformisme pesant. Toutefois la plupart des expressions triviales sont le fait de personnages centraux pourtant négatifs : Tombéza, Omar el Mabrouk, Le Maréchalissime. Ces personnages négatifs sont perçus comme exogènes au milieu naturel, le peuple. Ils sont souvent des enfants naturels, donc rejetés par le

97 système de valeurs de la société. La suite de leur vie est une manière de vengeance.

Dans L'Honneur de la tribu, l’enfant prodigue qui, parti de Zitouna, est revenu non seulement contaminé par les pratiques de la ville, indécence et gros mots, mais aussi avec tous les travers que la société représentée rattache au pouvoir dont il est désormais investi. Ce personnage central est le modèle de ce qui arrive quand on quitte le giron figé de la communauté pour l’aventurisme proposé par l’extérieur.

La titrologie et la vision sociale :

L'interférence linguistique qui se manifeste parfois au niveau de la parole des personnages se retrouve dans les titres de romans. Tous les titres ont une portée symbolique, renvoient à un non-dit ou trahissent une interférence.

Le printemps n'en sera que plus beau

Ce titre est une réponse d'un personnage à Djamila qui dit : "Mauvais temps, n'est- ce pas ?". Ce qui appelle la réplique : "Le printemps n'en sera que plus beau. Ces deux phrases résument à elles seules l'esprit qui sous-tend l'écriture. Les personnages sont convaincus qu'ils vivent une tragédie mais préparent des lendemains qui chantent. "Le printemps n'en sera que plus beau" promet un avenir radieux après l'ère du sacrifice que consentent les personnages.

Le Printemps n'en sera que plus beau est une allusion à l'indépendance qui est l'idéal des personnages. Ils consentent pour cela des sacrifices sans limite.

L'opposition d' Une paix à vivre à Une Peine à vivre:

Une paix à prendre, publié finalement sous le titre Une Paix à vivre retrace le climat d'allégresse populaire et de confiance qui font les lendemains d'indépendance. Cette paix qui étant à prendre, il y a peu, est désormais à vivre. Le titre du deuxième roman promet un état radieux à venir. Il met en place une société qui a accepté le sacrifice dans l'espoir d'une liberté et d'un avenir meilleur.

98 Son titre initial est Une paix à prendre127

Mais ce n'est pas pour fourvoyer le lecteur. Je cherche seulement à l'empêcher de localiser l'histoire…, pour la bonne raison qu'aucune contrée n'a l'apanage de la dictature.

. Ce qui dénote l'esprit qui a présidé à l'écriture. Celle-ci prend une forme linéaire et sereine. Chaque personnage est un rescapé de la guerre qui vient de se terminer. Chaque personnage porte un nom commun et a des ambitions banales. Le savoir est raconté comme une voie de sortie.

"…j'irai faire des études de médecine à l'Université. C'est le seul moyen de gagner beaucoup d'argent" (PaV, 13)

Par opposition, huit ans plus tard, les repères onomastiques sont complètement estompés. L'écriture raconte les cercles d'un pouvoir violent. Les personnages en tant que tels n'ont plus qu'une importance très relative. L'anonymat est renforcé.

128

L'allégorie du Fleuve détourné :

Ce roman va être interdit à sa parution parce que estimé subversif. Dès les premières lignes, l'allusion est nette :

L'Administration prétend que nos spermatozoïdes sont subversifs". (FD, 9)

Cette image correspond à un imaginaire qui diabolise un pouvoir omniprésent et sans relation avec le menu peuple. Le Maréchalissime précise :

"Je ne voyais le monde que l'échine courbée. Je ne pouvais concevoir établir un rapport d'égalité avec autrui." (PeV, 238) A ce jour, Une Peine à vivre est le seul roman de Rachid Mimouni à n'avoir pas été édité en Algérie.

127 Propos de Rachid Mimouni recueillis par Hamid Barrada in "Jeune Afrique" n° 1618 du 9 au 16 janvier 1992, p67

128

99 Le Fleuve détourné entame le désenchantement. La période coïncide avec une prise de pouvoir brutale. C'est pour les personnages, le délitement qui commence. Dans ce roman, le premier à s'inscrire dans une remise en cause du système, l'allusion est évidente. Le titre est en lui-même un programme : Le Fleuve détourné suppose un cours d'eau qui est détourné de son cheminement naturel. La référence est explicite, directe. Chez l'auteur, c'est le cycle de dénonciation qui s'ouvre. Ce titre annonce une écriture et une œuvre dans une dimension qui va être le label d'une entreprise qui se donne des moyens littéraires pour accompagner une évolution de la société représentée.

Le sobriquet du personnage Tombéza :

Tombéza, est un terme pour désigner un être difforme, hideux, l'équivalent de Quasimodo de Victor Hugo. Le roman décrit une désarticulation sociale grave. C'est la démographie qui accompagne la paupérisation des masses. Le société représentée n'arrive plus à s'assumer :

L'un de ces employés de mairie s'effarait devant la croissance des registres d'état civil qui chaque année prenaient un peu plus d'épaisseur, et il commentait, avec de sombres hochements de tête, incompréhensible, une mortalité infantile proche de zéro, ne savait pas, le petit employé scrupuleux, que l'enfant qui vient de naître prend la place et le nom de celui décédé, une opération à somme nulle en quelque sorte, personne n'est lésé, inutile de se déranger à rayer l'un pour inscrire l'autre, et puis cette masse de vieillards de cent cinquante ans passés, et toujours vivants selon les registres, cela défie toutes les lois de la nature, autant brûler ces fiches dérisoires…(T, 126)

Le personnage Tombéza devient la norme imposée par un quotidien implacable. La Tribu et l'honneur :

L'Honneur de la tribu est un livre sur la modernité forcée et imposée au village de Zitouna dont les habitants vivaient sereinement et tranquillement leur vie. C'est l'ouvrage où la langue est le plus travaillée par rapport à la représentation du milieu rural raconté. Le titre laisse supposer qu'honneur et modernité

100 s'accommodent mal. Mais traduit en algérien, il évoque bien la perte de repère et la déliquescence d'un système traditionnel mais qui était cohérent.

L'interférence linguistique dans La Ceinture de l'ogresse

Souvent les titres relèvent carrément de l'interférence. La Ceinture de l'ogresse titre du sixième roman, est une expression traduite telle quelle du parler algérien. Elle est employée pour désigner une emprise implacable et maléfique. "El ghoula", l'ogresse est un personnage récurrent du paysage oral algérien. Cet éclairage permet de trouver le lien qui unit les sept nouvelles qui font le quotidien des personnages de ce roman. Les titres de chaque nouvelle sont tout aussi symptomatiques d'une vision et d'une représentation où l'évocation et la référencialité sont très fortes :

Le manifestant met en évidence l'embarras bureaucratique d'un appareil répressif face à une conduite atypique et innocente. Les habitudes des policiers algériens sont similaires à ceux de l'autorité coloniale, on utilise les mêmes lieux, souvent les mêmes procédures. C'est un parallélisme récurrent. La situation est loufoque car le héros, un ancien maquisard, pose problème parce qu'il est irréprochable. Histoire de temps nous retrace un chef de gare qu'on a oublié d'avertir de la suppression de sa gare. Il passe son temps à attendre, à espérer avec une volonté innocente confronté à un banal absurde. L'approche du temps y est symptomatique. Il faut remarquer que la situation d'agonie a été plus ou moins provoquée par le laxisme des élus.

Le gardien est un personnage qui affronte chaque jour le laisser-aller des gens. Il essaie de préserver son Parc de la Liberté, d'une liberté qui installe et banalise une

Documents relatifs