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Les compagnies privées d’exploitation des ressources naturelles sont actuellement en plein essor dans les pays en voie de développement (WWF, 2006a). Effectivement, même si la globalisation et le néolibéralisme ont facilité l’apport de l’aide financière internationale pour la création et le maintien des parcs nationaux, ils ont aussi facilité l’accès aux terres non protégées pour l’exploitation forestière, minière et pétrolière (Bowles et al., 1998). Le fonctionnement de l’établissement des compagnies privées à proximité des parcs nationaux est fort simple. Les gouvernements louent des terres aux compagnies (concessions) qui varient en termes de coût et de superficie. Les compagnies exploitent les ressources présentes sur ce territoire pour un certain nombre d’années selon les contrats. Elles s’installent généralement à proximité des ressources naturelles, souvent en périphérie des parcs nationaux, afin de diminuer les frais de transport (WWF, 2006a). L’exemple du bassin du Congo est frappant alors que les compagnies privées dominent les territoires forestiers. Les compagnies forestières occupent à elles seules près de 80 % des territoires forestiers du Cameroun (Byers

et al., 2001). Les revenus générés aux gouvernements par les concessions occupent une grosse

La faiblesse des systèmes fonciers et de la réglementation sur l’exploitation des ressources naturelles facilitent l’établissement des compagnies privées (WWF, 2006a). Or, les compagnies forestières, minières, pétrolières ou de plantation commerciale venues souvent des pays occidentaux adoptent généralement des pratiques qui maximisent les profits à court terme sans se soucier de la durabilité de l’exploitation des ressources, ni des impacts environnementaux et socio-économiques de leurs activités corporatives (Byers et al., 2001). Les mesures à adopter pour internaliser2 ces impacts engendreraient des coûts supplémentaires aux compagnies (Field et Olewiler, 2005). Les principales menaces des compagnies privées sur la biodiversité des zones tampons et des parcs nationaux sont :

• La déforestation et fragmentation.

• La récolte de produits forestiers ligneux et non-ligneux. • Le braconnage.

• L’empiètement.

• Le détournement et contamination des cours d’eau.

Les pressions énumérées ci haut se font principalement dans les zones tampons des parcs nationaux. Toutefois, il arrive que les compagnies privées exercent leurs activités d’extraction à l’intérieur même des limites des parcs nationaux, ce qui entraîne des impacts encore plus intenses sur la biodiversité et sur les peuples autochtones (WWF, 2006a). Par exemple, les parcs nationaux Loango et Mouakalaba-Doudou du complexe d’aires protégées de Gamba au Gabon sont aux prises avec des compagnies pétrolières qui y opèrent leurs activités depuis des décennies (WWF, 2006b). Plus récemment, le lobbying des compagnies minières multinationales ont forcé le gouvernement indonésien à ouvrir les aires protégées à l’exploitation minière (Mining Watch Canada, 2005). Les impacts des compagnies privées sur la biodiversité des parcs nationaux peuvent être directs et indirects.

2 L’internalisation est la prise en compte des impacts environnementaux et sociaux dans l’économie de

Les impacts directs des compagnies privées sur les terres forestières non protégées sont bien connus. En effet, l’implantation des compagnies privées à proximité des parcs nationaux cause une déforestation massive sur des superficies importantes afin de permettre l’extraction des ressources naturelles (bois, métaux, minerais, pétrole) ou la plantation de monocultures à grande échelle (Annexe 1, figure A1) (WWF, 2006a). De plus, la fragmentation des écosystèmes forestiers par la construction des routes forestières a des impacts très marqués sur la biodiversité (Byers et al., 2001; WWF, 2006a). Que les activités des compagnies privées soient légales ou non, l’intensité des impacts directs sur la biodiversité des parcs nationaux et de leurs zones tampons est très élevée. En fait, cette perte massive d’habitat naturel à grande échelle est la première cause de la chute de la diversité biologique terrestre.

Toutefois, ce sont les impacts indirects qui causent le plus de dommage à long terme sur les parcs nationaux et leurs environs. En effet, les compagnies privées ouvrent des territoires de forêts vierges auparavant inaccessibles (Byers et al., 2001). Les employés des compagnies privées peuvent donc chasser illégalement aux cœurs des massifs forestiers tout en ayant accès aux moyens de transport des compagnies et aux routes forestières pour acheminer la marchandise vers les marchés illégaux urbains (Bowen-Jones et Pendry, 1999; WWF, 2006a). De plus, les routes construites durant la période d’exploitation sont rarement fermées à la fin des contrats d’exploitation, ce qui facilite l’accès aux communautés immigrantes tout en désenclavant les communautés autochtones. Ces dernières s’installent de façon permanente en bordure des routes et y exercent les pressions de dégradation et d’empiètement identifiées à la section 3.1.2. Ces impacts indirects cumulatifs, causés initialement par une seule route, peuvent entraîner beaucoup de dommages aux écosystèmes forestiers des zones tampons (Annexe 1, figure A2) (Byers et al., 2001; WWF, 2006a). Également, l’explosion des emplois que génèrent les compagnies privées attire davantage de familles dans les régions rurales. Il y a donc une augmentation des superficies agricoles et une intensification des pressions de chasse et de braconnage sur la faune. Rapidement, il y a des dangers supplémentaires d’empiètement sur les parcs nationaux (Byers et al., 2001).

Les impacts indirects sont d’autant plus intenses qu’ ils se poursuivent après le retrait des compagnies privées à l’échéance de leurs contrats d’extraction (WWF, 2006a). La cascade d’impacts anthropiques engendrés par l’établissement des compagnies privées en zones tampons menace sévèrement la survie des parcs nationaux. Dans le basin du Congo, deuxième plus grand massif forestier du monde, les compagnies privées forestières, minières et pétrolières représentent la principale menace sur les parcs nationaux (Byers et al., 2001). Bien que certains organismes internationaux de surveillance tels que Global Forest Watch arrivent à cibler les zones d’exploitation illégales, il demeure néanmoins difficile de s’immiscer dans la gouvernance parfois corrompu des pays sous-développés.