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CLAIS SALES CORDEIRO intersubjectives ont eu lieu à l'intérieur de chacun des

Les interactions bébé-bébé à la lumière de l'interactionisme socio-discursif

EVOLUTION DES EPISODES INTERACTIFS DU TYPE B DANS LE CORPUS

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5 constituants des épisodes interactifs. A un moment donné de leur évolution ces coordinations dépassent les limites du constituant-siège et s'enchaînent avec un nouveau constituant.

En ce sens la construction d'un épisode consolidé du type A (EC(A)) dépend uniquement des processus de coordination des actions des sujets, développés à l'intérieur d'un constituant qui, en dernière instance, est l'épisode même. Cela veut dire qu'au niveau des modalités interactives requises les actions spéculaires et/ ou complémentaires sont suffisantes pour garantir la continuité de l'épisode.

Par contre, les épisodes du type B (EC(B)) requièrent, en plus des capacités imitatives et complémentaires, une capacité à se positionner par rapport à l'action de l'autre, i.e. d'assumP.r des rôles réversibles. Dans le cas de l'enfant de moins de 2 ans, cette capacité apparaît lorsque celui-ci est capable d'attribuer des intentions à l'action de l'autre enfant et de se représenter ces intentions à partir des éléments contextuels du moment interactif particulier où il se situe. Il peut alors orienter et réorienter ses actions par les actions de l'autre, c'est-à-dire modifier et accepter des changements dans l'activité conjointe.

C'est la récurrence de ces pratiques interactives qui permet que la capacité représentative (pratique) s'en détache et se trans­

forme en représentation mentale (symbolique).

L'enchaînement graduel de constituants semble donc être un reflet du développement de la capacité de se représenter l'autre. C'est peut-être pour cela que les EC(B) à 2 constituants ont fait leur apparition, en général, seulement à partir de la moitié du recueil et ceux qui sont composés de 3 constituants seulement dans les 3 dernières séances.

On pourrait dès lors affirmer que les EC(B) sont le résultat d'un réseau d'actions intersubjectives construites au sein de l'histoire interactionnelle des sujets de cette recherche.

A ce titre, ils préparent le "terrain" pour l'émergence d'épisodes structurellement et sémantiquement plus complexes, les épiso­

des consolidés du type C.

Comme le montre le tableau 6, les EC(C) sont des épisodes où l'établissement de changements dans l'activité conjointe des sujets aboutit à la configuration de thèmes. Cette activité pourrait donc être interprétée comme le début d'une modalité de jeu assez élémentaire prenant appui uniquement

sur Ja situation concrète dans laquelle elle se développe. De cette façon, un EC(C) se différencie d'un EC(B) parce qu'il émerge des coordinations intersubjectives d'acti011s destinées à la construction de règles et à la distribution de rôles à l'intérieur des jeux (exploratoires au début) associés aux objets concrets et organisés autour d'eux (Oliveira, 1988).

En termes d1interaction, cela implique, naturellement, une capacité à proposer des actions qui contribuent à la construction de thèmes et aussi à accepter des changements thématiques lors de l'activité pour en assurer la continuité.

L'activité conjointe des sujets est donc gérée à partir des orientations et des réorientations de leur action sur le plan thématique, i.e. au niveau des significations attribuables aux objets. Comme on a pu observer dans

cm

(interaction centrée sur une activité thématique) la construction d'une activité conjointe autow- d1un seul thème (EC(A)) est déjà une tache assez complexe pour des sujets de moins de 2 ans. Le partage et l'inter-coordination d'un ensemble d'actions thématiques est, bien entendu, encore plus complexe.

Selon Vygotski (1934) la possfüifüé de jouer avec des objets montre que l'enfant est capable de se les représenter.

L'auteur affirme que la genèse de l'action régulée par les normes ne réside pas dans les objets mais dans les idées et que 11 cela représente une telle inversion du rapport de l'enfant avec la situation concrète, réelle et immédiate qu'il est difficile de sous­

estimer sa signification pleine" (op.cit. : 128).

En raison des facteurs mentionnés ci-dessus ainsi que de l'absence d'une activité langagière plus élaborée (fondamentale pour l'organisation et la stabilité de significations partagées (Vygots.ki, 1936) à l'intérieur des EC(C), ces épisodes sont très peu nombreux (2 seulement) et leur apparition est assez tardive.

Nous pouvons dès lors formuler l'hypothèse que les for.mes rudimentaires de jeu thématique repérées dans le corpus constituent la base d'un futur jeu symbolique partagé qui, à travers le langage, atteindra le statut de jeu de langage.

Si on reprend, une fois de plus, l'idée vygostskienne des processus intrapersonnels et interpersonnels, on pourrait encore ajouter qu'en prenant graduellement conscience de ses capacités à interagir, c'est-à-dire de ses capacités de reconstruc­

tion mentale des interactions vécues, l'enfant devient capable

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de construire une activité conjointe avec son partenaire et de reconnaître aussi une activité construite par d'autres agents.

Des épisodes d'interférence (El) ont lieu justement lorsque l'enfant interfère dans l'activité construite par d'autres en en proposant des modifications.

Le processus de construction des épisodes n'est pas pour autant linéaire. A coté des épisodes consolidés (EC) et des épisodes d'interférence (El) on trouve des épisodes potentiels (EP), qui sont des essais de coordination d'actions configurés en tant que siège de conflits intersubjectifs, et des épisodes potentiels d'interférence (EPI), qui sont des propositions d'intervention non acceptées.

En comparant l'évolution interne des constituants ainsi que leurs interrelations avec l'évolution longitudinale des épisodes interactifs, on aurait tendance à affirmer que ces derniers constituent une macro-structure et qu'ils sont dialecti­

quement reliés aux micro-structures, c'est-à-dire à leurs constituants. Autrement dit, les changements qui ont lieu à

l'intérieur des constituants configurent les épisodes interactifs en même temps qu'ils reflètent leurs changements. Les épisodes, à leur tour, reflètent le mouvement évolutif des constituants.

En adoptant une terminologie wallonienne les "ruptures et discontinuités11 dues à des changements internes aux consti­

tuants au niveau de la coordination d'actions intersubjectives déclenchent l'enchaînement de ces constituants en épisodes.

· es changements internes à ces derniers créent des

"antagonismes'' au niveau des constituants en promouvant d'autres conflits et d'autres coordinations d'actions plus complexes dans un cycle sans fin.