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Les composantes de la ville durable

Dans le document • Stratégique Doit être? (Page 35-38)

2.1 L’évolution de la notion de ville durable

2.1.2 Les composantes de la ville durable

La ville durable ou la collectivité viable sont devenues le nouveau mot d’ordre qui alimente les discours politiques et scientifiques. Pour suivre les exigences du développement durable, les principes de la ville durable sont devenus un impératif face à la complexité de l’urbanisation. Ainsi, suivant les mêmes démarches que le développement durable, la ville durable adopte une approche plus gestionnaire des éléments environnementaux. Il s’agit d’améliorer les composantes de la qualité de vie des populations. Présentée comme un changement de paradigme (Mathieu et Guermond, 2005 ; Torrès, 2005), la ville durable serait « […] un modèle de ville plus dense, recherchant une mixité des fonctions sociales, une plus grande qualité architecturale, et tentant de s’organiser autour des systèmes de transports publics » (Torrès, 2005, p.60). De même, comme le développement durable, plusieurs recherches ont défini la ville durable selon leur vision. Les fonctions principales d’une ville durable se résument autour de la compacité, de la mixité et de la citoyenneté. Mais les normes qui peuvent nous permettre d’apprécier ces formes

d’organisation urbaine ne sont pas clairement définies, car chaque domaine a sa vision, ce qui rend son application difficile. Autrement dit, la définition de ville durable regroupe un catalogue de bonnes intentions ou une vision souhaitée du futur de la ville (Sénécal, Reyburn et Poitras, 2005 ; Torrès, 2005). En effet, le concept et les outils théoriques de la ville durable sont divers et parfois contradictoires. Et cela est dû au domaine dont elle dérive, c’est-à-dire le développement durable toujours difficile à appliquer. D’ailleurs, il existe également des contradictions entre les deux notions. D’abord, la vision du moyen terme de la ville durable diffère de la vision à long terme dans laquelle s’inscrit le développement durable (Torrès, 2005). Ensuite, la vision de compacité de la ville durable rentrerait en contradiction avec une ville verte dont elle se réclame. Car la création des espaces verts dans la ville provoque une urbanisation plus étendue. Ou si à l’inverse, la ville opte pour la création des espaces verts périphériques comme l’exemple des ceintures vertes, cela crée l’installation de la population à l’autre extrémité (Couret, Ouallet et Tamru, 2005). Ainsi l’application de la compacité dans le cas d’une ville durable qui se veut verte sera difficile.

La notion de la ville durable se rapporte aussi aux collectivités viables qui se forment autour de la gouvernance environnementale à l’échelle écosystémique. En effet, en plus d’être compacte et mixte, la collectivité viable met l’accent sur la citoyenneté pour « […] rendre la ville socialement équitable, conjuguant une gestion décentralisée et ouverte sur l’empowerment local, mais inscrite dans une gouvernance environnementale à l’échelle de l’écosystème » (Sénécal, Reyburn et Poitras, 2005, p.73). En d’autres termes, la collectivité viable cherche à assurer un cadre de vie écologique, accessible à tous et sociale pour une ville vivante et animée (Vivre en ville, 2012). Il faut retenir que la collectivité viable met aussi l’accent sur la coordination de la politique publique et la mise en œuvre de l’action publique.

Il convient de rappeler que l’approche de la ville durable et de la collectivité viable rejoint également le new urbanism qui est le plus grand mouvement d’aménagement en Amérique du Nord (Sénécal, Reyburn et Poitras, 2005 ; Couret, Ouallet et Tamru,

2005) ou le modèle Rhénan en Europe (Torrès, 2005). En effet, le « new urbanism » ou le nouvel urbanisme vient en réponse à l’urbanisation conventionnelle dans l’aménagement urbain. Cette approche consiste à la revitalisation des quartiers centraux et des banlieues denses pour remédier à l’étalement urbain. Dans la même vision que la collectivité viable, le new urbanism propose une ville « […] compacte, polyfonctionnelle, conviviale, verte, de petite taille, propice aux relations communautaires, dans le souci de l’esthétique et de la qualité des espaces publics » (Sénécal, Reyburn et Poitras, 2005, p.72-73). Cette vision, même si elle propose une nouvelle approche, n’est qu’un retour à l’urbanisme ancien des modèles village d’autrefois (Martin, 2009). En réponse également à la planification procédurale, le new urbanism veut instaurer une ambiance de convivialité où l’aménagement urbain implique la population dans la planification. Ceci favorise la participation de tous les acteurs dans les prises de décisions et promeut la démocratie locale. On reproche toutefois au new urbanism de s’être plus attaché à l’esthétique urbaine plutôt qu’aux dimensions sociale et environnementale (Martin, 2009).

À la lumière de ce qui précède, les notions de ville durable, de collectivité viable et du new urbanism sont complémentaires. Elles prônent toutes l’idéal d’une ville verte compacte et conviviale. Il faut noter que ces approches rejoignent également celles de la croissance intelligente et du Transit-oriented Development (TOD) qui sont des pratiques de planification axées sur la densité de la ville et le développement du transport en commun. Mais en dépit d’assises théoriques pouvant nous permettre d’évaluer ces dimensions, leurs applications sont difficiles et parfois contradictoires (Sénécal, Reyburn et Poitras, 2005 ; Couret, Ouallet et Tamru, 2005 ; Torrès, 2005 ; Martin, 2009). Toutefois, les principales implications de la ville durable résident dans l’application des divers éléments du développement durable, de la prise en compte des intérêts collectifs des acteurs et de l’implication de la population aux prises de décisions (Vivre en ville, 2012). En d’autres termes, la ville durable « suppose une prise en compte systémique de la gestion des villes d’une part, et une participation

accrue des habitants, d’autre part » (Blanc et al., 2005, p.273). Une importance est alors accordée aux outils de gouvernance et de participation publique visant à favoriser une gestion intégrée et concertée de l’espace urbain (Gauthier, 2006).

Ainsi :

[…] le concept de développement urbain durable offre une opportunité de renouvellement des pratiques participatives en matière d’urbanisme, en ce sens que le concept de durabilité pourrait devenir un cadre permettant de dépasser les intérêts particuliers, pour adopter une perspective inclusive et globale (Bacqué et Gauthier, 2011, p.46-47).

Cela fait de la ville durable un nouveau paradigme qui renouvèle l’aménagement et les pratiques planificatrices (Sénécal, Reyburn et Poitras, 2005 ; Couret, Ouallet et Tamru, 2005 ; Torrès, 2005 ; Martin, 2009).

Dans le document • Stratégique Doit être? (Page 35-38)