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IV. Les plantes et molécules analysées dans le cadre du présent travail

2. Kalanchoe blossfeldiana Poelln

2.1. Classification

Règne : Plantae

Sous règne : Tracheobionta Division : Magnoliophyta

Classe : Magnoliopsida Sous classe : Rosidae

Ordre : Rosales

Famille : Crassulaceae Genre : Kalanchoe

Espèce : Kalanchoe blossfeldiana

2.2. Usage traditionnel et propriétés pharmacologiques

Kalanchoe blossfeldiana Poelln est une plante ornementale vendue par des fleuristes belges. La plante mesure entre 20 et 30 cm (figure 18). Cultivée pour ses fleurs, la forme sauvage a été modifiée et de nos jours on observe plusieurs cultivars avec divers coloris (rouge, rose, jaune, blanc). Les fleurs, nombreuses et groupées en inflorescences d’environ 10 cm de diamètre, mesurent 1 cm de diamètre. Les feuilles sont ovales, pointues et cireuses, de couleur vert foncé.

Elles mesurent de 3 à 6 cm de long [Smith, 2004].

Traditionnellement les espèces du genre Kalanchoe sont utilisées pour le traitement de la fièvre,

des contusions, de la toux, des affections de la peau [Supratman U. 2000]. Kalanchoe grasilis

Hance est utilisé dans le traitement de l’inflammation [Chiung-Sheue Liu et coll. 1989], de même que Kalanchoe tomentosa Baker [Rasoanaivo P. 1993], Au Brésil Kalanchoe tubiflora Hamet est

utilisé comme cicatrisant [Schimdt et coll., 2009]. Dans les zones où elles poussent, les espèces

du genre Kalanchoe sont réputées être toxique pour les animaux à cause des glycosides

cardiotoniques qu’elles renferment notamment les bufadiénolides [Smith, 2004]. Les

investigations phytochimiques réalisées sur différentes espèces de Kalanchoe ont permit d’isoler

et d’identifier plusieurs bufadiénolides. Ainsi les lanceotoxines A et B ont été isolées de

Kalanchoe tomentosa Baker [Lorens A. 1984] ; les Bryophyllines A, B et C ainsi que la

bersaldegenine et ses dérivés ont été isolés de Kalanchoe daigremontiana Hamet et Perr et

Kalanchoe pinnata L Persoon [Supratman U. 2001 ; Supratman U. 2000] ; la daigremontianine

est un autre bufadiénolide isolé de Kalanchoe daigremontiana Hamet et Perr [Wagner W. et

coll., 1984].

La bryophilline B et la lanceotoxine B sont deux molécules isolées des Kalanchoe et pour

lesquelles il a été rapporté une activité biologique. Une étude de cytotoxicité réalisée sur des

cellules cancéreuses KB, a montré un IC50 pour la bryophilline B, inférieure à 80ng/ml

[Yamagishi T et coll., 1989]. La lanceotoxine B est un inhibiteur de la pompe NaVK^ ATPase des myocytes cardiaques mais n’est pas neurotoxique [Van der Walt et coll., 1997]. Un extrait de

Kalanchoe pinnata L Persoon a démontré in vivo une potentielle activité antileishmania chez la

souris [Torres-Santos et coll., 2003].

2.3. Notre stratégie d’investigation

Le genre Kalanchoe appartient à la famille des Crassulaceae, la présence de bufadiénolides,

d’acides gras, de triterpénoïdes et de flavonoïdes dans les espèces de ce genre est connue [Wu Pei-Lin 2006 ; Almeida A.P. 2000]. Les membres de cette famille sont souvent à la base d’intoxication du fait des glycosides cardiotoniques qu’ils contiennent. Toutefois les stéroïdes cardiotoniques sont une classe de produits naturels utilisée en thérapeutique pour augmenter la force contractile des patients souffrant d’insuffisance cardiaque en inhibant la pompe NaVK^ ATPase de la membrane plasmique entraînant une augmentation du sodium et du calcium intracellulaire concommitante à une baisse du potassium intracellulaire [Newman et coll., 2008 ; Mijatovic et coll., 2007]. Cette pompe à sodium/potassium est un récepteur des stéroïdes

cardiotoniques incluant les cardénolides et les bufadiénolides (figure 19). La pompe à sodium/potassium a également un rôle de transducteur de signal indépendamment des variations des concentrations intra cellulaire en Na^ et K^. Cette fonction nécessite une association initiale entre la pompe et la tyrosine kinase Src suivie d’une activation de la cascade des MAPK kinases [Lefranc et coll., 2008 ; Mathieu et coll., 2009]. De nombreuses études ont établi que les changements dans le transport membranaire des cations observés lors de la transformation maligne des cellules sont dues à une altération de l’activité de la pompe Na^/K^-ATPase [Newmam et coll., 2008]. La pompe NaVK^-ATPase est un hétérodimère composé de deux sous-

unités en quantité équimolaire : la sous-unité catalytique alpha (protéine à 10 passages

transmembranaires qui contient des sites de liaison pour le sodium, le potassium, l’ATP et pour les stéroïdes cardiotoniques) et la sous-unité régulatrice beta (protéine transmembranaire contenant de multiples sites de glycosylation et indispensable pour la biogenèse et l’activité du complexe enzymatique). Il existe quatre sous-unités alpha (1, 2, 3 et 4) et trois sous-unités beta (1, 2, 3) caractérisées à ce jour. Chaque sous-unité alpha peut s'associer avec chacune des trois

sous-unités beta formant ainsi différents isozymes. Plusieurs travaux ont démontré l’altération des

niveaux d’expression des différentes sous-unités de la pompe à sodium/potassium dans les cellules cancéreuses et la sous unité alpha est désignée comme étant une nouvelle cible anticancéreuse [Mijatovic et coll., 2009 ; Mijatovic et coll., 2008]. Il est intéressant de remarquer

la répression de la sous-unité beta-1 dans tous les cancers épithéliaux analysés, sachant

qu’environ 80% des cancers proviennent des tissus épithéliaux. Par contre, certaines sous-unités alpha semblent être surexprimées dans les cellules cancéreuses. Cependant, peu de travaux ont investigué les altérations de l’expression des sous-unités alpha dans les cancers, si ce n’est le groupe au sein duquel le présent travail a été réalisé (voir pour revue Mijatovie et coll., 2007 ; Mijatoviv et coll., 2008).

L’usage des glycosides cardiotoniques notamment des cardénolides comme candidat potentiel dans le traitement du cancer fut initié il y a plus de 40 ans, mais fut abandormé du fait de leur toxicité. Récemment l’équipe du Professeur Robert Kiss a introduit la molécule UNBS14150 en phase I clinique. Cette molécule est obtenue par hémisynthèse à partir de la 2-oxovoruscharine un

cardénolide isolé de Calotropis procera W T Aiton [Van Quaquebeke et coll., 2005]. UNBS1450

a un effet inhibiteur marqué sur l’activité de la sous unité a de la pompe NaVK^-ATPase et

désactive la voie NF-kB en inhibant la portion I-kB et en stimulant la portion p65/ReLA de celle-

ci [Mijatovic T et coll., 2006]

En revanche, les bufadiénolides ont été très peu étudiés en oncologie, pourtant des bufadiénolides sont en mesure d’induire, chez différents types de cellules malignes, l’apoptose qui joue un rôle clé dans le développement et la progression des cancers [Bielawski et coll., 2006 ; Gao et coll., 2010]. En s’appuyant sur les données de la littérature, nous avons mené une investigation sur le

potentiel anti-tumoral des différentes parties (racine, tige, feuilles) du Kalanchoe blossfeldiana

3. LMsostrychnopentamine

3.1. Origine

Le Strychnos usambarensis Gilg est l’une des trois espèces du genre Strychnos les plus répandues

en Afrique. Suivant la zone géographique dont il est issu, il peut être sous forme de liane pouvant atteindre 70 m de long ou d’arbre de 5 à 15 m de haut [Angenot et Denoël, 1972], Les

investigations phytochimiques réalisées sur Strychnos usambarensis depuis plus de 20 ans,

indiquent la présence d’au-moins 60 alcaloïdes regroupés selon leur capacité à précipiter en milieu alcalin [Angenot, 1975]. L’isostrychnopentamine a été isolée à partir des feuilles et appartient au groupe d’alcaloïdes qui précipitent le moins.

L’isostrychnopentamine est un isomère de la strychnopentamine, un alcaloïde bis-indolo monoterpénique possédant une structure atypique avec cinq atomes d’azote (Figure 20) d’où les noms de strychnopentamine et isostrychnopentamine. L’isostrychnopentamine (l’ISP) a été formellement identifiée en 1987 [Tavemier et colL, 1987].

3.2. Propriétés pharmacologiques déjà connues

Bien que l’on concède diverses propriétés pharmacologiques aux alcaloïdes du genre Strychnos, à

ce jour seules des propriétés anti-malarique et pro-apoptotique sont reconnues à 1 ’ isostrychnopentamine.

L’activité anti-malarique de l’isostrychnopentamine a été évaluée in vitro sur différentes souches

de Plasmodium falciparum chloroquino-sensibles et chloroquino-résistantes. Frédérich et ses

collaborateurs ont évalué pour l’isostrychnopentamine un IC50 de l’ordre de 120nM [Frédérich et coll., 2008]. Contrairement à la chloroquine et à la quinine qui ne sont actives que sur le trophozoïte, l’isostrychnopentamine semble agir sur les différentes étapes du cycle biologique du

Plasmodium falciparum. Elle interfère notamment avec le réseau de tubule du Plasmodium falciparum qui assure le transport des nutriments à partir du cytoplasme de l’érythrocyte infecté

[Frédérich et coll., 2004]. Une étude « relation structure - activité » a montré que l’activité anti- plasmodique de l’isostrychnopentamine était corrélée à la position d’un hydroxyle en C-11 et d’un noyau pyrrolidine en C-12 (Figure 21) [Frédérich et coll., 2002].

D’anciennes études, réalisées avec la strychnopentamine, font état d’une activité antiproliférative

in vitro et anticancéreuse in vivo sur souris porteuses d’une tumeur ascite d’Erlich. Cependant, à la dose efficace pour obtenir un effet cytotoxique sur la tumeur, la strychnopentamine entraine une hémolyse et une dégradation de l’état général des souris [Quetin-Leclerq et coll., 1992]. Faisant suite à ces résultats, Frédérich et ses collaborateurs ont investigué les activités biologiques de son isomère l’isostrychnopentamine sur des lignées cancéreuses humaines HCT-116 et HCT- 15 de colon. L’isostrychnopentamine à une concentration de 15pM, provoque un arrêt du cycle cellulaire dû à une activation de p21 indépendante de p53, et une mort par apoptose induite par la voie mitochondriale [Frédérich et coll., 2003a]. L’activité pro-apoptotique de l’isostrychnopentamine, n’apparaitrait qu’à des concentrations largement supérieures (50 à 100 fois) à celles observées pour les propriétés anti-malariques [Philippe et Angenot, 2005].

Figure 21: Relation structure activité anti-plasmodique de l’Isostrychnospentamine

Toutefois l’isostrychnopentamine, à travers son mécanisme d’induction de l’apoptose indépendant de p53, est différent des substances pro-apoptotiques (campothécines, alcaloïdes du

Vinca et autres taxanes) très largement utilisées en chimiothérapie anticancéreuse [Frédérich et coll., 2003b],

L’isostrychnopentamine apparait donc comme une piste intéressante dans la recherche de nouvelle molécule douée de potentiel anticancéreux

3.3. Notre stratégie d’investigation

Les plantes ont joué un rôle important dans la découverte et le développement de nouvelles molécules, particulièrement en ce qui concerne les molécules anticancéreuses qui pour la moitié sont d’origine végétale [Newman et Cragg, 2009 ; Cragg et coll., 2009 ; Ingrassia et coll., 2009]. La majorité des anti-cancéreux disponibles sur le marché bien qu’ayant des cibles biochimiques différentes, induisent l’apoptose des cellules cancéreuses [Giammarioli et coll., 2008].

Néanmoins pour les cancers métastasiques, force est de reconnaitre que la chimiothérapie n’a pas significativement améliorée le taux de guérison des malades [Savage et coll., 2009] puisque 90% des malades meurent des métastases qu’ils développent à la suite d’un cancer [Wilson et coll., 2009].

Aujourd’hui, la nécessité de trouver des nouvelles molécules anticancéreuses efficaces contre les cancers métastasiques reste une priorité pour la communauté scientifique. A cet égard, l’isostrychnopentamine un alcaloïde bis-indolique a retenu notre attention.

Bien que l’isostrychnopentamine semble lui aussi induire l’apoptose des cellules cancéreuses, le fait que ce mécanisme soit indépendant de p53 en fait un candidat anti-cancéreux intéressant. En effet très souvent la mutation de p53 est à la base de la chimiorésistance des cellules cancéreuses à la doxorubicine, l’étoposide, le paclitaxel, ou la vincristine, lesquelles induisent habituellement l’apoptose via une voie dépendante de p53 [Frédérich et coll., 2003]. De plus, contrairement à la campothécine ou à ses dérivés, dont l’origine biosynthétique est la même que pour l’isostrychnopentamine, l’activité catalytique des topoisomérases humaines n’est pas altérée par l’isostrychnopentamine [Frédérich et coll., 2003].

La lignée cellulaire HCT-116 étant sensible aux molécules induisant un stimulus pro-apoptotique, nous avons choisi de tester les effets de l’isostrychnopentamine sur des lignées ayant un certain niveau de résistance aux stimuli pro-apoptotiques : les lignées cancéreuses humaines de glioblastome U373 [Lefranc et coll., 2008] et de poumon non à petites cellules A549 [Mijatovic et coll., 2007]. La lignée cancéreuse de la prostate (PC3) plus sensible habituellement aux stimuli pro-apoptotique que les deux lignées précédentes est choisie comme lignée de contrôle [Dumont et coll., 2007].

Figure 22: les phytotoxines peuvent interagir avec différentes cibles moléculaires, entrainant une perte de l'intégrité membranaire, la perturbation de la biosynthèse de métabolites cruciaux [Môbius et Hertweeck, 2009J.

Pour ces différentes lignées l’ICso de l’isostrychnopentamine sera déterminé au moyen d’un test MTT, la vidéomicroscopie quantitative viendra ensuite fournir des indications substantielles sur le type et les mécanismes anti-cancéreux potentiels de cette molécule sur ces lignées cancéreuses « apoptose-résistantes ». Le type de mort cellulaire sera déterminé par cytométrie de flux après marquage à l’armexin-V et à l’iodure de propidium. Enfin le niveau de déplétion en ATP sera considéré et évalué par bioluminescenee.

4. Diverses phytotoxines d’origine fongique

4.1. Origine

La coévolution « plante - ehampignon » a favorisée dans bien des cas, le développement de capacités de résistances mutuelles entre les plantes et les champignons. Très souvent, pour inhiber les systèmes de défenses des plantes, les champignons sécrètent à l’intérieur des plantes des effecteurs communément appelés toxines [Ottman et colL, 2009]. Les phytotoxines fongiques comme leur nom l’indique sont des toxines produites par les champignons parasites des plantes. Les toxines ainsi produites sont "hôte spécifique" ou "hôte non spécifique", mais contribuent dans les deux cas à la virulence microbienne en facilitant la mise à mort des tissus végétaux [Ottman et colL, 2009]. Ces toxines touchent diverses cibles au sein de la plante, en affectant différents mécanismes biologiques de la plante (Figure 22). Elles peuvent, entre autres, entraîner une perte de l’intégrité des membranes cellulaires, induire de l’apoptose, ou inhiber l’hydrolyse de l’ATP [Môbius et Hertweck, 2009].

Les phytotoxines fongiques représentent ainsi une véritable aubaine pour les chercheurs toujours à la recherche de molécules à potentiel thérapeutique. Certains métabolites primaires et secondaires des champignons ont déjà démontré des activités antimicrobiennes, antivirales ou anti-tumorales [Liu et colL, 2009]. Différentes structures chimiques ayant démontré des activités anti-angiogéniques et/ou anti-métastasiques ont été isolées à partir de champignons parasites, il s’agit entre autres de triterpénoïdes, d’ergostérols, de pyroglutamates, et de sesquiterpènes [Yamamoto et colL, 2009].

Les champignons ont un intérêt tout particulier dans la recherche de nouveaux antibiotiques, or la chimiothérapie oncologique utilise elle aussi des antibiotiques. Parmi ces derniers on trouve certains membres des familles des anthracyclines, des bléomycines, des actinomycines et des

Phyllostin (8)

Seiricardine B (10) Ri=H, R2=0H Seiricardine C (11) Ri=OH, R2=H

mitomycines. Sur le plan clinique, la daunomycine et ses dérivés (doxorubicine, idarubicine, epirubicine), la dactinomycine et de la mitomycine C sont les plus utilisés [da Rocha et coll.,

2001

],

L’intérêt et la particularité des phytotoxines, se trouvent dans le fait que bien souvent elles sont isolées et sont présentes en plus grande quantité lorsque les champignons sont cultivés dans un milieu de culture artificiel, plutôt que dans les cas où les champignons sont directement prélevés en milieu naturel [Bruno et Sparapano, 2006],

A ce jour des milliers de phytotoxines fongiques sont identifiées, mais n’ont pas fait l’objet de recherche dans le domaine du cancer. C’est pourquoi nous avons choisi d’évaluer le potentiel anticancéreux de certaines de ces phytotoxines dont : la phyllostine, la seiricardine B, seiricardine C, la seiricuprolide, la seiridine, la scytolide, la cavoxine, l’acide cyclopaldique, la verrucarine E, le flufuran, le fusapyrone, la bislongiquinolide, le dihydrobislongiquinolide et le dihydrotricodimerol (figure 23).

-La phyllostine est un métabolite produit en culture par Phyllosticta cirsii [Evidente et coll.,

2008] (figure 23).

-Les Seiricardines B et C sont des sesquiterpènes tricycliques toxique isolés à partir des filtrats

de culture de trois champignons {Seirdium cardinale, S. cupressi et S. unicorne) pathogènes de

Cupressus sempervirens [Evidente et coll., 1993] (figure 23).

-La seiricuprolide est un macrolide présent en petite quantité dans des filtrats de culture de

Seiridum cupressi [Ballio et coll., 1988] (figure 22).

-La seiridine est un buténolide isolé à partir du Seiridum cupressi et Seiridum cardinale, deux

champignons pathogènes de Cupressus serpervirens [Ballio et coll., 1988] (figure 23).

-la scytolide est un métabolite isolé à partir d’une culture de l’espèce fongique Scytalidium

uredinicola [Ayer et coll., 1993] (figure 23).

-La cavoxine est un dérivé de l’acide benzoïque tétra-substitué isolé à partir des filtrats de culture de Phoma cava [Evidente et Randazzo, 1985] (figure 23).

-L’acide cyclopaldique est une toxine non sélective produite par Seiridum cupressi mais aussi par

les espèces du genre Pénicillium, Aspergillus et Pestalotiopsis [Graniti et coll., 1992] (figure 23).

-La verrucarine E est un métabolite secondaire produite par le champignon Myrothecium

verrucaria. C’est un simple dérivé du pyrole qui fut isolé par Harri et ses collègues en 1962

[Sheldrick et coll., 1978] (figure 23).

-Le flufuran est dérivé du furan isolé des champignons Polyporus arcularius et Polyporus cilatus [Evidente et coll., 2009a] (figure 23).

-Le fusapyrone est isolé à partir d’une culture solide de Fusarium sumeticun [Altomare et coll.,

2000] (figure 23).

-Le bislongiquinolide, le dihydrobislongiquinolde et le dihydrotrichodimerol sont des métabolites

isolés à partir d’une culture de l’espèce fongique Trichoderma citrinoviride [Evidente et coll.,

2009b] (figure 23).

4.2. Propriétés pharmacologiques déjà connues

Une grande majorité des phytotoxines trouve leur importance dans l’agriculture. Elles apparaissent comme une solution à long terme pour le contrôle des microorganismes, surtout ceux résistant aux herbicides chimiques. Les métabolites secondaires produits par les champignons, sont très souvent doués de différentes activités biologiques et peuvent toucher différents aspects de la biologie des insectes et des plantes. Parmi les métabolites secondaires produits par les champignons, on retrouve entre autres des polysaccharides, des glycoprotéines, des protéines, des peptidoglycanes, des lectines, et des acides gras [Moradali et coll., 2007]. Beaucoup de polysaccharides identifiés chez des champignons, présentent des propriétés anti-tumorales et immunomodulatoires [Wasser, 2002 ; Zjawiony, 2004]. Au cours de ces 20 dernières années, des études au Japon, en Chine et aux Etats-Unis ont rapporté, concernant des extraits de champignons, de potentielles activités dans la prévention et le traitement des cancers [Zaidman et coll., 2005]. Shamtsyan et ses collègues ont testé l’activité immunomodulatoire et antitumorale de différents extraits de champignons appartenant à l’embranchement (l’une des 7 catégories faisant partie du système de classification de la Taxonomie) des basidiomycètes et connus pour leurs propriétés thérapeutiques [Shamtsyan et coll., 2004]. Parmi celles-ci se retrouvent des métabolites secondaires à faible poids moléculaire qui exercent leur activité anticancéreuse à travers des cibles moléculaires impliquées dans des processus tels que l’apoptose, l’angiogenèse, la régulation du cycle cellulaire et le développement des métastases [Zjawiony, 2004 ; Zaidman et coll., 2005].

Les données de la littérature ne rapportent pas d’activité anticancéreuse pour les phytotoxines fongiques qui font l’objet de notre étude bien que certaines soient cormues pour leur application dans l’agriculture comme fongicide ou insecticide. Toutefois en s’appuyant sur des mécanismes, rapportés dans la littérature scientifique et imputables à l’activité de certaines de ces phytotoxines

dans d’autres domaines que celui de la cancérologie, on pourrait déterminer des voies de signalisations eommunes à celle de la biologie cancéreuse. Il serait alors possible de déduire les cibles potentielles de ces phytotoxines dans le domaine du cancer et d’en investiguer la réalité biologique. Nous développerons un exemple de ce type de stratégie dans la partie discussion de ce travail.

4.3. Notre stratégie d’investigation

De plus en plus de cancers deviennent résistant aux actuelles drogues chimiothérapeutiques, or la nature est une importante source de molécules chimiothérapeutiques, mais aussi de molécules de base pour l’hémi-synthèse ou la synthèse totale de nouvelles molécules intéressantes sur le plan pharmacologique [Cragg et colL, 2009]. Dans cette optique, l’exploitation des ressources

phytotoxiques est encore relativement vierge, nous avons investigué le potentiel anti-cancéreux in

vitro de 13 phytotoxines en utilisant une stratégie peu coûteuse, hautement technologique, et très informative quand au décryptage de leurs activités de base.

Dans un premier temps nous évaluons l’effet des ces phytotoxines sur la croissance globale de lignée cellulaire de divers type cancéreux au moyen du test colorimétrique MTT. Les lignées cellulaires testées sont, soit sensibles à l’apoptose (Hs683, B16F10) ou, au contraire, ont un certain niveau de résistance aux molécules pro-apoptotiques (A540, U373, OE21, SKMEL-28). Le test MTT ne permettant pas de différencier les effets cytotoxiques des effets cytostatiques d’une molécule donnée, pour les phytotoxines qui se révèlent intéressantes, une évaluation du type d’activité anticancéreuse (mort cellulaire (cytotoxicité), antiprolifératif, anti-migratoire, anti­ mitotique (cytostatique) est alors réalisée au moyen de la vidéomicroscopie quantitative.

V. MATERIELS ET METHODES

1. Les modèles utilisés:

Les souches bactériennes de Staphylococcus aureus (ATCC 6538), Escherichia coli (ATCC

8739) et fongique Candida albicans (ATCC 10231) proviennent de l’American Type Culture

Collection.

Les souches de Trypanosoma cruzi, Trypanosoma brucei brucei et la souche chloroquino sensible

de Plasmodium falciparum nous ont été fournies par le Professeur L. Maes du laboratoire de

microbiologie, parasitologie et hygiène de l’université d’Anvers (Belgique). Les amastigotes de

Leishmania infantum sont de type MHOM / ET 67.

Les lignées cancéreuses utilisées proviennent soit de l’American Type Culture Collection (ATCC), de l’European Collection of Cell Culture (ECACC) ou de Deutsche Sammlung von Mikroorganismen und Zellkulturen (DSMZ). Le code correspondant à chaque lignée ainsi que le type histologique sont repris dans le tableau 2

Lignée Cellulaire

Fournisseur Code

Fournisseur

Type Cellulaire Mode

Croissance

B16-F10 ATCC CRL-645 Mélanome murin Adhérent

HS-683 ATCC HTB-138 Gliome humain Adhérent

MXT Adénocarcinome mammaire murin Adhérent

SK-MEL-28 ATCC HTB-72 Mélanome humain Adhérent

A549 DSMZ ACC-107 Carcinome humain du poumon Adhérent

MCF-7 DSMZ ACC-115 Adénocarcinome humain du sein Adhérent

PC3 DSMZ ACC-465 Carcinome humain de la prostate Adhérent

OE21 ECACC 96062201 Carcinome humain de l’œsophage Adhérent

U373 ECACC 89081403 Glioblastome astrocytaire humain Adhérent

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