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Les complications viscérales

PARTIE I : Etat de l'art sur la position assise et le positionnement au

2. LES UTILISATEURS DE FAUTEUIL ROULANT

2.3. Les complications liées à la station assise prolongée

2.3.5. Les complications viscérales

La posture assise cyphotique est responsable de complications sur les organes thoraciques et abdominaux. Ces complications sont dues à l’immobilité (constipation, déconditionnement à l’effort) et/ou à la position elle-même entrainant une déformation ou restriction sur les organes tels que le poumon, les voies aéro-digestives supérieures.

2.3.5.1. Le tube digestif

La position assise prolongée a un impact à la fois sur la déglutition et sur le transit.

La déglutition :

La déglutition est un réflexe complexe qui demande la coordination de multiples muscles de la bouche et du pharynx. Les troubles de la déglutition doivent être dépistés rapidement car peuvent avoir un impact majeur sur la fonction respiratoire et le pronostic vital.

Les troubles de la déglutition sont dus soit :

- À une atteinte neurologique des centres de contrôle de la déglutition,

- À une faiblesse musculaire,

- À un trouble de la vigilance.

De plus, un trouble du tonus axial ou du contrôle postural peut favoriser la survenue d’un trouble de la déglutition. L’hyper-extension cervicale (secondaire à la cyphose dorso-lombaire) favorise la survenue de trouble de déglutition par modification de la position du carrefour aéro-digestif.

L’adaptation de la posture est alors primordiale. La flexion cervicale limite le risque de fausse route (78). La position la plus favorable pour la prise alimentaire des patients dysphagiques est la position assise avec une inclinaison de dossier entre 30 et 50° en maintenant la tête dans l’axe du tronc (79,80).

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Le transit :

Le transit colique dépend du péristaltisme intestinal lui même influencé par les apports du bol alimentaire, de l’hydratation et de l’activité physique. En position assise prolongée, la sédentarité favorise la survenue de constipation. En effet, le temps de transit total est ralenti en comparaison avec la position debout (81).

De plus, une lésion médullaire sera responsable d’une atteinte de l’innervation du tube digestif perturbant le péristaltisme et le fonctionnement sphinctérien. Cela potentialise le risque de survenue de constipation.

Très peu d’études ont évalué l’impact de différentes postures assises sur la survenue d’un ralentissement du transit. La position cyphotique diminue le volume de la cage thoracique et met en pression les organes digestifs. On peut alors penser que cela favorise la survenue de constipation. Le maintien de la lordose lombaire pourrait alors diminuer ce phénomène.

2.3.5.2. Les poumons

L’impact des différentes positions assises sur les capacités respiratoires a été clairement démontré. La position assise cyphotique diminue de manière significative le volume de la cage thoracique. Pour maintenir le volume courant, les mouvements thoraciques augmentent en activant les muscles respiratoires accessoires (25).

Malgré cela, le débit expiratoire de pointe ainsi que la capacité vitale forcée (la capacité vitale forcée représente le volume d’air maximal expiré après une inspiration forcée) diminuent de manière significative. La diminution de la lordose lombaire, notamment sur l’articulation L4 – L5, favorise une diminution significative des paramètres spirométriques (capacité vitale forcée et le volume expiratoire forcé à 1 seconde) (17).

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Figure N°27 : Exploration spirométrique dans différences positions assises : cyphotique (=slumped) ; position assise de référence (=normal) ; position assise avec soutien lombaire

(=WO-BPS) ; debout (17)

L’adaptation de la posture au FR peut permettre de rétablir la fonction respiratoire. Le maintien d’une lordose lombaire par un soutien lombaire sur le dossier permet d’améliorer les capacités pulmonaires et de se rapprocher des capacités pulmonaires expiratoires en position debout (17).

2.3.5.3. Le déconditionnement à l’effort

L’immobilisation assise est source de déconditionnement à l’effort et expose les patients aux complications cardio-vasculaires non spécifiques de la position assise chronique telles que la surcharge pondérale, le diabète, l’hypertension artérielle, etc.

Au niveau musculaire, une amyotrophie musculaire s’installe, source périphérique de déconditionnement à l’effort.

Au niveau vasculaire, la stase sanguine au niveau des membres inférieurs, liée à une atrophie et diminution de la compliance physiologique du système vasculaire périphérique, exposent particulièrement cette population aux complications cardiovasculaires. La diminution du retour veineux entraine une réduction de la précharge cardiaque diminuant le volume d’éjection systolique. Cela est responsable d’une augmentation de la fréquence cardiaque au repos (82).

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Pour lutter contre le déconditionnement, une activité physique régulière est nécessaire. Cependant, pour une personne dépendante du FR, les moyens de lutter contre le déconditionnement sont limités et peu accessibles. Une étude de DeGroot (83) met en évidence une relation significative entre l’âge de la lésion médullaire et la diminution de l’activité physique chez les blessés médullaires. Cela souligne l’importante du suivi et de l’éducation de cette population.

En premier lieu, la propulsion manuelle du FR pour se déplacer ou la pratique du sport permet d’améliorer la force musculaire des membres supérieurs et l’endurance (84). D’autres méthodes sont possibles comme la stimulation électrique localisée, le pédalage ou la marche induite par stimulation électrique fonctionnelle.

La surveillance du positionnement est importante. Un support adapté peut permettre la reprise d’une propulsion autonome du fauteuil ou la réalisation d’une activité sportive. Un support dynamique avec une fonction de verticalisateur peut permettre de réduire la stase veineuse et ainsi de limiter les conséquences cardiaques.

SYNTHESE

Les individus à mobilité réduite, utilisateur d’un FR, sont des patients fragiles. Ils sont exposés aux complications secondaires à la pathologie responsable de la perte de la marche et aux complications secondaires à la posture assise prolongée qui leur ait imposé.

Les complications spécifiques de l’assise prolongée (douleurs, troubles trophiques, pathologies ostéo-articulaires, troubles digestifs et respiratoires) sont principalement liés au tableau clinique du patient (trouble de la sensibilité, troubles vésico-sphinctériens, etc.),

au maintien de la position cyphotique et/ou à un support inadapté. La prise en charge spécialisée du positionnement pour permettre d’adapter le support à alors toute sa place.

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