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Le contrôle chimique

Dans le document LES ESPECES ENVAHISSANTES EXOTIQUES : (Page 171-174)

EVALUATION ET GESTION

I. Étendue actuelle et potentielle des espèces: Sous cette catégorie la priorité est assignée aux espèces pour, tout d’abord, empêcher l’établissement de nouvelles

5.4 Les méthodes

5.4.2 Le contrôle chimique

Les pesticides chimiques, y compris les herbicides et les insecticides, ont été mis au point pour répondre à la demande en matière du contrôle des organismes nuisibles dans la production agricole et pour l’élimination des vecteurs de maladies.

La mise au point, les tests et le brevetage d’un nouveau produit constituent un processus très onéreux; il est peu probable que des produits soient spécialement mis au point pour répondre à des cibles environnementales spécifiques.

Néanmoins, des produits mis au point pour le secteur agricole et le secteur de la santé humaine sont disponibles pour ceux qui tentent de contrôler les espèces envahissantes et, ils peuvent être utilisés pour réduire les populations des organismes envahissants en dessous d’un seuil écologiquement tolérable.

Dans le passé, l’utilisation extensive d’herbicidespolyvalents tels que le DDT, a eu

un impact néfaste sur l’environnement ainsi que sur la santé humaine. Aujourd’hui, ces produits sont interdits dans la plupart des pays et des produits plus spécifiques et qui produisent moins d’effets pervers sur les sujets non visés sont disponibles sur le marché. Certains insecticides, tel que ceux basés sur des structures chimiques semblables aux hormones des insectes, peuvent également être spécifiques à certains groupes d’insectes.

Les principaux inconvénients comprennent les coûts élevés, la nécessité de répéter les applications ainsi que l’impact sur les espèces non visées. Un autre problème qui se manifeste clairement dans les domaines de l’agriculture et du contrôle de vecteurs de maladies humaines est que l’usage répétitif des pesticides engendre la pression sélective qui permet à beaucoup d’espèces visées de développer de plus en plus de résistance à ces produits chimiques. Pour répondre à cela, il faut soit augmenter le dosage ou appliquer un différent régime de pesticides, ce qui fait augmenter les coûts du contrôle, en général.

Il est également possible que les peuples autochtones s’opposent à l’utilisation des toxines sur leurs terres, dans les cas où par exemple, la concentration des toxines peut atteindre des niveaux quasi mortels parmi des espèces non visées, qui peuvent être une source alimentaire importante pour les peuples autochtones.

Cette dernière préoccupation, est particulièrement valable pour les pesticides persistant tels que les anticoagulants modernes, et les composés d’organo – chlore, qui sont actuellement largement dépassés. Les données disponibles sur les registres des pesticides témoignent de la gravité de ce risque. Un exemple de l’opposition à l’utilisation d’un anticoagulant persistant est celui de ce qui s’est dans l’extrême nord de la Nouvelle – Zélande. La population locale, les Maoris (peuple autochtone de l’Aotearoa - Nouvelle – Zélande), s’est opposée à l’utilisation du

‘brodifacoum’, employé pour tuer les rats qui se nourrissent d’escargots terrestres géants locaux. D’après leur point de vue, il est possible que le poison subsiste dans l’environnement et qu’il ‘ternisse’ la ‘pureté’ de la terre et également, que ce poison ne s’introduise dans des espèces utilisées comme source alimentaire telles que le cochon sauvage (Sus scrofa), qui lui-même a paradoxalement été introduit en Nouvelle – Zélande par les colons européens et qui représente une menace pour les escargots, les escargots terrestres géants locaux.

La sélection d’un pesticide pour contrôler une espèce envahissante commence avec la détermination de son efficacité contre l’espèce visée et son effet sur toutes les espèces non visées qui seraient éventuellement en contact avec cet agent chimique, soit directement ou par le biais de sources secondaires. De plus, la demi-vie environnementale, la méthode d’application, les moyens pour atténuer le contact avec les espèces non visées, la démonstration de l’efficacité ainsi que la collecte de données pour s’assurer de la conformité par rapport à l’environnement (tel que défini par les organismes de contrôle du pays concerné) doivent être évalués. La plupart des pays exigent que les pesticides soient agrées pour des usages spécifiques. Une fois identifié, testé et agrée, un pesticide peut permettre le contrôle rapide d’une espèce visée sur de larges étendues et de réduire par

conséquent le besoin de personnel ainsi que les coûts pour les méthodes plus traditionnelles telles que les pièges et les barrières.

Parmi les méthodes d’application d’herbicides les plus fréquemment utilisées, on trouve les traitements de l’écorce de jeunes arbres ou dans les plaies créées par l’encerclement ou la coupe. Cette méthode d’application de pesticides sur la souche, déjà évoquée dans la section sur le contrôle mécanique, est très efficace contre beaucoup de plantes ligneuses. Les herbicides peuvent également être appliqués directement sur les feuilles d’une espèce envahissante au moyen d’une éponge ou d’une mèche, alors qu’une méthode moins spécifique consiste à pulvériser le feuillage dans les zones infestées (Étude de cas 5.21: "Le contrôle chimique du Miconia calvescens à Hawaï").

De même, les insecticides peuvent être pulvérisés de façon sélective sur les plantes infestées ou des parties des plantes, voire sans distinction sur une large étendue.

L’application devrait toujours viser, dans la mesure du possible, l’organisme nuisible, par exemple en pulvérisant la partie infestée de la plante au moment le plus vulnérable de la cible, et utilisant que le dosage adéquat afin de minimiser les effets pervers sur d’autres espèces.

Les pesticides sont utilisés contre les vertébrés surtout dans les appâts, par exemple, les stations d’appâts pour les rats. Avant d’utiliser un appât, on peut faire des expériences et des observations à petite échelle pour déterminer quelles espèces non visées y seraient également vulnérables. Avec un peu d’ingéniosité, il peut être possible de concevoir des stations d’appât de sorte à permettre un accès facile aux espèces visées tout en empêchant, dans la mesure du possible, l’accès aux autres espèces. Bien évidemment, une station d’appât ciblée sur une espèce est plus facile à concevoir lorsqu’il s’agit d’un écosystème sans espèces semblables à l’espèce visée (Étude de cas 5.22: "Survol des éradications de rats réussies sur les îles").

Des substances chimiques sont utilisées pour atténuer les maladies chez les humains ainsi que chez les animaux. Les eaux et surfaces susceptibles ou présumées susceptibles de transmettre les maladies sont désinfectées pour tuer les organismes pathogènes avant qu’ils n’affectent les organismes hôtes.

Le traitement chimique est l’une des quelques options pour le contrôle des espèces marines envahissantes, encore que leur potentiel soit limité (Étude de cas 5.19: "Le contrôle mécanique et chimique des ‘‘seastars” en Australie n’est pas prometteur").

Dans les territoires du nord de l’Australie, un programme d’éradication utilisant des pesticides a été mené avec succès contre un organisme marin envahissant, la moule à rayures noire, Mytilopsis sp. (Étude de cas 5.23: "Éradication de la moule à rayures noires (Mytilopsis) dans le ‘‘Northern Territory” en Australie").

Les herbicides, (par exemple, le glyphosate et le 2,4-D) ont été abondamment utilisés à travers le monde comme un moyen rapide et efficace pour contrôler les algues dans les habitats d’eau douce. Cependant, ils ne sont pas sélectifs et ils sont plus difficiles à appliquer directement sur la plante aquatique visée; ils sont plus

susceptibles de causer des dégâts sur les espèces non visées. Le poison roténone pour les poissons (voir Section 5.4.3 pour un complément sur les pesticides biologiques) est fréquemment utilisé pour contrôler certaines espèces de poissons dans les étangs et d’autres petits plans d’eau. Bien qu’efficace pour l’éradication des espèces, le caractère non sélectif de cette méthode ne permet pas son utilisation pour des infestations à grande échelle.

Il existe beaucoup de publications sur la composition, l’application et l’utilisation des pesticides notamment pour le contrôle des insectes et des herbes indésirables (Cadre 5.1: "Des sources de références sur les pesticides chimiques").

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