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Chapitre 4 : Présentation des résultats

4.2 L’expérience de la séparation parentale dans les familles où un enfant a reçu un

4.2.1 Les circonstances de la séparation

la problématique du TDA/H : le partenaire qui ne s’implique pas auprès de l’enfant nouveau- né en partageant les tâches, l’incompatibilité du tempérament, la perte du sentiment amoureux ou le volet financier qui provoquent des conflits au sein du couple. Selon quelques participantes, la présence de conflits au sein du couple avait souvent pour sujet l’enfant qui a reçu un diagnostic de TDA/H. En effet, ces participantes nomment explicitement qu’elles

et leur ex-partenaire ne s’entendaient pas sur les façons de bien encadrer et de soutenir leur enfant qui présentaient déjà des manifestions du trouble avant la séparation, ce qui a contribué à user le couple.

On était toujours dans les conflits et c’est sûr que ça, ça n’aide pas pour les enfants non plus, pour l’anxiété. Mais, souvent, on se chicanait à propos de Danika, qui a eu une période où elle faisait des crises, mais vraiment régulières. Elle a eu une période plus anxieuse, je dirais en 4e ou 5e année. Où la gestion de

tout ça, là, elle n’était pas uniforme et constante. On ne faisait pas équipe. (Chantal)

Dans le fond, c'était plus le fait que moi et le papa, on ne s'entendait pas sur la façon de venir en aide à Isaac, parce qu’avant le diagnostic, avant qu'on sache, on essayait d'aider Isaac à se concentrer, à nous écouter. Mais on avait chacun notre façon et on n’était chacun pas d'accord avec la façon de l'autre. C'est ça un peu je pense qui a fait que... c'est venu envenimer la relation, tu vois ? (Hélène) Ça faisait plusieurs mois, années, que ça n’allait pas bien. Qu'on s'obstinait. Qu'on s'engueulait. Et c'était beaucoup en rapport avec l'éducation de Jérôme. (Isabelle)

La perte du sentiment amoureux, souvent combinée à des interactions conflictuelles dans le couple pour plusieurs participants, détériore la relation conjugale et la décision devient de plus en plus évidente : la séparation est de mise. Bien que la décision de terminer la relation est dans la plupart des cas celle du parent participant, tous précisent que ce n’est pas une décision facile à prendre ni à vivre par la suite. De tous les participants, quatre nomment clairement que la séparation est un deuil pour eux et que s’adapter à cette transition familiale importante demande du temps. Trois parents parlent de « deuil familial », alors qu’une mère nomme que son rêve de la famille nucléaire intacte est brisé. Le fait d’avoir des enfants teinte la prise de décision : pour certains participants, ils auraient voulu conserver la relation en raison des enfants, continuer d’essayer de maintenir la relation pour la famille et tout ce qui a été construit. Pour d’autres, la relation avec l’ex-partenaire n’était pas un modèle de relation amoureuse qu’ils voulaient transmettre à leurs enfants.

Oui, oui, c'est moi qui suis parti. Regarde, j'ai voulu me sortir de ça. Parce que c'est ça, parce que je n’allais pas bien. […] Et je ne voulais pas partir, pour les enfants. Tu sais, on avait construit beaucoup de choses. Mais à un moment donné, il faut savoir lâcher prise. (Alexandre)

Oui, on avait du plaisir, on ne se chicanait pas et tout ça, mais c'était vraiment un ami. Comme c'est présentement, que c'est presque un frère. […] Et devant Fannie, non plus, voir des parents qui... Pour le modèle de l'enfant aussi, je trouvais que ce n’était pas un modèle à donner. Tu es supposé de t'aimer, d'avoir de la connivence. (Élyse)

Au moment de l’entrevue, la garde est partagée pour sept participants. Alexandre a dû faire appel à des avocats pour régler la question du partage du temps parental afin qu’il obtienne plus souvent son fils en période scolaire : l’encadrement, entre autres des devoirs, par son ex- partenaire n’était pas adéquat pour les besoins de leur fils. De leur côté, Brigitte et France ont plutôt la garde exclusive de leur enfant. Guillaume, le fils de France, a des contacts avec son père trois ou quatre fois dans l’année. Brigitte a la garde exclusive de sa fille Chloé telle qu’ordonnée par un jugement de la cour. L’enfant n’a jamais eu de contact avec son père. De tous les participants, seule Hélène n’est jamais allée en médiation pour régler sa séparation, car elle considérait que sa relation avec son ex-partenaire était assez bonne et qu’ils pouvaient s’en sortir seuls sans conflit. France n’y avait pas eu recours non plus au début de la séparation. Avec l’obtention du diagnostic de TDA/H de Guillaume à ses 5 ans et son besoin de voir des spécialistes, le manque de ressources financières l’a poussée à utiliser ce service afin de recevoir une pension alimentaire. Elle n’a pas eu connaissance que le TDA/H de son fils jouent un rôle dans le calcul de la pension. Ces démarches ont contribué à ce que sa relation coparentale s’envenime, selon elle, le père de l’enfant croyant à tort que la pension alimentaire servirait à faire vivre toute sa famille recomposée. Quelques participants avaient d’abord essayé de faire une garde 2-2-3, soit deux jours chez la mère, 2 jours chez le père puis les 3 derniers jours de la semaine chez la mère. Cependant, les transitions de milieux de vie au courant de la semaine généraient plus d’anxiété chez leur enfant. Ils ont donc choisi de plutôt faire une garde 50-50, un fonctionnement un peu plus stable selon eux qui a facilité l’adaptation chez l’enfant.

On a commencé par faire une garde 2-2-3. Fait que 2 jours chez maman, 2 jours chez papa, 3 jours chez maman, et là on recommence. Pour éviter les longues périodes sans voir un et sans voir l'autre. […] Ça n’a pas été très long qu'on est passé au 7-7. Je pense que c'est quand Éloïse avait 2 ans et demi. Parce que, tu sais, quand elle arrivait et me demandait « Là, je fais dodo où ce soir, là? ». Ça fait qu'on a décidé que le 7-7 était plus simple. C’est une semaine chez maman, une semaine chez papa. C'est moins de... de barouettage et tout ça. Je pense qu'elle avait besoin de plus de stabilité. (Danielle)

Le diagnostic en tant que tel n’est pas pris en considération au moment de la séparation par les participants qui, dans les faits, ne savent pas que leur enfant présente un TDA/H. On remarque cependant que des difficultés sont parfois vécues par les participants et leurs ex- partenaires concernant les façons d’encadrer l’enfant qui manifeste déjà certains symptômes du TDA/H. Lorsque la relation coparentale est bonne avant la séparation, elle le demeure aussi après la séparation. La plupart du temps, c’est également vrai concernant une relation coparentale tendue : une seule participante explique que la relation s’est améliorée avec la séparation. Pour les autres, les tensions présentes dans la relation avant la séparation le sont aussi après.

4.2.2 Les conséquences de la séparation chez l’enfant. L’anxiété, qui vient souvent