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Annexe 1 : Classement de quelques traités du Corpus Hippocratique

1.3. Le corps « classique »

La représentation du corps que révèlent les écrits médicaux, parcouru et organisé par différents fluides, semble se distinguer radicalement des conceptions archaïques. Les différences de vocabulaire pour nommer le corps sont cependant peu perceptibles et on retrouve chez Aristote et les Hippocratiques les concepts de noos, thumos, phrenes... La médecine du début de l’époque classique ne bouleverse donc pas le langage somatique ni même ne se place en rupture radicale avec les représentations archaïques du corps : elle conserve certaines croyances tout comme elle en crée des nouvelles.

Du point de vue médical, les médecins s’opposent parfois sur la prééminence de certains organes dans le corps et sur le rôle attribué à certains liquides. L’émergence, dans la pensée grecque, du principe d’un flux d’humeurs pour expliquer le fonctionnement du corps reste très floue. On ne peut ni la dater ni en expliquer précisément les origines186. Les humeurs seraient des « catégories de la psukhê » 187 archaïque, des qualités émotionnelles, qui auraient peu à peu acquis un sens matériel, une valeur physiologique, pour expliquer le fonctionnement du corps humain. Des médecins attribuent parfois un rôle spécifique aux liquides vitaux comme agents de la connaissance et un des nombreux débats qui opposent les praticiens concerne notamment le siège de l’activité intellectuelle. La représentation du processus cognitif est très différente d’un traité à l’autre et, de fait, les troubles intellectuels ne s’expliquent pas de la même manière. La pensée biologique et notamment aristotélicienne présente en revanche une conception élaborée et précisée du corps humain et du siège de la psukhê. Il est donc essentiel de rappeler les principales conceptions de chacun afin de déterminer ce qu’est une pathologie de la psukhê.

186 THIVEL A., « Hippocrate et la théorie des humeurs » in Noesis (1997) : 90, rappelle « qu’entre Homère et

l’époque classique un vide complet, une absence totale de documents ».

187 THIVEL A., « Hippocrate et la théorie des humeurs » in Noesis, (1997) : 90-91 ; GERNET L., (1968). Chez

Homère, le phlegme est une inflammation ce qui explique peut-être qu’il désigne ultérieurement tout gonflement ou tumeur. Kholos, la bile, est la colère, le ressentiment et devient chez les Hippocratiques, l’humeur jaune ou noire à l’origine de la mania et de la mélancolie entre autres.

1.3.1-L’émergence de la psukhê

La question de la pensée, de son siège et de ses mécanismes se confond avec celle de la psukhê dont la notion émerge lentement dans nos sources. Le Corpus Hippocratique compte 119 occurrences du terme psukhê188 dont la moitié relève d’un seul traité, celui du Régime189. Cet ouvrage est capital car il est le seul qui présente une conception aussi précise de la psukhê, de son siège et de ses facultés. L’auteur du Régime porte essentiellement ses réflexions sur la nature de la psukhê, sur ses rapports au sôma et sur ses implications dans le processus de cognition. Cet ouvrage fondamental, divisé en quatre livres, fonde sa réflexion sur l’idée que la santé dépend de la diététique, entendue au sens large comme mode de vie, dans un juste rapport entre les exercices physiques et intellectuelles et l’alimentation. Il soulève, par l’intermédiaire des rêves190, la problématique des relations du sôma et de la psukhê et des liens entre les sens et la connaissance. Il offre ainsi une représentation très originale des mécanismes de la pensée et de ses dysfonctionnements, qu’il conçoit selon sept degrés différents.

*La nature de la psukhê

La vie commence quand les sécrétions des deux parents, qui consistent en un mélange de feu et d’eau, s’unissent dans l’utérus. La semence, humide, est mise en mouvement par le feu qui attire l’air et l’aliment de la mère et permet le développement de l’embryon191. Pour le médecin du Régime, deux éléments fondamentaux constituent l’être humain : le feu et l’eau. Et la vie est engendrée à partir du feu qui attire l’air à lui. Cette conception est largement influencée par les idées d’Empédocle192 qui part du principe que l’être humain de quatre éléments essentiels, l’air, l’eau, la terre et le feu, le constitue. L’auteur du Régime poursuit en précisant que la psukhê est une partie (μοῖρα) du corps humain193 et qu’elle consiste, de fait, comme lui, en un mélange de feu (πῦρ) et d’eau (ὕδωρ). Mais c’est dans le feu « le plus chaud

188 La recherche a été effectuée à l’aide du logiciel Musaios. On note 104 emplois au singulier. Voir aussi

MALONEY G.,FROHN W., (1984), s.v psukhê.

189 Sur le traité du Régime, voir JOLY R., Recherches sur le traité pseudo-hippocratique du Régime, 1960. 190 Il s’agit du livre IV ou traité des songes.

191 Hipp, Reg, I, 9.

192 L’auteur du Régime dit ainsi que le feu structure le corps « à la manière qui lui est propre pour en faire une

imitation de l’univers ». Certains passages ont également été classés d’influence Anaxagoréenne, c’est

notamment le cas pour le Régime I, 6 et 7.

193 Hipp, Reg, I, 7. Selon R.JOLY., dans toute cette section du Régime, le terme psukhê est synonyme de sperma.

On constate en effet qu’elle est assimilée à la semence mâle et femelle réunies. En effet, abordant le développement de la psukhê dans le cœur, l’auteur du Régime dit : « ces cellules femelles et mâles, nombreuses

et le plus fort, qui commande tout (ἐπικρατέεται), réglant tout (διέπον ἅπαντα) selon la nature (κατὰ φύσιν), étant inaccessible à la vue et au toucher, c’est là qu’est la psukhê, l’intelligence (νοὸς), la pensée (φρόνησις), la croissance, le dépérissement, le mouvement (κίνησις), le changement, le sommeil, le réveil. Ce feu gouverne tout (πάντα διὰ παντὸς) incessamment, et ceci et cela, sans jamais se reposer»194. Le feu est un élément fondamental en l’homme. La psukhê réside dans ce feu, au côté du noos et de la phronêsis qui se rapportent tous deux à l’activité intellectuelle. Le noos désigne la faculté de penser tandis que la phronêsis se rapporte à l’acte même de penser donc à la perception par l’intelligence. Ces deux notions sont présentés ici comme des éléments indépendants de la psukhê.

Selon l’auteur, le degré d’intelligence des individus est déterminé en fonction des proportions du mélange du feu et de l’eau dans le corps. Il précise en effet que « le feu le plus humide et l’eau la plus sèche se mêlant dans un corps produisent la plus grande intelligence (φρονιμώτατον), parce que, le feu détenant l’humide de l’eau et l’eau, le sec du feu, chacun se suffit ainsi le mieux à lui-même (…) »195. Le terme φρονιμώτατον issu de φρονέω désigne « la

faculté de penser et de sentir » c’est-à-dire la capacité que possède un individu à percevoir, par les sens ou l’intellect196. Le degré de phronêsis dépend de la qualité du mélange des éléments dans le corps, l’intelligence reçoit donc une explication physiologique. Si dans le corps, le feu et l’eau sont contenues selon des proportions égales, «la psukhê ainsi composée est la plus intelligente (φρονιμωτάτη) et à la meilleure mémoire (μνεμονικωτάτη)»197 : c’est le degré d’intelligence le plus haut que peut donc posséder un individu. Dans ce passage, la phronêsis est présentée comme une qualité de la psukhê alors que dans l’extrait précédent198 elle semblait être une faculté indépendante de la psukhê. Elle est également associée à la faculté de mémoire. La meilleure intelligence s’applique vraisemblablement à l’individu qui perçoit correctement la réalité du monde qui l’environne et sait tirer de son expérience passée les éléments propres à ce jugement qu’il porte sur les choses. Ces considérations rappellent le principe de l’isonomia humorale, à ceci près qu’à la place d’humeurs, il s’agit d’éléments : de la même façon que le mélange et le déplacement harmonieux des humeurs dans le corps assure la santé, l’équilibre entre l’humide et le chaud garantit que le meilleur degré

194 Hipp, Reg, I, 10. (Traduction de Littré légèrement remaniée). Dans sa traduction, R. JOLY note que la formule

panta dia pantos est typique d’Anaxagore.

195 Hipp, Reg, I, 35. Voir notamment pour ce passage JOUANNA J., REG, 79, 1966, p XV-XVIII.

196 Le terme ne désigne pas la pensée en action mais la possibilité, dans l’absolu, de la mettre en action. Nous

revenons sur cette définition un peu plus loin dans le chapitre de même que sur la distinction entre perception sensorielle et perception intellectuelle.

197 Hipp, Reg I, 35. 198 Hipp, Reg, I, 10.

d’intelligence de la psukhê et de l’individu. Si tous les individus sont dotés d’une psukhê, tous n’ont pas le même niveau de phronêsis. Le médecin identifie ainsi sept degrés d’intelligence en fonction de la composition de la psukhê. Le premier degré qui correspond à la proportion égale de l’eau et du feu dans le mélange de la psukhê, définit la meilleure intelligence. Les six autres se rapportent à des états d’imperfection intellectuelle qu’il est possible de corriger, selon le praticien, par un régime adapté199. Ils sont le fait de la domination d’un élément dans la composition de la psukhê200.

Lorsque le feu est un peu inférieur à l’eau, les gens sont intelligents (φρόνιμοι) mais moins que les premiers parce que « le feu, vaincu par l’eau et exécutant avec lenteur (βραδύς) son mouvement (κίνησις), s’appliquent d’une façon plus nonchalante (νωθρότης) aux sensations ; mais de telles psychai sont cependant constantes dans ce à quoi elles s’attachent »201. Ce passage met en place une théorie tout à fait singulière du processus cognitif en établissant un rapport étroit entre le mouvement de la psukhê, les sens et les sensations (αἴσθησις)202. Cette théorie est valable pour tous les degrés d’intelligence dans lesquels le feu est dominé par l’eau, elle permet d’ailleurs d’expliquer ces niveaux d’altération : « étant donné que la révolution de la psukhê est lente (βραδύς), les sensations (αἴσθησις) n’ont qu’un court instant à chaque fois pour s’y précipiter car elles sont rapides et, par conséquent, ne peuvent s’y mêler qu’en petite quantité à cause de la lenteur de la révolution. C’est que les sensations saisies par la psukhê, quand elles y pénètrent par le canal de la vue ou de l’ouïe sont rapides, tandis que quand elles y pénètrent par le canal du toucher, sont plus lentes et plus facilement saisies. Ces dernières sensations, ces gens ne les perçoivent pas moins que d’autres personnes, par exemple le froid, le chaud et ce qui s’y apparente. Mais ce qu’il faut percevoir par la vue ou l’ouïe, s’ils ne le connaissent d’avance, ils ne peuvent le sentir : si la psukhê n’est pas ébranlée par le feu qui s’est jetée sur elle, elle ne peut ressentir la qualité de l’objet »203.

199 Le mot régime est entendu au sens large : il comprend autant l’alimentation que les exercices physiques, le

sommeil, les bains etc.

200 Hipp, Reg, I, 35 : « Si, par quelque apport, l’un des deux éléments, quel qu’il soit, augmentait ou dépérissait,

on deviendrait très inintelligent (aphronestaton), parce que, avec ses qualités, ils se suffisent le mieux ».

201 Hipp, Reg, I, 35.

202 JOUANNA J., « La théorie de l’intelligence et de l’âme dans le traité hippocratique « Du régime » : ses rapports

avec Empédocle et le Timée de Platon », REG, 1966, 79, p XV-XVIII. Selon J.JOUANNA cet extrait est capital pour l’histoire de la psychologie antique car « c’est une des deux théories préplatoniciennes sur l’intelligence

qui nous soient parvenus autrement que sous la forme de fragments énigmatiques ou de doxographies édulcorées ».

*Le rôle des sens

Cet extrait revêt un caractère particulièrement énigmatique qui a d’ailleurs suscité de nombreuses interprétations204. La psukhê est un fluide qui est en mouvement dans le corps et qui obtient les informations nécessaires à l’intelligence en se déplaçant du centre de l’organisme vers sa périphérie, la peau, où elle est alors en contact avec le monde extérieur par le biais des αἰσθήσιαι, des sensations205. Les informations extérieures qui alimentent la connaissance de l’individu semblent captées par la psukhê à la périphérie du corps, par le biais des sens qui font office de canaux et leur permettent de se mêler au fluide « psychique » et d’apporter l’intelligence. Dans le cas où l’élément humide est en trop grande quantité, il ralentit le mouvement de la psukhê mais tend également à obstruer (φράσσω) les πόροι de la psukhê c’est-à-dire les canaux que constituent les sens par lesquels elle saisit les informations du monde extérieur206. Ces informations qui lui viennent sous la forme de sensations, constituent en définitive les aliments de la psukhê207. Celle-ci étant en mouvement, elle se précipite vers les poroi pour saisir les informations du monde extérieur. Ces sensations sont rapides et éphémères, de fait, si le mouvement de la psukhê est lent, elle ne peut les saisir à temps ce qui provoque des altérations de la phronêsis. A l’inverse, comme nous allons le voir, si son mouvement est trop rapide, car l’élément feu est alors dominant dans son mélange, elle saisit trop vite ces αἰσθήσιαι et transmet également des informations erronées au reste du corps. Le verbe αἰσθάνομαι qui qualifie aussi bien le fait « percevoir par les sens » que de

204J.JOUANNA le rapprochant des principes d’Empédocle, a permis de l’expliciter. JOUANNA J., op.cit, REG,

1966, 79, p XV-XVIII. Empédocle considère le sang, élément calorifique, comme l’agent principal de l’intelligence, et de fait de la vie: le refroidissement total du sang provoque la suspension de la pensée et, à terme, de toute fonction vitale. Le corps est un réceptacle du sang. Cet élément tourne et vire du centre du sôma jusqu’à sa périphérie, la peau, où il aspire l’air qui y entre par les pores et permet ainsi la respiration. Le sang, toujours en mouvement dans le corps, se déplace suivant les changements de température internes : lorsque le corps se refroidit, le sang part de la périphérie pour regagner le centre où il se réchauffe avant de repartir vers la périphérie. Ces phases du mouvement sanguin correspondent aussi à celles de la respiration, la première à l’inspiration et la seconde à l’expiration. Des principes similaires sont présents dans le traité du Régime. Pour J. JOUANNA, la psukhê est un fluide, « qui circulant à l’intérieur du corps par des poroi, effectue des révolutions

analogues à celle du soleil, selon une orbite circulaire dont le centre est le ventre. La vitesse de rotation, qui est fonction du mélange des deux éléments constitutifs (le feu ayant pour propriété d’accélérer, l’eau de ralentir) détermine les diverses catégories d’intelligence ». Si certaines de ses explications demeurent cependant très

métaphoriques, on partage néanmoins les grandes lignes de sa théorie.

205 Le terme aisthesia est souvent traduit par « la sensation » mais J. JOUANNA lui préfère l’expression de

« parcelle sensible » qu’il estime plus explicite dans le contexte du traité du Régime. Nous ne partageons pas ce choix de traduction car il se révèle d’un sens beaucoup plus ambigu. Même si ces aistheisai sont des éléments dynamiques, la notion de sensation semble tout à fait appropriée car elle ne suppose absolument la passivité des sens.

206 Hipp, Reg, I, 35.

207 IONNADI H., « La sensation perception dans le Corpus Hippocratique », inPhilosophia, (1991-2) : 278-284.

« percevoir par l’intelligence » prend ici toute sa valeur car, dans ce traité, sens et intelligence sont intimement corrélés même si l’auteur du Régime établit néanmoins une hiérarchie des sens en fonction de leur capacité à apporter l’information nécessaire à la connaissance.

La fonction des sens comme la vue (ὄψις), l’ouie (ἀκοή) et le toucher (ψαῦσις)208 apparaît relativement réduite. Ils sont présentés comme de simples vecteurs des informations extérieures et non comme des organes dont la structure détermine en partie leur fonctionnement209. Comme Empédocle, l’auteur du Régime se désintéresse totalement de la structure organique des sens. Le choix des canaux sensoriels détermine la vitesse de pénétration des sensations (ou informations extérieures) : elles sont en effet plus rapides, selon le médecin, lorsqu’elle empruntent le canal de la vue et de l’ouïe plutôt que lorsqu’elles passent par la peau. Mais la célérité des αἰσθήσιαι n’est pas un gage de la qualité de l’intelligence, bien au contraire : la lenteur des sensations permet en effet à la psukhê de les saisir plus facilement car « elles restent plus longtemps aux portes de la psukhê»210,

expression qui atteste que l’ensemble du corps constitue un espace de « vie » pour la psukhê et qu’une interaction profonde existe entre ces deux éléments constitutifs de l’homme. La qualité de l’intelligence dépend donc à la fois de la rapidité de pénétration des αἰσθήσιαι et de la vitesse de rotation de la psukhê211. Le traité du Régime établit ainsi des liens très étroits entre les sens et l’intelligence. S’ils sont rompus, ils sont susceptibles d’entraîner l’altération de la psukhê et des troubles comme la mania212. Mais exercer ses sens se rapporte aussi à exercer sa psukhê, comme l’attestent certaines recommandations spécifiques de diététique213 :

208L’auteur ne parle en revanche ni du goût, ni de l’odorat, ni des deux autres sens identifiés avant Aristote. Les

Hippocratiques considéraient en effet qu’il n’y avait pas cinq mais sept sens, chacun jouant un rôle spécifique dans le processus cognitif comme le présente le traité du Régime : « La sensation(αἴσθησις) de l’homme se

produit aussi208 grâce à sept structures différentes : l’ouïe pour le bruit (ἀκοὴ ψόφων), la vue pour ce qui est

visible (ὄψις φανερων), le nez pour l’odeur (ρὶν ὀδμῆς), la langue pour le goût ou le dégoût (γλῶσσα ἡδονῆς καὶ ἀηδίης), la bouche pour la conversation (στόμα διαλέκτου), le corps pour le toucher (σῶμα ψαύσιος), les passages (διέξοδοι) intérieurs et extérieurs pour le souffle chaud ou froid. C’est grâce à cela que l’homme a la connaissance (γνῶσιςi) » (Hipp, Reg, I, 23). JOUANNA J., « Sur la dénomination et le nombre des sens d’Hippocrate à la médecine impériale : réflexions à partir de l’énumération des sens dans le traité hippocratique du Régime, c 23 », in Les cinq sens dans la médecine de l’époque impériale, (2003) : 9-20. J. JOUANNA., note (p 14) que si les termes désignant la vue et l’ouie sont toujours ceux qui sont employés après Aristote, ce n’est pas le cas du toucher pour lequel « psausis » est remplacé par « afê» qui est déjà connu des Hippocratiques mais utilisé seulement trois fois.

209 MANULI P.,VEGETTI M., (1977) : 60. Le phénomène physiologique de la sensation prend immédiatement la

forme de la connaissance chez Empédocle.

210JOUANNA J., « La théorie de l’intelligence et de l’âme dans le traité hippocratique « Du régime » : ses rapports

avec Empédocle et le Timée de Platon », REG, 1966, 79, p XVI.

211 La vitesse de rotation de la psukhê dépend elle-même de la proportion des éléments eau et feu. 212 Hipp, Reg I, 35. La conception de la mania est étudiée dans le chapitre 3.4 de cette partie.

213 Hipp, Reg, I et II. Ces deux livres énoncent les différents éléments de la diététique propres à corriger les

déséquilibres du mélange « psychique ». Le médecin s’intéresse également au milieu dans lequel l’individu évolue car, il pense, à l’image de l’auteur du traité d’Airs, Eaux, Lieux, qu’il a une influence sur l’homme. Les vents par exemple ont un impact sur l’état de la psukhê et, suivant leurs propriétés, peuvent corriger certains de

voir, entendre ou écouter, parler et penser provoquent l’agitation de la psukhê (kinesis) donc son échauffement et son dessèchement puisque la chaleur consume son humidité214. L’individu dont la psukhê est lente car humide, comme celle des niais, a donc tout intérêt à s’exercer à la vue, à la voix (chant, lecture, discours) afin de rééquilibrer le mélange d’eau et de feu qui constitue sa psukhê. En revanche, il est tout à fait vraisemblable que de tels exercices soient déconseillés à un individu dont la psukhê est trop active c’est-à-dire enflammée215.

Lorsque le pouvoir du feu est encore plus dominé par l’eau, la psukhê est beaucoup