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Les débuts d’un point d’appui d’intérêt militaire à Acapulco

La faiblesse des Philippines exige le soutien d’Acapulco

1.2. Le pouvoir militaire

1.2.3. Les débuts d’un point d’appui d’intérêt militaire à Acapulco

La fragilité des moyens de défense des côtes de la Nouvelle Espagne sur l’océan Pacifique et la crainte que les Hollandais s’établissent sur le territoire firent décider au Roi Philippe III l’approbation d’une défense, et le vice-roi marquis de Guadalcázar entama la construction d’une forteresse dans le port d’Acapulco, nouveau pas vers la dissuasion grâce à une infrastructure puissante.

Le vice-roi don Diego Fernández de Cordoba confia l’ouvrage à l’ingénieur hollandais Adrian Boot qui, mandaté par Philippe III pour résoudre les problèmes d’inondations à Mexico, travaillait alors sur l’assèchement de la lagune de Mexico.

Boot insista sur le fait que la forteresse fût construite sur le promontoire qui s’avançait en mer: son élévation lui faisait dominer l’entrée de la baie et protégeait la ville. Mais le projet était coûteux, parce que, pour construire le fort, il fallait araser le monticule et niveler le terrain118.

Sur ordre du Vice-Roi, les travaux commencèrent le 5 novembre 1615. Don Gregorio de Porras, alcalde mayor d’Acapulco, ordonna que ce soit les indigènes des provinces d’Igualapa, Chilapa, et Tixtla qui fournissent la main d’œuvre nécessaire aux travaux de

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BERNABÉU ALBERT, Salvador. El Pacífico Ilustrado, del lago español a las grandes expediciones, Madrid, MAPFRE, 1992, p. 85. (Colección Mar y América; n° 4).

117 Leslie Bauzon, op. cit., p. 182. 118

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fortification. Le 6 décembre, cinquante-huit indigènes provenant de Tixtla défrichaient le terrain où on devait construire le fort. De même, il ordonna d’aller couper du bois sur les montagnes. Quinze autres indiens de Chilapas arrivèrent pour travailler comme ouvriers, les charpentiers s’activèrent et les ferronniers fondirent les canons119

et les cent vingt indiens au total qui s’occupèrent de cette tâche, tombèrent malades120

.

Le 19 mai 1616, le Comptable Royal don Gaspar Vello de Acuña rendit compte de ce qui avait été réalisé en six mois: pour la partie terrestre, les caballeros121 du Roi, du Prince et du Duc étaient terminés, les terrepleins et les parapets n’étaient pas encore construits, les

caballeros Guadalcázar et du Marquis et les courtines attenantes en étaient à la moitié de leur

édification.

Acuña écrivit: el puerto quedaba tan defendido que ningún enemigo, por mucha fuerza que

traiga, le pueda entrar y ofender, y solo tiene esta prevención de defensa122.

En janvier 1617, Acapulco s’habilla de fête. Les autorités et la population sortirent dans les environs de la ville pour recevoir l’archevêque de Mexico, don Juan Pérez de la Serna123

. Les rues par lesquelles passèrent le défilé jusqu’à l’église paroissiale étaient décorées.

Récemment terminé, ce bastion abritait quarante hommes et officiers, un condestable et deux artilleurs. Pour sa défense, furent installés dans chacun des caballeros del Rey et del Principe deux sacres de vingt et vingt-sept quintaux qui tiraient des boulets de sept et huit livres. Sur le caballero del Duque, on trouvait deux canons de soixante-quinze quintaux avec leurs affûts appelés le San Nicolas et le San Diego. Baptisées des noms des évangélistes, deux

culebrinas, la San Juan et le San Marcos, protégeaient le caballero del Marqués, pendant que

la San Mateo et la San Lucas étaient sur le cabellero appelé de Guadalcàzar. Quatre sacres et deux medio sacres protégeaient les courtines entre el Duque et el Marqués ; de cette dernière, vers la courtine de Guadalcàzar, avaient été mises en place quatre sacres de vingt-six et vingt-sept quintaux. De chaque coté de la porte, deux canons de fer avaient été placés avec leurs affûts pour garder le chemin depuis le port vers le fort et son entrée. De plus, le fort comptait onze petites pièces de bronze de taille intermédiaire entre sacre et medio sacre124.

119 AGI. Contaduría, 903, 1615-1616/ Caja de Acapulco. Cuentas de Real Hacienda.

120 AGI. México, 28, N, 46. Cartas del virrey Marqués de Guadalcàzar.

121 Caballeros o baluartes: constructions qui forment un angle saillant dans un tracé de fortifications.

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José Antonio Calderón Quijano, op. cit., p. 329. Dans: Fortificaciones en Nueva España.

123 Tomas Oteiza, op. cit., p. 111.

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Fig. 12 : Port d’Acapulco dans le vice-royaume de Nouvelle Espagne, dans les mers du Sud. Gravure d’Adrian Boot. Litog. Ruffoni, 1628. M 972.71. Courtoisie de la Bibliothèque de l’Université du

Texas, Université d’Austin Texas.

L’archevêque don Juan Pérez de la Serna, était présent au moment où furent exécutés les essais d’artillerie qui montrèrent que la baie était bien gardée: les coups arrivèrent jusqu’à la pointe du Grifo. Ainsi, l’entrée restait fermée.

L’archevêque, rendant compte de l’achèvement du château, écrivit au marquis de Guadalcázar que: parecía imposible que fuerzas humanas hubieran podido hacer una cosa

tan grande y tan bien acabada, de mucho ahorro para la Hacienda, no había rastro de encarecimiento y aun parecía cosa de milagro lo hecho en tan poco tiempo125.

Le coût total de la construction fut de 113 400 ducats et de 26 900 ducats pour la fonte des

culebrinas et des canons126; elle prit le nom de San Diego, en l’honneur du saint patron du vice-roi don Diego Fernández de Cordóva.

Toute cette attitude est cohérente. La Couronne, le Vice-Roi et Acapulco virent la réalité des faits: la défense d’Acapulco était vitale, la rupture du lien avec Manille pouvait causer de sérieuses difficultés pour le soutien du point stratégique que la couronne espagnole était décidée à préserver en Extrême-Orient. Alors que pendant plus de dix ans la réponse à la demande de construction d’un fort avait été négative, en un peu plus d’un an, la couronne espagnole se dota d’un moyen de protection adéquat. Son édification correspond à une activité de grande envergure, qui mobilisa toutes les énergies, espagnoles, novohispana et locales: la détermination pour la construction du fort de San Diego doit s’observer en parallèle de la détermination morale pour se défendre.

125 SÁNCHEZ LAMEGO, Miguel, El castillo de San Diego Acapulco, México, D.A.P. P., 1937, p. 7.

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1.2.4. L’adversité confirme les premières décisions de mise en place de

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