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Délimitation de l’objet de la recherche

Dans le document • Stratégique Doit être? (Page 27-31)

La forêt Boucher est une forêt atypique en ce sens qu’elle appartient non seulement à la municipalité, mais également aux propriétaires privés, incluant les promoteurs immobiliers. La Ville de Gatineau était propriétaire de 40% seulement parmi les 700 acres de sa superficie (Ville de Gatineau, 2008), alors que plus de 83,10 % des répondants présents lors d’une consultation publique sur la forêt Boucher en 2008 avaient opté pour une protection intégrale de la forêt. Dans cette vision, la Fondation forêt Boucher a été mise en place pour participer à la préservation de l’habitat naturel et les écosystèmes de la forêt. De même, plusieurs organismes environnementaux s’intéressent de près à cette forêt. La démarche d’acquisition des parcelles et de protection de la forêt nécessite une collaboration entre les agents municipaux, les propriétaires terriens et dans une moindre mesure la population locale. Actuellement, suite à diverses démarches, la municipalité est propriétaire de plus de la moitié des parcelles. C’est dans ce contexte que s’est inscrit cette étude pour chercher à comprendre le système de gouvernance mis en place afin d’assurer la concertation et la collaboration de tous les acteurs.

1.3.1 Pertinence scientifique et sociale de la recherche

Les chercheurs affichent de nos jours un intérêt sur la nouvelle posture du développement durable urbain. On rencontre diverses recherches qui ont abordé le côté pratique de son application en mettant une réserve quant à sa faisabilité. Il serait prétentieux et impossible de faire un parcours des multiples écrits sur le sujet.

Toutefois, nous allons évoquer quelques-uns qui nous ont permis de mieux cerner notre objet d’étude. D’abord, Da Cunha et al (2005) ont abordé dans un ouvrage collectif les enjeux du développement urbain durable. Les auteurs ont « exploré les liens entre la notion de développement durable, les connaissances sur l’organisation urbaine et la maîtrise des incidences du fonctionnement des villes sur le bilan environnemental… » (p.2). Cet ouvrage montre comment le développement urbain

durable et la gouvernance ont permis le renouvellement de l’urbanisme axé désormais sur une justice environnementale et une équité de l’aménagement urbain. Ces nouveaux mots d’ordre, devenus un intérêt commun dans le domaine de la politique, de la communauté scientifique et même les entreprises, retiennent l’attention du groupe de chercheurs qui partent des cas concrets de la France, des États-Unis et du Canada, pour analyser la ville durable du politique au scientifique (Mathieu et Guermond, 2005). De même, Gauthier, Gariépy et Trépanier (2008), dans un ouvrage collectif, repensent les pratiques planificatrices au Québec, aux États-Unis et en France en accordant une place de choix au débat public sur les principes de développement durable qui renouvellent la planification et l’urbanisme. Ensuite, Béal, Gauthier et Pinson (2011) se demandent si Le développement durable changera-t-il la ville ? Ce collectif de chercheurs en sciences sociales adopte une position de méfiance par rapport au développement durable urbain qui est porteur d’espoirs et de doute. À partir des exemples empiriques américains et européens, les auteurs présentent les stratégies urbaines mises en œuvre, leurs limites sur le terrain et les défis à relever. Finalement, pour ne citer que ceux-ci, les travaux de Chiasson et Leclerc (2013), notamment à travers l’ouvrage collectif La gouvernance locale des forêts publiques locales, nous permettent de comprendre l’évolution de la gouvernance des forêts publiques québécoises. La redéfinition des rapports entre l’État et les acteurs locaux, de même que la mise en place des régimes forestiers plus participatifs à travers les tables de gestion intégrée des ressources, les coopératives forestières et puis l’expérience des forêts habitées ont eu des retombées significatives sur les préoccupations environnementales dans la gouvernance locale. Ces réflexions puisées du cas des forêts publiques québécoises nous permettent de comprendre et d’analyser la dynamique de la gouvernance de la forêt Boucher qui est une forêt urbaine.

Aussi présents dans les travaux universitaires, le développement durable urbain, la gouvernance environnementale et la participation publique ont alimenté les travaux

de recherches académiques. En effet, plusieurs études (Leclerc, 2013 ; Bonhomme, 2012 ; Lapointe, 2011…) sur la gestion des parcs et forêts se sont intéressées aux thématiques de la gouvernance forestière, des communautés voisines des parcs, de l’écotourisme ou encore des outils d’aménagement et du développement durable. Les études à l’échelle métropolitaine sur les planifications urbaines se sont également intéressées aux modes de gouvernance, ou du transport dans la région Ottawa-Gatineau (Legris-Dumontier, 2014 ; Roy-Baillargeon, 2011 ; Sanguin, 1980 ; Martin, 2009). Toutes ces études cherchent à faire le lien entre le développement durable et le renouvellement de la planification, de l’urbanisation, de la mobilité, de la gouvernance forestière ou de la participation publique. Ainsi le sujet est abordé sur différents angles théoriques. Mais des recherches spécifiques sur la gouvernance qui abordent les espaces verts urbains sont encore rares. Les études sur la forêt Boucher sont particulièrement quasi absentes. Pourtant, la forêt Boucher demeure la plus grande forêt municipale de Gatineau. C’est alors là que réside la pertinence scientifique de cette recherche qui veut combler « […] un écart conscient entre ce que nous savons et ce que nous devrions savoir » (Chevrier, 2005, p.55). S’inscrivant alors dans la continuité des recherches antérieures, nous avons cherché lors de cette étude à cerner sous l’impulsion du développement durable, les modalités de gouvernance de cette forêt.

La portée sociale de l’étude de cas sur la forêt Boucher réside dans la multiplicité des propriétaires avec des objectifs différents. Alors que les communautés semblent vouloir une préservation intégrale de cet espace vert dont les bénéfices sociaux, climatiques et économiques ne sont plus à démontrer (Ville de Gatineau, 2008a). Une telle étude servira d’outils de renseignement et de prise de décision aux politiques de même qu’à la population.

1.3.2 Objectifs de la recherche

Il est question à travers cette étude de faire un diaporama de la gouvernance de la forêt Boucher dans la ville de Gatineau, en s’intéressant particulièrement aux relations qui existent entre les acteurs et leurs impacts sur la gestion durable de la forêt. Ainsi, l’objectif secondaire de ce projet de recherche est de mieux comprendre les mécanismes de coordination entre les divers acteurs de la forêt. Par ailleurs, cette recherche nous permettra assurément d’étudier la pertinence sociale de la préservation de la forêt Boucher et d’établir la cohérence des outils de planification par rapport aux objectifs locaux de développement durable.

1.3.3 Question de recherche

La question que tente d’élucider cette recherche est la suivante : dans quelle mesure la dynamique de la gouvernance de la forêt Boucher s’attache aux objectifs de la gestion intégrée de l'environnement ? De cette question spécifique découlent des questionnements secondaires qui sont : Quels sont les rôles des différents acteurs ? Comment s’exerce la coordination entre la municipalité, les communautés et la Fondation ? En quoi la gestion intégrée est-elle différente de la gestion conventionnelle ? Quel atout constitue la création d’une Fondation dans la gestion de cet espace ? Quel est l’impact de cette gouvernance sur la gestion de la forêt ? Est-ce que la coordination de différents acteurs dans la gestion garantit un caractère durable des espaces ? Quelle est la procédure mise en œuvre pour programmer les activités ? À quel taux les activités programmées sont-elles réalisées ? Comment se fait la participation du citoyen et quel est son rôle dans la gestion de la forêt Boucher ?

CHAPITRE II

CADRE THÉORIQUE

Les contraintes environnementales en milieu urbain et la mise en œuvre de la gouvernance ont permis de nouvelles pratiques. Le deuxième chapitre de cette recherche présente les différentes assises théoriques de notre démarche. Il s’agira à ce stade de mettre en lumière l’évolution du concept de la « ville durable ». Ensuite, nous montrerons en quoi ce concept et sa mise en œuvre imposent ipso facto de nouveaux modes d’action publique. Enfin, nous déterminerons notre cadre théorique définissant les principes de la gestion intégrée des ressources et ses implications. Ceci aura pour objectif de nous guider plus tard afin de répondre à notre question de recherche.

Dans le document • Stratégique Doit être? (Page 27-31)