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Ce chapitre est consacré aux connecteurs vu qu’ils ont un rôle fondamental dans le discours. Ils permettent de donner des instructions qui orientent argumentativement le discours.

Tout d’abord, qu’est ce qu’un connecteur ?

Nous empruntons, en premier lieu, une première définition du mot « connecteur » au Dictionnaire LE PETIT LAROUSSE et une deuxième définition au Dictionnaire Le Petit Robert:

« […] 2. LOG., LING. Mot permettant de composer une proposition à partir

d’une ou de deux autres.221 »

« CONNECTEUR. nm. Appareil de connexion. // Log. Synonyme de OPERATEUR PROPOSITIONNEL.222 »

En second lieu, nous présentons la définition donnée par Charaudeau et Maingueneau dans le Dictionnaire d’analyse de discours :

« La notion de connecteur élargit la notion de coordonnant en regroupant des termes appartenant à diverses catégories grammaticales : articles, conjonctions

[…], locutions conjonctives, adverbes, […] jou […] [ant] un rôle de connexion

entre unités de discours.223»

Il s’agit donc d’un opérateur logique dans le calcul propositionnel.

La terminologie des connecteurs n’est pas fixe. Les uns parlent de connecteurs pragmatiques, d’autres de connecteurs discursifs224, Roulet parle de connecteurs

interactifs, Ducrot parle de mots de discours, Luscher parle de marques de connexion …

L’Analyse de discours a défini les connecteurs pragmatiques comme « des marques de cohésion ». Ces différentes appellations ont le même but ; à savoir signaler que les connecteurs fonctionnent comme des marques indiquant des connexions dont le lieu de réalisation est le discours.

Dans l’ouvrage intitulé Dictionnaire encyclopédique de pragmatique225, Moeschler et Reboul parlent de l’inflation terminologique concernant les

221 LE PETIT LAROUSSE ILLUSTRE, (2006), p.281. 222Le Petit Robert, (1968), Paris, Dictionnaires Le Robert.

223 Patrick Charaudeau et DominiqueMaingueneau, (2002), Dictionnaire d’analyse du discours, Paris, Seuil, p.126, p. 128.

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« connecteurs » : « On parle par exemple de connecteurs sémantiques et connecteurs pragmatiques (Van Dijk, 1977), de connecteurs argumentatifs (Ducrot et al., 1980), de connecteurs discursifs (Blakemore, 1987), de connecteurs interactifs (Roulet et al., 1985), de connecteurs pragmatiques (Moeschler, 1989a), de marques de connexion (Luscher, 1994), d’opérateurs argumentatifs (Ducrot, 1983),…etc. »226. Ils abordent par la suite la notion de connecteur pragmatique et de connecteur argumentatif.

Dans le cadre de ce travail, nous n’avons pas l’intention de proposer un classement plus fin des connecteurs. Notre étude a pour seul but de montrer l’importance de ces « mots vides ». Plus précisément, nous avons essayé de justifier l’idée selon laquelle les connecteurs ont pour fonction de « mettre les informations contenues dans un texte au service de l’intention argumentative globale de celui-ci 227». Cette fonction argumentative des connecteurs a fait l’objet de plusieurs recherches approfondies dont l’ouvrage fondamental est le volume publié en 1980 sous la direction de Ducrot : « Les mots du discours ».

Oswald Ducrot souligne le rôle crucial que jouent les mots argumentatifs, en particulier les connecteurs comme mais, d’ailleurs, puisque, parce que, donc, etc. ...

Du point de vue morphologique, les connecteurs pragmatiques sont des mots outils: ils ont une fonction argumentative et/ou ils servent à structurer les énoncés. Nous proposons la définition suivante du mot «connecteur »: « le connecteur est un élément articulateur de la phrase228 qui lie deux ou plusieurs énoncés en créant un nouveau sens à partir des sens primitifs des énoncés ».

Pour mieux comprendre, voici la structure de base d’un connecteur ayant deux arguments:

P conn Q

P et Q étant les arguments du connecteur, conn signifiant « connecteur ».

Pour analyser le fonctionnement des connecteurs, il faut d’abord repérer P et Q, qui ne se trouvent pas forcément respectivement à gauche et à droite du connecteur; il faut aussi tenir compte du but communicatif de l’auteur.

225 1994

226Moeschler et Reboul, 1994:179 227Plantin, 1989 : fiche 10 228Conjonction, adverbe, locution

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Vu l’importance de ces connecteurs dans l’analyse des textes et des dialogues argumentatifs, nous leur avons consacré ce chapitre pour en parler avec plus de détails. Citons la définition générale des connecteurs pragmatiques229 :

« Un connecteur pragmatique est une marque linguistique, appartenant à des catégories grammaticales variées (conjonctions de coordination, conjonctions de subordination, adverbes, locutions adverbiales), qui :

a. articule des unités linguistiques maximales ou des unités discursives quelconques b. donne des instructions sur la manière de relier ces unités

c. impose de tirer de la connexion discursive des conclusions qui ne seraient pas tirées en son absence. »

Cette définition donne trois caractéristiques définitoires concernant le domaine, la nature du contenu et les effets de l’usage des connecteurs. Prenons comme exemple, la conjonction de coordination « mais » :

Domaine Nature du

contenu Effets de lusage

Mais

Articule deux propositions indépendantes.

Introduit un contraste entre les conclusions que le locuteur invite le

destinataire à tirer.

Permet de faire des inférences qui ne seraient pas possibles en son absence. Il réévalue une information, précédemment entretenue comme vraie ou probablement

vraie, en la supprimant.

Tableau 8 : Les caractéristiques de la conjonction de coordination « mais »

Riegel, Pellat et Rioul définissent les connecteurs comme :

« Des éléments de liaison entre des propositions ou des ensembles de propositions ; ils contribuent à la structuration du texte en marquant des relations sémantico-logiques entre les propositions ou entre les séquences qui les composent ».230

Dès lors, les connecteurs permettent d’assurer la cohésion du texte en précisant les relations entre les différentes étapes du raisonnement. Ils permettent 231:

229(Moeschler et Reboul, 1998:77) 230 Riegel, Pellat et Rioul, 1994

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« D’expliquer un phénomène : par exemple cause, conséquence …

D’enrichir l’argumentation : comparaison, opposition, concession et l’alternative.

D’élargir l’argumentation : but et hypothèse

De mettre en ordre les idées : classement, addition, conclusion.

D’illustrer : l’exemple et l’illustration ».

Nous allons présenter comme premier exemple la conjonction de coordination « mais », qui articule des unités linguistiques maximales ou des unités discursives (des paragraphes par exemple).

Prenons comme exemple : « Il fait beau, mais j’ai envie de rester à la maison ». Nous avons deux propositions indépendantes articulées par « mais » qui introduit un contraste entre les deux unités. Dans notre exemple « le beau temps est une raison de sortir », le contraste intervient entre « le beau temps » et « l’envie de sortir ». Ducrot affirme à propos de « mais » :

« Tout ce que les phrases indiquent, c’est que le locuteur voit une opposition entre des entités sémantiques liées à (ce) qui précède et à ce qui suit mais. Mais les phrases ne disent pas quelles sont ces entités : elles prescrivent simplement à l’interprétant de chercher, vu la situation du discours, entre quelles entités sémantiques liées à ces segments le locuteur établit une relation d’opposition. »232.

« Tout discours [P mais Q] articule deux argumentations, [P donc r] et [Q donc non-r], de conclusions contraires ».233

Dans ses Pensées, Pascal a plusieurs fois employé cette conjonction de coordination. Nous allons présenter un échantillon du traitement automatique de « mais » à l’aide de NooJ4Web, qui nous permet la recherche de mots, de lemmes et de leurs formes fléchies ou dérivées, de collocations complexes par exemple les noms composés et les expressions figées.

L’extraction des connecteurs « et, mais, pourtant, donc » ne nécessite pas la création d’un dictionnaire puisque les données concernant ces connecteurs sont déjà stockées et implémentées dans la mémoire de NooJ sous forme de dictionnaire et de grammaire. Nous allons évoquer un échantillon de ce dictionnaire :

231 Maxicours by EduClever (2015), La fonction des connecteurs. 232 Ducrot, O., (1980), Les mots du discours, les éditions MINUIT, Paris. 233 Ibid.

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Un échantillon du dictionnaire_dm.dic

Fig.10 : Dictionnaire_dm.dic (ressource de NooJ)

Nous avons eu recours à des travaux de test et de validation sur notre corpus. L’application de ce dictionnaire sur notre corpus nous donne les résultats suivants qui se présentent sous forme de tables de concordances:

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Les tables de concordances du connecteur <mais>

Fig. 11 : Table des concordances du connecteur <mais>

Le connecteur « mais » permet de réévaluer une information précédemment entretenue comme vraie, en la supprimant. Il oppose deux arguments en les enchaînant et il présente le dernier argument comme le plus fort argumentativement. Nous pouvons

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prendre un exemple de cette grille montrer les différents emplois de « mais » qui tournent autour de l’emploi adversatif. « Voilà ce que c’est que de connaître Dieu en Chrétien. Mais pour le connaître de cette manière, il faut connaître en même temps sa misère, son indignité, et séparer ces connaissances ; parce qu’étant séparées, elles sont non seulement inutiles, mais nuisibles ». Il s’agit d’une opposition de niveau : nous passons de niveau A au niveau B.

Les résultats sont affichés sous forme de concordances dans une grille de données faisant apparaître les séquences pertinentes dans leur contexte. Ces séquences sont entourées par les contextes dans lesquels elles apparaissent. Suite à ces résultats, nous pouvons construire un rapport statistique des concordances affichées.

Il faut rappeler que les connecteurs pragmatiques possèdent un « contenu procédural ». Contrairement aux autres catégories lexicales, les connecteurs pragmatiques n’encodent pas des concepts, mais des procédures234.

Du point de vue sémantique, on peut se figurer que, pour déterminer les valeurs de « mais », plusieurs éléments du texte doivent être pris en compte: « les segments liés par le connecteur ne sont pas toujours fournis par ce qui précède et suit immédiatement le connecteur mais sont à chercher plus loin dans le texte. ».

Anscombre et Ducrot ont repéré deux différentes fonctions de ce connecteur : réfutatif et argumentatif.235

Ducrot a fait la distinction entre « segments linguistiques » et « entités sémantiques236 » afin de mettre en relief le fonctionnement des connecteurs:

« Nous faisons une distinction entre les segments, c'est-à-dire les propositions grammaticales, précédant et suivant immédiatement le connecteur (nous les notons X et Y), et les entités sémantiques articulées par ce même connecteur (nous les notons P et Q). Une phrase ne peut contenir que des X et des Y, et, par l’exemple, avoir la structure X+connecteur+Y : elle ne peut donc pas indiquer par elle-même ni la nature des entités sémantiques articulées, ni l’étendue des segments où ces entités sont manifestées. Par suite, sa signification ne saurait contenir une proposition posant tel ou tel rapport entre P et Q : la phrase signale seulement à l’interprétant qu’il doit chercher deux entités sémantiques Pet Q liées plus ou moins directement à X et à Y (selon des modalités à définir pour chaque connecteur) et qui peuvent avoir entre elles la relation que le connecteur implique. »

234 Moeschler 2000

235 Anscombre et Ducrot 1977

236 Carel, Marion et Ducrot, Oswald, (septembre 1999), « Le problème du paradoxe dans une sémantique argumentative », Langue française.

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Les connecteurs n’ont pas une signification conceptuelle, mais une signification instructionnelle, c'est-à-dire une signification qui « contient […] des instructions données

à ceux qui devront interpréter un énoncé de la phrase, leur demandant de chercher dans la situation de discours tel ou tel type d’information et de l’utiliser de telle ou telle manière pour reconstruire le sens visé par le locuteur. »237 . Ils ont permis de développer la théorie de la sémantique instructionnelle.

Les connecteurs sont aussi définis comme des marqueurs de fonctions interactives :

« Les connecteurs interactifs marquent la relation entre un (ou des) constituant(s) subordonné(s) (acte, intervention ou échange) et l’acte directeur d’une intervention. »238.

La fonction principale d’un connecteur est donc de signaler la structure du discours et d’indiquer la fonction de l’acte dans lequel il apparaît. (Fonction de structuration du dialogue).

Le modèle genevois fait l’hypothèse que les connecteurs se regroupent en quatre classes principales :

Tableau 9 : Les quatre classes de connecteurs

Les connecteurs argumentatifs Les connecteurs conclusifs Les connecteurs contre-argumentatifs Les connecteurs réévaluatifs

Ils marquent, sur le constituant

subordonné, la relation d’arguments à l’acte directeur : car, parce que, puisque, comme, en effet, d’ailleurs, même, au moins

Ils marquent, sur l’acte directeur, une relation avec un argument :

donc, alors, ainsi, aussi, par

conséquent.

Ils marquent une relation de contre-argument à acte directeur : mais, quand même, cependant, néanmoins, pourtant, bien que. Ils marquent la subordination rétroactive d’une ou d’intervention(s) présentée(s) comme indépendante(s) à un nouvel acte directeur :

finalement, en somme, en fin de compte, de toute façon, décidément, bref, au fond.

237 Ducrot, 1980, 12. 238 Roulet et al. , 1985, 111.

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La sémantique instructionnelle de Ducrot se limite à la signification de la phrase, mais elle correspond à une stratégie ouverte en admettant que le sens de l’énoncé se construit sur la base de la situation de discours. Par contre, le modèle genevois est un programme de recherche fermé qui se base sur des informations linguistiques et qui ne cherche pas à intégrer les informations non linguistiques.

De ce qui précède, nous constatons en premier lieu que les connecteurs permettent d’accéder à des interprétations des textes auxquelles l’interprétant, sans l’aide de l’analyse linguistique des connecteurs, n’aurait pas accès. En second lieu, les connecteurs permettent d’accéder à la représentation de la structure du discours, soit qu’ils indiquent les relations interactives, soit que leur insertion les explicite.

La question de l’intérêt des connecteurs est aussi traitée dans le cadre de la théorie de la pertinence par Grice, Wilson, Sperber et Diane Blakemore.239. Cette dernière voit que les connecteurs sont des contraintes sémantiques sur la pertinence : ils imposent des contraintes sur la formation du contexte (et c’est le cas avec « donc ») et sur les effets cognitifs par ajout d’information avec « parce que » ou par réévaluation d’information ancienne avec « mais ». Ainsi, ils sont des marques procédurales qui ont un rôle dans le traitement des informations au niveau du système central de la pensée. Autrement dit, les connecteurs facilitent le traitement de l’information : ils ont pour fonction de minimiser les efforts cognitifs et de déterminer les effets contextuels de l’énoncé. Ils sont définis sous un nouvel angle : « ils ne fonctionnent ni comme des facteurs de variation des interprétations, ni comme des articulateurs du discours, mais plutôt comme des guides pour l’interprétation » comme l’a déjà dit Jean-Marc Luscher240. En effet, les connecteurs permettent de donner des instructions sur la manière de construire le contexte et sur la manière de tirer des implications contextuelles de l’énoncé. Ils permettent d’assurer de manière efficace la pertinence du discours.

J. Moeschler affirme que « les connecteurs confèrent aux énoncés qui les renferment une orientation argumentative »241 :

« L’orientation argumentative est le produit d’un acte spécifique qui est l’acte d’orienter argumentativement un énoncé ; acte qui impose à l’interlocuteur une

239 1987 240 1994

241 Jacques Moeschler, (2005), « Connecteurs pragmatiques, inférences directionnelles et représentations mentales », Université de Genève.

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procédure interprétative précise, à savoir satisfaire les instructions argumentatives ; tel opérateur argumentatif ou tel connecteur argumentatif donne tel type d’indication sur l’orientation des énoncés qu’il modifie ou articule. »

Il parle de trois classes de connecteurs :

1- Les opérateurs argumentatifs : ne … que, peu, un peu, presque, à peine, loin, même.

2- Les connecteurs argumentatifs : mais, au moins ...

3- Les adjectifs évaluatifs, des verbes et des adverbiaux : seulement (inverseur argumentatif, un opérateur propositionnel qui construit une proposition à partir d’une autre, tout en inversant la visée argumentative de celle de départ) …

Moeschler rappelle que « les connecteurs sont dits pragmatiques pour les distinguer des connecteurs logiques ». Il propose de ne plus analyser les connecteurs comme reliant des contenus propositionnels (P conn Q) ou des unités discursives (I conn A) mais des éléments contextuels d’une part et des propositions d’autre part. A ce propos, nous allons présenter comme exemple, des extraits qui figurent dans les Pensées de Blaise Pascal:

Table de concordances du connecteur<pourtant>

Fig.12 : Table des concordances du connecteur <pourtant>

Les discours en « Pourtant » sont argumentatifs au même titre que les discours en « donc ». Les premiers ont un aspect transgressif et les seconds ont un aspect normatif. Ducrot et Anscombre parlent de deux types d’argumentation : une argumentation normative en « donc » et une argumentation transgressive en « pourtant ». Ils définissent

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tout énoncé comme « un argument pour certaines conclusions et ils lui associent des instructions quant à ses suites possibles ».

Dans l’approche pragmatique, le connecteur a donc la fonction de relier des segments de discours et aussi de rendre la connexion non ambiguë et univoque. C’est la fonction discursive du connecteur pragmatique.

Nous allons évoquer un autre exemple de connecteur : la conjonction de coordination « Donc » qui a fait l'objet de nombreux travaux en AD comme ceux de

Ducrot, Anscombre, Carel, Moeschler… Ces travaux ont abouti à des résultats différents

en raison de la valeur polysémique de « donc » et de ses contextes d’emploi.

L’école genevoise par exemple considère « donc » comme un connecteur consécutif242.

En poussant plus loin cette analyse, on opère une distinction à l’intérieur des connecteurs de conséquence : nous faisons la différence entre […] des connecteurs

comme « donc, par conséquent et alors » avec lesquels le lien consécutif peut sous-tendre un processus déductif, des connecteurs comme aussi et ainsi avec lesquels ce processus n’intervient pas243.

Par ailleurs, un autre dictionnaire du XIXèmesiècle, le Littré, fait le lien entre « conséquence » et « déduction ». C’est un terme de logique qui permet d’évoquer la conclusion déduite d'une proposition, d'un principe ou d'un fait. Ce processus inférentiel est explicité par le célèbre exemple d’Aristote :

[Mineure] (P) «Toutes les créatures à dents sont kleptomanes »

DONC

[Conclusion] (Q) « Les poules sont kleptomanes ».

Fig.13 : Un exemple d’enthymème

Il s’agit, en particulier, d’un enthymème, à savoir un « syllogisme tronqué244», puisque la prémisse majeure (P’: « Tous les hommes sont mortels ») n’est pas exprimée; néanmoins nous pouvons la déduire moyennant un ensemble de connaissances partagées. Les connecteurs joignent les énoncés et les énonciations :

242 Moeschler, Reboul, 1998 243 Ferrari Rossari 1994

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« Une des particularités des connecteurs argumentatifs c’est qu’à la différence des connecteurs logiques, ils permettent de lier non seulement des propositions à des énoncés, mais aussi des énonciations à des propositions, des éléments de la situation extralinguistique »245

L’emploi du connecteur « donc » dans un énoncé permet de convoquer un topos. Par exemple : John est anglais, il est donc courageux. Cet exemple a comme implicite, ou topos « Tous les anglais sont courageux. ». Nous allons présenter un échantillon de traitement automatique qui évoque l’emploi et la fréquence de ce connecteur dans les

Pensées de Pascal. Nous avons eu les résultats suivants qui figurent sous forme de table de concordances :

Table des concordances du connecteur <donc>

Nous passons de l’adversatif au normatif par « donc »pour varier les exemples et pour présenter les différents types de rapports établis entre les propositions

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Nous allons présenter un autre exemple de connecteur : « parce que ». Il met en relation deux contenus sémantiques posés comme vrais et il explique l’un par rapport à l’autre. En fait, les deux propositions constituent une seule énonciation dont le statut est assez proche d’un énoncé au passif avec complément d’agent. Les faits sont envisagés dans le cadre du rapport causal-explicatif instauré par « parce que ». Ce rapport fait appel à des normes d’action, des lieux communs ou des lois de nature qui restent implicites. Citons ces exemples qui figurent dans notre corpus, les Pensées de Blaise Pascal246

Table des concordances du connecteur <parce que>

L’intérêt de « parce que » c’est le fait qu’il peut être remplacé par « donc ». Par exemple :

 Il a réussi ses examens parce qu’il a très bien travaillé.  Il a très bien travaillé donc il a réussi ses examens. Nous avons une relation sémantique entre l’effet et la cause.

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Le connecteur « parce que » nécessite la création d’un dictionnaire, d’une grammaire pour passer à son extraction.

De ce qui précède, nous constatons que la présence d’un connecteur dans un énoncé a deux conséquences comme l’a affirmé Moeschler dans la Théorie de la