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de la croissance économique

nombreux débats chez les économistes et les responsables politiques. Un autre débat sur la stagnation séculaire est apparu depuis quelques années.

Mesure et facteurs

de la croissance économique

La mesure de la croissance

La croissance économique est générale-ment mesurée par l’auggénérale-mentation du pro-duit intérieur brut en volume. Cet agrégat de la comptabilité nationale repose sur des conventions conduisant à ne comptabiliser que les productions, marchandes et aussi non marchandes, si elles étaient réalisées avec des facteurs de production marchands. Depuis l’entrée en vigueur de la base 2015

Croissance économique

de la comptabilité nationale, un certain nombre d’activités, illégales et/ou non décla-rées, par exemple le trafic de stupéfiant sont comptabilisés dans le PIB.

Le rapport de la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social (2009) met également en évidence des problèmes liés à la difficulté de mesurer correctement l’amélioration de la qualité des produits. « La part croissante des services et la production de biens de plus en plus complexes font, en effet, qu’il est plus difficile qu’auparavant de mesurer les volumes produits et les performances économiques. Il existe de nos jours un grand nombre de produits dont la qualité est complexe, pluridimensionnelle et sou-mise à des changements rapides. C’est une évidence pour des biens comme les voi-tures, les ordinateurs, les machines à laver et ainsi de suite, mais plus vrai encore pour des services comme les prestations de santé ou d’enseignement, les technologies de l’information et de la communication, les activités de recherche ou les services finan-ciers. Dans certains pays et certains sec-teurs, l’accroissement de la « production » tient davantage à l’amélioration qualitative des biens produits et consommés qu’à leur quantité. Rendre compte du changement qualitatif représente un formidable défi mais il est essentiel pour mesurer le revenu et la consommation réels, facteurs détermi-nants du bien-être matériel des personnes. Sous-estimer les améliorations qualitatives revient à surestimer le taux d’inflation, donc à sous-estimer le revenu réel. L’inverse est vrai si les améliorations qualitatives sont surestimées ».

La production des administrations publiques (APU) pose également problème. Mesurée par les dépenses qu’elle occa-sionne, la production non-marchande des APU appréhende mal les résultats réels de leur activité.

Par ailleurs, le PIB prend mal en compte les effets externes négatifs, notamment ceux concernant l’environnement. La question de la soutenabilité, ou encore de la durabilité de la croissance, échappe ainsi à la mesure sta-tistique de la production.

Enfin, le PIB ne tient pas compte de la nature de la production réalisée (armes ou denrées alimentaires  ?), ni de la répartition de la production (degré d’inégalité, etc.). Ces insuffisances conduisent à remettre en ques-tion la capacité de cet indicateur à mesurer le niveau de développement. C’est pour cette raison que l’indicateur de développement humain (IDH) a été créé en 1990. Plus généra-lement, la plupart des travaux contemporains concluent à la nécessité d’adjoindre au PIB d’autres indicateurs : sur les conditions de vie des ménages, les libertés, les ressources natu-relles, etc. afin de mieux cerner le bien-être de la population et la soutenabilité du déve-loppement. Le produit intérieur brut vert per-met ainsi de prendre en compte les dommages occasionnés par l’activité de production ainsi que la diminution du stock de capital naturel. Dans une perspective assez proche, il en est de même de l’épargne nationale nette ajustée et de l’empreinte écologique.

Les facteurs de la croissance et la « comptabilité » de la croissance

Les facteurs de la croissance

Puisque la production consiste à transformer des ressources naturelles et des facteurs de production pour produire un bien final, il est logique de rechercher les sources de la crois-sance dans l’accumulation des facteurs et dans l’amélioration de la combinaison tech-nique de ces facteurs, c’est-à-dire la hausse de la productivité.

• Le travail

En longue période, la croissance écono-mique s’accompagne d’une augmentation de la population active qui, lorsqu’on la multiplie par la durée annuelle du travail, détermine la quantité de travail dont dis-pose l’économie au cours d’une année. Pendant le xxe siècle, la population active a augmenté alors que la durée du travail annuelle a été divisée par deux. C’est donc surtout l’augmentation de la producti-vité du travail qui explique la croissance (multiplication par  16 de la productivité horaire au cours du xxe siècle). Cette plus grande efficacité du facteur travail provient

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en grande partie de la hausse du stock de capital humain et des modifications de l’organisation du travail.

• Le capital

L’augmentation du stock de capital produc-tif résultant de l’investissement est le fac-teur de la croissance le plus fréquemment avancé. Toutes les observations empiriques attestent que la croissance s’accompagne d’une augmentation du stock de capital par tête. Néanmoins, pour un niveau donné de la technique, l’accumulation de capital se caractérise par des rendements décroissants et seul le progrès technique permet de remé-dier à ce problème. L’investissement permet, d’une part, d’accroître la capacité productive de l’économie et, d’autre part, incorpore les progrès techniques résultant des innovations. Ces dernières, selon J. A. Schumpeter (1883-1950), sont au cœur du processus de destruc-tion créatrice qui caractérise la croissance.

• Les ressources naturelles

La disponibilité de ressources naturelles dans l’économie est à l’évidence un avantage pour la croissance. Certaines branches de l’économie comme la sidérurgie se sont d’ailleurs historiquement développées à proxi-mité des gisements de minerai.

Mais à la différence du travail et du capital qui peuvent être accumulés, les ressources naturelles sont souvent non renouvelables. Cette question, qui a été soulevée dès le xixe  siècle, a été médiatisée en 1972 par le rapport « Halte à la croissance », publié par le Club de Rome. En 1987, la publication du rapport Bruntland sur le développement durable présente l’environnement comme un problème central. Ce rapport est publié par la Commission mondiale sur l’environne-ment et le développel’environne-ment des Nations unies qui organise en 1992 le Sommet de Rio. À la demande du G7 de l’époque, un groupe d’experts scientifiques, le GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolu-tion du climat) est créé afin de fournir des bases scientifiques permettant la réflexion sur les problèmes climatiques. Une démarche comparable a été mise en œuvre en ce qui concerne la biodiversité.

Les principaux problèmes invoqués sont le risque d’épuisement à terme des réserves de ressources naturelles, les conséquences négatives de la croissance de la population mondiale, les effets du réchauffement clima-tique, les risques de pénurie énergétiques, les dangers de l’industrie nucléaire, etc. En conséquence, nombreux sont aujourd’hui ceux qui militent pour un développement durable, les plus radicaux allant même jusqu’à préconiser une décroissance.

Les analyses économiques les plus opti-mistes, celles qui se réfèrent à une « soutena-bilité faible » considèrent que les dispositifs d’incitation mis en œuvre par les pouvoirs publics, en modifiant les prix relatifs des inputs, feront émerger de nouvelles solutions techniques qui permettront d’économiser les ressources naturelles menacées (dont le prix relatif aura augmenté). Les pessimistes, parti-sans d’une « soutenabilité forte » pensent au contraire que les instruments économiques à la disposition des États ne règlent pas le problème sur le fond et préconisent une limitation de la croissance avec une régle-mentation stricte sur les prélèvements des ressources non renouvelables.

• Le progrès technique

L’accumulation des facteurs de produc-tion et l’amélioraproduc-tion de leur qualité, pour importants qu’ils soient, ne permettent pas de rendre compte de la totalité de la crois-sance, ce que vérifient les travaux d’ins-piration néoclassique sur la « comptabilité de la croissance » dont il sera question plus loin.

L’accumulation quantitative de facteurs dont la qualité s’améliore se fait dans un environnement économique complexe où les interactions sont multiples et cumulatives et mettent en lien les progrès de la recherche et des connaissances scientifiques, l’essor de l’enseignement, les stratégies de firmes et des pouvoirs publics, les interactions entre branches, les impulsions de la demande et de la taille des marchés, etc. La croissance économique, comme l’écrit J.  Arrous, peut donc se définir comme un « processus cumulatif d’interactions qui se traduit par la hausse continue de la productivité ».

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Selon J.-L.  Gaffard, « Les mécanismes de la croissance, c’est-à-dire ce qui permet de tirer parti de la croissance de la population et du progrès technique, sont le fruit des actions des agents économiques qui sont autant d’ar-bitrages, qu’il s’agisse notamment des choix entre épargne et consommation, du partage entre investissement privé et investissement public, du partage entra salaires et profits, du degré accepté d’inégalités entre les reve-nus personnels, du choix de s’ouvrir aux échanges internationaux ou de se protéger de la concurrence extérieure. Ces arbitrages révèlent la capacité d’une économie à capter les sources de la croissance en créant les ins-titutions nécessaires et en garantissant l’adé-quation de l’offre et de la demande à chaque moment et au cours du temps. »

Les mécanismes de la croissance conduisent ainsi à la hausse de la produc-tivité globale qui se trouve elle-même au centre des interactions spécifiques. En effet, la croissance de la productivité permet la croissance des revenus (profits, salaires, impôts, etc.), la baisse de la durée du travail et enfin la baisse des prix, chacun de ces élé-ments affectant la croissance économique elle-même. La période des Trente Glorieuses (1945-1975) s’est ainsi accompagnée dans les pays industrialisés de forts gains de pro-ductivité conduisant ainsi à une élévation du niveau de vie et une baisse de la durée du tra-vail, à d’immenses progrès dans les domaines de la santé, de l’habitat, de l’enseignement,

de l’espérance de vie, de l’accès aux biens durables, etc.

Les économistes distinguent la croissance extensive et la croissance intensive, la pre-mière étant basée sur l’accroissement de la quantité de facteurs et la seconde plutôt sur l’accroissement de la productivité.

La « comptabilité » de la croissance

Dans un article de 1957, R. Solow présente une méthodologie basée sur une fonction de production de type Cobb-Douglas pour estimer les contributions respectives de l’ac-cumulation du capital et du progrès tech-nique à la croissance des États-Unis de 1909 à 1949. Cet article a donné lieu à de nom-breux travaux relevant de la « comptabilité de la croissance ».

Pour Solow, le progrès technique désigne l’ensemble des éléments autres que le volume de travail et de capital qui permettent d’aug-menter la production. Il s’agit donc d’un fac-teur résiduel qui mesure la part inexpliquée de la croissance. Le progrès technique qua-lifié d’autonome est ainsi considéré comme un troisième facteur de production qui est exogène, indépendant des choix de ceux qui apportent du travail et du capital.

En France, une des principales études por-tant sur les facteurs de la croissance est, à la suite de celle d’E.  Denison aux États-Unis, celle de J.-J. Carré, P. Dubois et E. Malinvaud publiée en 1972.

Carré, Dubois et Malinvaud utilisent cette fonction de production sous forme dérivée : À ( ) ( ) Q = L K dQ Q = dL L + -dK K 1 -1 × ⇔ α × α × α α

Cette formule donne directement le taux de croissance de la production (∆Q/Q) en fonction des taux de croissance de la quantité de travail (∆L/L) et de la quantité de capital (∆K/K). En utilisant, comme le font les auteurs, les séries du PIB pour Q, les données concernant la population active et la durée du travail pour L, les chiffres concernant les nouveaux équipements, nets d’amortis-sements, pour K, les résultats obtenus en données annuelles, sur la période 1951-1969 sont :

∆Q/Q = 5,0 % ∆L/L = – 0,14 % ∆K/K = 3,93 % α = masse salariale/PIB = 0,72 d’où : 1 – α = 0,28

En introduisant ces données dans la formule du taux de croissance, on obtient : Part du travail : dL L = – 0,14 0,72 = –0,1 α × × point Part du capital : dK K (1 – ) α × = 3,93 0,28 = 1,1 × point

Croissance économique

Le travail a donc joué un rôle légèrement négatif dans la croissance française du fait de la baisse de la durée du temps de travail sur la période considérée, alors que la popu-lation active stagnait (le renouveau démo-graphique d’après-guerre a eu un impact sur l’emploi différé de quinze à vingt ans). Le capital explique 1,1 point de la croissance annuelle. Au total, on obtient, – 0,1 +  1,1 =  1 point, ce qui ne permet d’expliquer qu’une petite partie des 5 % de croissance annuelle.

L’essentiel de la croissance provient donc du progrès technique autonome. Or celui-ci est exogène, ce qui réduit la portée de l’ana-lyse. Depuis les années 1980, de nombreux travaux ont été réalisés pour rendre compte d’un progrès technique endogène.

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