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Conclusion partielle

B. Déstabilisation identitaire

C’est dire qu’établi en soi, l’étranger n’a pas de soi. Tout juste une assurance vide, sans valeur, qui axe ses possibilités d’être constamment autre, au gré des autres et des circonstances. Je fais ce qu’on veut, mais ce n’est pas « moi » – « moi » est ailleurs, « moi » n’appartient à personne, « moi » n’appartient pas à « moi », … « moi » existe-t-il ?449

L’écart entre le soi présenté aux autres et le soi intime crée un trouble : si le « moi » n’appartient effectivement pas aux autres, que se passe-t-il s’il échappe aussi à nous-mêmes ? Les personnages des romans de Brian Castro sont en recherche d’un « moi » constamment fuyant, projeté, réfracté, démultiplié, soulignant la peur profonde de leur – peut-être – inexistence. Afin de sonder l’écart entre les représentations du « moi », nous étudierons comment la dualité des personnages renforce l’instabilité qui entoure les personnages, mettant en avant la multiplicité de l’identité.

Le Doppelgänger

“Who is he? – whence came he? – and what are his objects?” But no answer was there found.

Edgar Allan Poe, « William Wilson »450.

Bien que protagoniste du tout premier roman de Castro, Seamus présente déjà les complexités qui habitent les autres personnages de cet auteur. Présentant des troubles physiques et mentaux, Seamus O’Young est en quête d’un passé auquel s’identifier afin de justifier son existence. Comme souligné précédemment, il découvre dans ses recherches qu’il est peut-être le petit-fils de Shan. On pourrait penser que, dans une stratégie de déstabilisation des catégories identitaires, la naissance du fils de Shan serait présentée comme la culmination d’une forme d’ouverture à l’Autre et à la mixité. Pourtant il n’en est rien. Mary s’en réjouit, bien qu’un parallèle aux raisons qui l’ont poussée à suivre Shan soit fait et mette à jour l’ambigüité de ses ressentis face à la situation : « she buried her unconscious motives beneath reminders of the way she had been treated by other men » (BP 136). Shan de son côté ne trahit aucune émotion à ce sujet (BP 137). Cette neutralité concernant la naissance de ce futur personnage aux origines mélangées peut être interprétée de multiples façons ou, inversement, laisser dans l’incertitude, ce qui revient finalement au même. On pourrait avancer que, en tant que narrateur de l’histoire de Shan, Seamus concentre son intérêt sur ce dernier et n’émet pas d’avis concernant la naissance de son père hypothétique. Cette éventualité serait troublante, puisque si ce personnage est bien son père, son existence devrait l’interpeller au moins autant que celle de Shan dans son histoire personnelle en tant que maillon essentiel de la descendance. Cette ombre sur ce détail laisse songeur et nous amène à suggérer que, au-delà de la filiation directe par le sang, c’est la filiation mentale créée avec Shan qui prend le pas, filiation plus directe, et peut-être finalement plus réelle malgré ses multiples aspects fictionnels. Que Shan soit ou non son ancêtre importe finalement peu. Shan s’identifie en fait à une projection de lui-même, une forme de passé idéalisé, un double grâce auquel il peut se sentir « un ».

De cette analyse, nous pouvons avancer que Shan est alors le Doppelgänger451 de Seamus, cette figure du double qui, apparue dès l’Antitiqué, est ainsi nommée par l’auteur

450 Edgar Allan Poe. « William Wilson ». The Complete Tales and Poems of Edgar Allan Poe. New York: The Modern Library, 1938, p. 639.

Romantique allemand Jean Paul452. Seamus y fait d’ailleurs référence de manière explicite dès le début du roman : « But how can I when my mind is already dislocated by so many illusions, illusions that have sprung from my self-imposed solitude? At times haunted by this

Doppelgänger, I have tried to exorcize it » (BP 4). Cette présentation du Doppelgänger correspond au concept tel qu’il est expliqué par Dimitri Vardoulakis : « The doppelgänger […] is an operative or effective presence to the extent that it affects the undoing of the framing of the subject by the opposition between mere presence and absence. [...] [The

Doppelgänger] unfolds outside the bounds of this neither/nor »453. Ainsi, ce double permet de questionner les limites qui définissent l’identité du personnage, tout en troublant les contours de cette identité. Il permet de construire un pont entre deux personnages, deux aspects, tout en les maintenant séparés en tant qu’entités distinctes. Vardoulakis précise aussi que c’est dans la solitude de l’isolement social, que le Doppelgänger prend tout son sens, permettant ainsi de résister ou de contrer les normes sociétales454. En effet, le Doppelgänger peut aussi devenir un lieu de résistance aux normes, permettant d’affirmer une identité débordant du cadre imposé par l’image sociale. En s’appuyant sur les travaux de Debra Walker King, Vardoulakis analyse le Doppelgänger comme étant une forme de double imposé par la société, une construction culturelle qui crée des fictions de nous-mêmes : « this cultural construction of racialized, gendered, or sexual body fictions disfigures or conceals [the individual] beneath a veil of invisibility, threatening economic, political, emotional, and spiritual suffocation »455. La figure du double456 permettrait alors aux personnages de sortir des limites imposées par la société, de se recréer en dehors des carcans, renforçant ainsi le motif de la fuite à travers des identités instables.

Afin d’analyser les figures de doubles dans nos quatre romans, nous soulignerons que le double peut se transcrire de deux manières : une dualité interne au personnage ou un double physique. Observons de plus près ces deux types de doubles parmi les personnages de Castro

452 Jean Paul. Blumen – Frucht – und Dornenstücke ; oder, Ehestand, Tod und Hockzeit des Armenadvokaten, F. St. Siebenkäs (1796-97). Cité dans : Dimitri Vardoulakis. The Doppelgänger: Literature’s Philosophy. New York:

Fordham University Press, 2010, p. 13.

453 Dimitri Vardoulakis. The Doppelgänger… Op. cit., pp. 1-2.

454 Ibid., p. 11.

455 Debra Walker King. « Introduction: Body Fictions ». Body Politics and the Fictional Double. Debra Walter King, ed. Bloomington: Indiana University Press, 2000, pp. vii-viii. Cité dans : Dimitri Vardoulakis. The

Doppelgänger… Op. cit., pp. 2-3.

456 Nous emprunterons la définition que fait Marilyne Brun de ce terme : « The term “double” generally refers to a second self or alternate identity – either within an individual or across physically separate individuals […]. From a philosophical point of view, doubles embody the apparent duality of men ». Marilyne Brun. « Literary Doubles and Colonial Subjectivity: Brian Castro’s The Garden Book ». Journal of Commonwealth and

pour voir en quoi ils permettent de déconstruire les cadres imposés aux personnages – qu’ils soient sociaux, raciaux, sexuels, ou tout simplement identitaires.

Dualité(s)

La binarité est un modus operanti structurant dans les romans qui composent notre corpus. Doubles narrations, personnages dédoublés, échos et paires foisonnent, ce qui a pour effet de déstabiliser la construction des personnages. On peut toutefois remarquer tout au long de ces œuvres une évolution de cette dualité. Certains personnages présentent des doubles vies comme nous l’avons souligné, mais d’autres semblent être fragmentés en d’autres personnages, phénomène auquel même le temps ne fait pas obstacle.

Dans Birds of Passage, presque tous les personnages secondaires sont dotés d’un double : Clancy/Fitzpatrick et Fatima apparaissent aussi bien dans la vie de Shan que de Seamus. Fatima est aussi reliée à Mr Gold par son nom de jeune fille (Fatima Fernanda Feingold [BP 79]). Anna apparaît deux fois dans la vie de Seamus (la muette et Mrs Bernhard). Quant à Mary Young, elle devient Marietta dans la vie de Seamus (la maîtresse de Fatima). Ces redondances peuvent provenir de la volonté de Seamus de s’identifier à Shan, brouillant ainsi les limites entre sa propre vie et celle de Shan, ce qui semblerait être confirmé par l’amalgame fait entre Anna et Mrs Bernhard. Les deux femmes sont présentées comme muettes, or il semblerait que ce soit pourtant Mrs Bernhard qui converse avec le docteur X (BP 125-126). Ce dialogue ne devrait pas avoir lieu puisqu’elle est incapable de parler. Autre explication plausible, elle serait en fait capable de parler, mais Seamus serait dans l’incapacité de l’entendre et l’associerait en fait à cette autre Anna qu’il a rencontrée plus tôt dans sa vie. Cette hypothèse serait probable à la lecture de ce passage, jetant de ce fait le doute sur le réel mutisme de Mrs Bernhard : « Sometimes when we sit side by side on the sofa she pouts and her red lips try to form words; and I feel how impossible everything is and something in my

memory will not make the necessary connections. I sigh » (BP 121 ; nous soulignons). Pour le lecteur, il se peut donc que ce soit Seamus qui n’arrive pas à se connecter avec la réalité présente et ne parvienne pas à entendre ses mots.

D’autres récurrences sont encore décelables, parfois reliant les personnages secondaires d’un roman à l’autre, ou relevant de figures répétitives : Mary devient Marie de

Nerval457 dans The Bath Fugues ; les deux Anna de Birds of Passage deviennent respectivement dans The Bath Fugues Hannah Osório de Castro (BF 202), amour d’enfance et éditrice de Camilo, et Anna Ångström, compagne de Julia Grace ; les enfants morts hantent les récits (d’ailleurs la sœur de Shan et Blimunde dans The Bath Fugues se noient toutes les deux) ; les mères malades ou absentes abondent ; les docteurs sont faillibles, et les figures d’artistes remplissent les pages.

L’incarnation du Doppelgänger trouve son paroxysme dans la relation qu’entretiennent Shan et Seamus. Tout au long du roman, il est légitime pour le lecteur de se demander si Shan a réellement existé ou s’il ne serait finalement pas une forme de double créé par Seamus de toute pièce, peut-être basé sur un récit réel, mais donnant naissance à un tout nouvel être, un double de Seamus vivant à une autre époque. À ce propos, il n’est pas innocent que le nom de Shan évolue au cours du roman : d’abord appelé « Lo Yun Shan » (BP 1), il devient « Lo Yun Shun » en fin du récit (BP 130). L’influence de Seamus opérerait donc de façon réciproque : la vie de Seamus se teinte de celle de Shan, et celle de Shan est modifée, fictionnalisée, par Seamus, qui transforme finalement ce personnage en un autre. Finalement, le mot « sham » (imposteur) est associé au prénom Shan, alors que c’est Seamus qui en est un.

Ce flottement entre séparation, dualité et unicité nous amène à comparer Seamus et Shan à une autre paire de doubles littéraires célèbres, le(s) personnage(s) de William Wilson, tiré de l’histoire éponyme écrite par Edgar Allan Poe. Au début du récit, Wilson est présenté comme un être à part entière, dissocié du narrateur, bien que présentant de troublantes ressemblances physiques avec lui, et qui ne manquent pas d’être soulignées de nombreuses fois : « But assuredly if we had been brothers we must have been twins »458, « be often confounded with my own »459, ou encore « perfect an imitation of myself […] and most admirably did he play his part »460. Ces ressemblances ne sont pourtant pas anodines et créent le trouble chez le narrateur – et le lecteur : « nothing could more seriously disturb me […] than any allusion to a similarity of mind, person, or condition existing between us »461. Ce

457 Marie de Nerval semble d’ailleurs double au début du roman. D’abord présentée comme étant la femme de Gottlieb (BF 5), son prénom est utilisé pour parler de celle de Jason deux pages plus loin laissant penser qu’elles sont deux femmes différentes. On apprendra seulement à la page 37 que ces deux Marie ne font finalement qu’un.

458 Edgar Allan Poe. « William Wilson ». The Complete… Op. cit., p. 630.

459 Ibid., p. 631.

460 Ibid., p. 632.

camarade, aussi appelé à de multiples reprises son « rival »462 ou encore son « ennemi juré »463, est tout d’abord présenté comme dissocié de lui-même tout en étant inséparable, se dessinant telle une ombre, un écho : « and his singular whisper, it grew the very echo of my

own »464. Cet écho est donc plus intime qu’une simple ombre, puisque les gens autour de lui ne semblent pas remarquer la tension qui s’installe entre ces deux personnages – et finalement rien ne laisse suggérer que sa présence même soit remarquée465. Des indices concernant la relation qui unit ces deux homonymes sont glissés parmi les réflexions du narrateur. Nous relèverons ces mentions : « patronage and protection », « some petulant animosity, which was not yet hatred, some esteem, more respect, much fear, with a world of uneasy curiosity »466, « compete with me […] refuse implicit belief in my assertions, and submission to my will »467, « his frequent officious interference with my will »468. Par consequent, on peut supposer que Wilson se présente comme une sorte de conscience morale de William Wilson. Au-delà de l’homonymie, ce compagnon est en fait partie intégrante de lui-même. Il ne peut donc pas lui échapper (« I fled in vain »469 est répété deux fois et mis en italique afin de rendre compte de l’inexorabilité de sa présence) et c’est grâce à un miroir que les deux personnages fusionnent réellement, se révélant finalement être deux parties de la même personne :

A large mirror, – so at first it seemed to me in my confusion – now stood where none had been perceptible before; and as I stepped up to it in extremity of terror, mine own image, but with features all pale and dabbled in blood, advanced to meet me with a feeble and tottering gait. Thus it appeared, I say, but was not. It was my antagonist – it was Wilson, who then stood before me in the agonies of his dissolution. […] Not a thread in all his raiment – not a line in all the marked and singular lineaments of his face which was not, even in the most absolute identity,

mine own! It was Wilson; but he spoke no longer in a whisper, and I could have

fancied that I myself was speaking while he said:

“You have conquered, and I yield. Yet henceforward art thou also dead – dead to

the World, to Heaven, and to Hope! In me didst thou exist – and, in my death, see

by this image which is thine own, how utterly thou hast murdered thyself”470.

462 Ibid., pp. 631, 632, 640.

463 Ibid., p. 639.

464 Ibid., p. 632.

465 Plusieurs illustrations : « acknowledged by no one but myself », « noticed by myself alone ». Finalement ce mystère reste insoluble : « That the school, indeed, did not feel his design, perceive its accomplishment, and participate in his sneer, was, for many anxious months, a riddle I could not resolve ». Ibid. pp. 630-632.

466 Ibid., p. 630.

467 Ibid., p. 629.

468 Ibid., p. 632.

469 Ibid., p. 639.

En tuant sa conscience, Wilson se tue lui aussi par conséquent, confirmant que son double n’était donc que lui-même. Si l’on omet l’aspect moral lié à ce Doppelgänger, nous pouvons alors relier cette histoire au duo que forment Seamus et Shan.

Seamus fait-il l’expérience d’une forme de dédoublement de la personnalité ? Shan serait-il alors une projection physique, non pas d’une conscience, mais d’un passé imaginé ? Ou encore serait-il un personnage ayant réellement existé et qui hanterait la vie de Seamus ? Sans avoir de réelle réponse, cette « ombre » traverse sa vie, et c’est Seamus qui imite rétrospectivement la vie de Shan. Qui est le Doppelgänger de qui ? Tout comme dans le cas de William Wilson, Seamus et Shan finissent par fusionner non plus métaphoriquement mais physiquement lors de leur rencontre permise par une autre surface miroitante : l’eau (BP 143-144) – mais on ne peut que souligner le caractère métaphorique de cette rencontre temporellement impossible. Xavier Pons analyse cet épisode de la sorte :

After the epiphany which the brief meeting between the two is, they can go their separate ways, freer than before. Seamus, once he’s recovered from this close if odd encounter, is described as « enlightened » and un-alienated : « Released from that other self, he was blubbering and crying and laughing » (155). […] the encounter was something temporary meant to exorcise the ghosts which haunted both characters and establish the essential oneness which is revealed when one has broken through the wall of alienation471.

Cette fusion entraîne, elle aussi, un évanouissement. Perte de conscience ? Ou regain ? D’après Pons, cette fusion rétablirait le lien entre le passé et le présent de Seamus, lui permettant alors de retrouver une unité. Nous avancerons que la réalisation que ce double est en fait, possiblement, une part de lui-même est une concrétisation peut-être trop forte de ce lien – physiquement impossible – qui entraîne non pas la mort, comme pour Wilson, mais une courte perte de lien avec la vie afin de mieux renaître. Seamus se sépare finalement de cette vie imaginée – et peut-être imaginaire – ou l’intègre tout simplement à la sienne de sorte à ne plus avoir besoin de la sonder, lui permettant de renaître dans un présent qu’il va vivre désormais après avoir trouvé une unité intérieure.

Il devient clair que ces personnages se font écho, reflets les uns des autres ou se refléchissant les uns sur les autres, se projetant à travers les espaces et le temps : « These repetitions and recurrences place us in a universe where there are no longer original models, but images and doubles with a talent for appearing and disappearing » (GB 315). Ces

471 Xavier Pons. « Impossible Coincidences: Narrative Strategies in Brian Castro’s Birds of Passage ». Op. cit., p. 475.

récurrences sèment la confusion, amenant à questionner leur identité et leur existence même. Par ailleurs, ces personnages glissent insidieusement de la dualité à la duplicité : « man is not truly one, but truly two. I say two because the state of my knowledge does not pass beyond that point »472. Castro cherche à esquisser ce qui se tient « au-delà » des prémisses Stevensoniennes en démultipliant les identités.

Duplicité

One is always a madman if one is wholly oneself.

Brian Castro (GB 276).

La littérature nous offre une autre figure de double(s) célèbre(s) : celle du Dr Jekyll et de Mr Hyde, son double famélique. Ce roman court nous amène à réfléchir sur la duplicité inhérente à l’être humain : « profound duplicity of life »473, « duality of man »474, « these polar twins should be continuously struggling »475, « the balance of my nature might be permanently overthrown »476, sont des exemples qui confirment la complexité de l’être humain d’après Stevenson. Ici, c’est le bien et le mal, la retenue (sociale) et les pulsions (interdites moralement et socialement), qui se disputent la maîtrise du Dr Jekyll en le transformant en Mr Hyde, cet être dépourvu de sens moral qui en perd finalement toute forme humaine (« Satan’s signature upon a face », « hardly human »477). Il est significatif de noter que la santé mentale du Dr Jekyll est maintes fois questionnée, et que l’inhumanité de Hyde le fait qualifier de « fou »478. Stevenson esquisse un lien entre dualité et trouble mental, lien qui se retrouve dans le traitement des doubles chez les personnages de Castro.

The Garden Book entretient un savant trouble autour de la santé mentale de Swan. Cette figure romantique479 qui ne manque pas d’éveiller l’empathie du lecteur pourrait pourtant être moralement condamnée si l’on suivait le jugement des personnages autour

472 Robert Louis Stevenson. The Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde. London: Penguin Books, 1994, p. 70.