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Les climats bretons façonnés par la géographie de la péninsule .1 Les grandes tendances à l'échelle du territoire

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 34-39)

Le climat d’une région est fortement dépendant de sa géographie. Dans le cas de la Bretagne, l’influence de l’océan, de l’orientation des côtes et du relief génère une diversité climatique importante à l’échelle de la région. Le climat général de la Bretagne est qualifié de tempéré océanique de façade ouest. Il se caractérise par des hivers doux et humides et des étés frais généralement moins arrosés. Ainsi en janvier les températures moyennes sont généralement comprises entre 4 et 7°C et en juillet-août entre 15 et 20°C. Les précipitations annuelles, comprises le plus souvent entre 600 mm et 1000 mm, présentent une importante variation quant à leur répartition spatiale, ainsi Mounier (1979) estime que « le tiers à peine de la péninsule reçoit plus de 1000 millimètres d’eau par an ». Ces pluies sont plus abondantes durant l’automne et l’hiver qu’en été, le minimum étant atteint à la fin de l’été et le maximum au début de l’hiver. Mais les régimes purement océaniques cèdent souvent la place, à l'intérieur des terres et vers l'est, à un régime moins net où tous les mois connaissent des hauteurs d'eau moyennes très voisines et où l’amplitude thermique est plus importante (figure 1.5) : « Si l'arrière pays est moins élevé, ce qui est le cas dans l'ouest français, les précipitations tendent à s'uniformiser selon les saisons (...). On passe, dans ces régions, d'un climat océanique pur, limité à peu près au littoral, à un régime océanique confus » (Péguy, 1970). L’été est généralement plus chaud en s’éloignant de la côte, tandis que l’hiver les températures sont plus basses à l’intérieur des terres, surtout sur les principaux reliefs qui, mêmes modestes, suffisent à abaisser de quelques degrés les températures moyennes.

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Figure 1.5 Schéma simplifié des limites des climats bretons (d'après les cartes climatiques détaillées de St Brieuc-Lorient, Brest, Rennes et Nantes, source : CNRS - équipe de recherche n°30, 1980)

De façon générale, l'hypsométrie continue de jouer le rôle déterminant dans la répartition des précipitations mais, très vite, l'éloignement de la mer et la situation topographique par rapport au flux humide deviennent tout aussi importants. Ainsi les bassins topographiques, même de dimensions modestes, sont sensiblement moins arrosés que les hauteurs environnantes : près de 300 millimètres d'écart entre Rennes et Paimpont, davantage encore entre la côte de Penthièvre et les hauteurs du Mené. Les gradients pluviométriques ne sont donc pas négligeables et entraînent une réelle diversité des conditions régionales et locales. Le climat océanique se dégradant très rapidement avec l’éloignement à la côte, on commence à parler d’un « climat océanique dégradé » à l’est de la ligne St Brieuc - Vannes. De ce fait, les conditions climatiques du bassin de Rennes se rapprochent davantage de celles observées dans le centre du bassin Parisien que dans la partie occidentale de la Bretagne (Brisse et al., 1982 ; Pagney, 1988 ; Dauphiné et Ottavi, 1995). A Nantes, du fait d’une plus grande proximité à l’océan par rapport à Rennes et d'une situation plus méridionale, le rythme pluviométrique est comparable à celui de la Bretagne occidentale mais avec un volume de précipitations légèrement inférieur.

Chacune de ces grandes tendances climatiques connaît des variations locales. Celles-ci peuvent être liées au relief entraînant l’existence de corridors naturels pour le vent par exemple, mais aussi à l’orientation des côtes pouvant protéger des terres par rapport aux vents dominants. Les températures moyennes variant peu à l’échelle du territoire breton, ce sont les précipitations qui permettent le mieux de distinguer des nuances à l’intérieur du domaine de climat océanique. Les climats du littoral et des terres vont ainsi être présentés dans leur diversité dans les paragraphes suivants.

1.7.2 Le climat du littoral : une influence maritime variable

Alors que le climat océanique concerne une grande partie de la France, l’influence maritime est limitée à quelques dizaines de kilomètres sur la bordure du continent (Planchon, 1994, 1997 et 1998). En Bretagne, on observe ainsi un climat océanique à influence maritime pour les stations de Brest, Lorient et Dinard, tandis que cette influence maritime s’atténue puis disparaît pour les

villes se trouvant plus à l’intérieur telles que Nantes et surtout Rennes (Mounier, 1964). Le climat du littoral est donc, avec sa variante hyper-océanique, le plus doux de la région du fait de l'influence maritime. La présence de l'océan encadrant la Bretagne joue également sur la variabilité du climat, les vents faisant se succéder, parfois rapidement, des épisodes pluvieux et des ciels clairs. Cependant, les côtes bretonnes présentent également des variations climatiques, plus ou moins fortes, entre elles. Celles-ci sont dues à l’indentation et à l’orientation des côtes par rapport aux vents dominants. Ainsi les côtes du Finistère, directement exposées aux vents d’ouest, sont les plus venteuses et les plus arrosées de Bretagne, tandis que les côtes du Morbihan, plus protégées, se trouvent être les plus ensoleillées de la région. Entre ces deux situations se trouve le littoral nord, bordant la Manche, qui présente une partie orientale relativement ensoleillée. Pour illustrer les particularités du climat du littoral breton, des diagrammes ombrothermiques ont été réalisés pour les stations de Brest, Lorient et Dinard (figure 1.6). Les données utilisées proviennent de la base de Météo-France pour la période 1951-1980, afin de présenter la situation avant les années 1980 où le changement climatique commence à se voir plus nettement.

Figure 1.6 Diagrammes ombrothermiques de 3 stations littorales bretonnes : Brest, Dinard et Lorient pour la période 1951-80 (source des données : Météo-France)

Sur ces diagrammes ombrothermiques on remarque que les régimes pluviométriques de Brest et Lorient sont proches, la principale différence se situant au niveau des maxima mensuels qui sont d’environ 140 mm en janvier et décembre à Brest tandis qu’à Lorient, pour ces mêmes mois, le total mensuel maximal n'est que légèrement supérieur à 100 mm. Le diagramme ombrothermique de la station de Dinard présente des précipitations inférieures à celles de Brest et Lorient. La variabilité pluviométrique intra-annuelle est cependant similaire aux deux autres stations puisque l'on retrouve les mois les plus pluvieux sur la période hivernale, tandis que le printemps et l'été sont plus secs. On observe ainsi l'influence de l'océan sur le climat océanique pour les stations de Brest, Lorient et Dinard.

1.7.3 Le climat des terres marqué par la diminution de l’influence océanique

Le climat des régions intérieures de la Bretagne, moins soumis à l'influence maritime que le littoral, conserve tout de même des caractéristiques climatiques océaniques. La figure 1.7 présente ainsi les tendances climatiques de deux stations situées dans les terres : Rennes et Nantes. Tout comme pour les stations littorales, ces diagrammes sont construits à partir d'observations du réseau de Météo-France sur la période 1951-1980. Un des effets les plus notables de la perte progressive de l'influence de l'Océan Atlantique sur les terres bretonnes est l'augmentation de l'amplitude thermique moyenne annuelle.

Figure 1.7 Diagrammes ombrothermiques de 2 stations des terres bretonnes : Rennes et Nantes pour la période 1951-80 (source des données : Météo-France)

Au fur et à mesure que l'on s'éloigne du littoral les hivers sont plus froids et les étés plus chauds.

Le second effet que l'on peut mesurer est sur les précipitations qui varient moins que sur la côte et qui sont globalement plus faibles. Le régime pluviométrique de Rennes est, en effet, légèrement différent de ceux de Brest et Lorient, même si on retrouve des similitudes au niveau de l’allure générale du rythme pluviométrique pour les trois stations. Ces stations sont effectivement en moyenne plus arrosées en automne, un peu moins en hiver. Le printemps et l’été sont les saisons les moins arrosées, ponctuées par une pointe pluviométrique en mai (Mounier, 1964). A Rennes les maxima mensuels sont compris entre 60 et 70 mm et correspondent à la période automnale. Cette station a la particularité d’avoir des valeurs de précipitations mensuelles qui varient moins, amplitude de 30 mm, en comparaison des stations de Brest et Lorient, où les amplitudes sont respectivement de 100 et 70 mm. Le diagramme de Nantes se rapproche de celui de Rennes quand on observe les variations mensuelles, mais les précipitations plus abondantes à Nantes, surtout en saison fraîche, traduisent une ambiance maritime que ne connaît pas Rennes.

Le relief a également un impact notable sur le climat. Certes la Bretagne n'est pas la région française la plus accidentée, mais nul besoin d'être en montagne pour observer ses effets sur le climat. Les vallées, creusées par le réseau hydrographique, présentent une amplitude thermique plus importante qu'en altitude (Hufty, 2001). Le relief canalise également le vent et peut en diminuer la vitesse. Les plus hauts reliefs bretons, 385 m dans les Monts d'Arrée, trop modestes pour engendrer un climat montagnard, présentent tout de même un climat différent du reste de la Bretagne occidentale. Les vents y sont plus forts et les températures plus basses que sur le littoral

finistérien, pourtant proche. Les précipitations y sont également plus importantes que sur le reste du territoire breton, puisque le cumul annuel brut de 1100 mm de pluie est régulièrement atteint (Le Lannou, 1950). Le déficit d'évaporation est donc plus faible sur les reliefs bretons que dans les plaines (Dubreuil, 1997). La géologie et le climat des Monts d'Arrée en font un endroit peu propice au développement de l'agriculture principalement occupé par la lande, comme on peut le voir au Ménez Hom (figure 1.8), sommet isolé des Monts d'Arrée mais présentant les mêmes caractéristiques géologiques et climatiques.

Figure 1.8 Panorama depuis le Ménez Hom, alt. 330 m (29) (Crédit photo : Chloé Lamy)

La diversité climatique spatiale ainsi appréciée permet de mettre en évidence des secteurs a priori plus sensibles à la sécheresse que d'autre, à l'échelle de la Bretagne. Cet aspect est approfondi dans la partie suivante, où les sécheresses passées sont étudiées à travers leurs fréquences et intensités, mais aussi de leur répartition spatiale pour mieux cerner le risque sécheresse actuel.

L'importance du bocage, avec près de 180 000 km de linéaire de haies en 2008 (DRAAF de Bretagne, 2008) a un effet notable sur le climat breton. Mérot et Desbrosse (1996) mentionnent ainsi l'hétérogénéité climatique parcellaire induite par l'orientation des haies en fonction des vents dominants. Guyot (1983) précise que la hauteur de la haie et sa densité ont un impact sur le comportement du vent suite au passage de la haie (figure 1.9). Il explique ainsi que la longueur de la surface protégée par les haies est proportionnelle à leur hauteur. La figure 1.9 illustre ses propos en mettant en évidence la turbulence du vent au passage d'une haie imperméable (donc dense) qui peut occasionner des dégâts sur la végétation. Tandis qu'au passage d'une haie perméable le comportement du vent est plus stable et est dévié sur une plus grande distance.

Figure 1.9 Comportement du vent au passage d'une haie, en fonction de sa perméabilité (Guyot, 1983)

C'est la perméabilité de la base de la haie qui est la plus importante car en cas de perméabilité progressive avec la hauteur, la haie se comporte comme une haie imperméable. Alors qu'une haie

peu dense à sa base par rapport à la cime des arbres aura le même effet qu'un brise-vent perméable (Charfi, 1980). Une haie est dite perméable à partir d'une porosité de 25 %.

Dans ses travaux, Guyot (1983) témoigne aussi de l'effet des haies brise-vent sur les microclimats à travers leurs conséquences sur le bilan radiatif. La modification de la vitesse du vent peut, en effet, modifier l’ensemble des échanges énergétiques au voisinage de la surface du sol. Les haies ont également un impact sur les températures (Van Eimern et al., 1964 ; Guyot et al., 1976), l'évapotranspiration potentielle et donc sur les sécheresses. Pour les précipitations c'est l'association au vent qui va occasionner une répartition spatiale modifiée par la présence de haie.

En effet, la face au vent de la haie reçoit plus de pluie que la face sous le vent (Guyot, 1983).

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