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Les autres cimetières

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 37-41)

ARCHÉOLOGIQUE DU XIII e AU XVIII e SIÈCLE

1.2 L’organisation des paroisses et les lieux d’inhumations à Rennes

1.2.4 Les autres cimetières

1.2.4.1 Les cimetières d’hôpitaux

Peu d’hôpitaux et d'unités de soins sont connus à Rennes au Moyen Âge (fig. 12) (Sournia 1973). Ils sont succinctement inventoriés ici selon leur datation, principalement à partir des données historiques.

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Figure 12 : Localisation des hôpitaux rennais (carte du XVe siècle).

Parmi les plus anciens répertoriés, mentionnée dès 1164, la léproserie de la Magdeleine était installée au sud de la Vilaine, hors des murs de la ville. Si cet établissement ne soigne pas à proprement parler de malades, l’objectif de cette institution est d'assurer leur isolement pour préserver la ville de la contagiosité des infections (Sournia, Trévien 1968 ; Meyer 1984). Nous ne savons pas si un lieu de sépultures y était attaché.

L’hôpital Saint-Jacques (1213), implanté sur le terrain qui servira à l’édification du couvent des cordeliers à la fin du XIIIe siècle, possédait par contre un grand cimetière (cimetière Saint-Jacques jusqu’à la Révolution), nécropole qui a été complètement démantelée par les travaux d’urbanismes successifs.

Celui de la place Sainte-Anne est créé en 1340 et fonctionne jusqu’au milieu du XVIe siècle. Plusieurs confréries de la ville (drapiers, boulangers, merciers, selliers, bouchers…) sont à l’origine de la fondation de cet hôpital dont la vocation est l’accueil des malades pauvres et des pèlerins de passage (Gagnard 2015).

Le cimetière attenant reçoit alors les personnes qui y décèdent. Les nivellements de la place suite à l’incendie de 1720 ont sans doute considérablement affecté ce cimetière puisque peu d’éléments ont été retrouvés lors des fouilles archéologiques menées sur la place (Pouille 1998 ; Pouille 2016). Une partie du site a néanmoins fait l’objet d’une approche anthropologique en 2013 mais son emprise, réduite, n’a permis le dégagement que de 119 sujets pour 117 sépultures sur les quelque 2000 individus estimés (Colleter, Le

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Cloirec soumis ; Pouille 2016). La conservation osseuse très moyenne à mauvaise et la représentation des squelettes, assez médiocre à cause des ouvertures réduites, ont néanmoins conduit à une étude anthropologique menée par É. Cabot (Inrap). Le corpus est de 52 immatures et 67 adultes dont seulement 5 femmes et 9 hommes. Malgré le potentiel informatif de la série d’un point de vue paléogénomique, les faibles effectifs numériques de cet échantillon ne permettent pas de le prendre en compte dans le cadre de notre étude.

L’hôpital Saint-Yves (1358) est presque contemporain du saint qui porte son nom. Il est implanté à proximité immédiate de la Vilaine et connait un succès immédiat. Situé dans un quartier actif, il s’agit probablement du plus grand établissement hospitalier de la ville au XVIe siècle (Sournia 1973). Ensuite, sa fusion avec celui de Sainte-Anne en 1557 illustre le nécessaire renforcement du tissu hospitalier urbain à l’Époque moderne (Croix 1981, 575). La présence de sépultures plutôt privilégiées est attestée dans le chœur de la chapelle éponyme construite sur place vers 1470. Un cardiotaphe dédicacé au Duc de Chaulnes avec une inscription en cuivre et plusieurs pierres tombales (dont une dalle en marbre noir) sont ainsi mentionnés dans l’inventaire de Banéat (1909, 166). En 1622, le cimetière de l’hôpital est clos (Isbled 1992, 63). Sa localisation et son emprise exacte ne sont pas connues.

Aucune mention de cimetière hospitalier n’est rapportée dans les archives pour les établissements de Sainte-Marguerite (1412 et disparu à la fin du XVe siècle) implanté hors des murs, le long de la route de Saint-Malo et de Saint-Thomas (début XIIIe siècle). Ce dernier est fermé en 1536 et transformé en collège Jésuite (Croix 1981, 573).

D’une seule assistance aux malades, le rôle des hôpitaux à l’Époque moderne se double d’une assistance aux personnes en général, et notamment aux pauvres à partir du XVIIe siècle. Parallèlement, les effets de la Réforme catholique imposeront une assistance spirituelle active. Dans le même temps, l’enfermement des pauvres, ces « Pauvres Renfermés », est décidé par ordonnance parlementaire le 30 avril 1649 à Rennes (Croix 1981, 673). Ce sera alors la mission de l’hôpital de la santé fondé en 1607 puis transformé en Hôpital général par lettre patente du roi Louis XIV en 1679 sur le même site, dans le faubourg de la Croix-Rocheron (Croix 1981, 674-678). Un cimetière est associé à l’hôpital de la santé, ouvert et régulièrement profané en 1622 (Croix 1981, 1097). Bien que clos à partir de cette date (« clôtures et murailles » ; Isbled 1992, 63), des animaux pâturent encore librement à l’intérieur puisqu’une vache s’y fait même foudroyer en 1633 (Isbled 1992, 63). La chapelle de l’hôpital, détruite depuis, servait aussi de lieu de sépulture aux patients décédés de maladies. En 1793 l’Hôpital général est transféré à l’abbaye Sainte-Melaine puis au couvent des Catherinettes (Banéat 1904, 53).

Compte tenu de la rareté de la documentation historique mais aussi des nombreux travaux d’aménagements qui ont remaniés les lieux, il y a dorénavant peu d’espoir d’approcher ces populations hospitalières de Rennes par de nouvelles études anthropologiques. Les seules exceptions seraient de

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pouvoir compléter l’échantillonnage de Sainte-Anne par l’étude du secteur nord-est de la place actuelle et de fouiller le cimetière partiellement préservé de l’Hôpital général (rue de l’Arsenal). Ce malheureux constat s'inscrit pourtant dans une thématique en plein renouvellement depuis 20 ans (Dufour, Platelle 1999 ; Touati 2004 ; Le Clech 2010).

1.2.4.2 Lieux de sépultures isolées : la chapelle Saint-Thomas (actuelle église Toussaints)

Cette chapelle est à l'origine attachée à l'ancien période de la Contre-Réforme catholique.

L’ordre des jésuites est dissout par le Saint-Germain au XVIIe siècle (Meyer 1984, 196) dont l’église éponyme est un lieu d’inhumation privilégié pour ses paroissiens. Les plus fortunés pouvaient demander à être inhumés dans l’église elle-même ou dans le couvent des Carmes, tout proche de Saint-Thomas, ou

Figure 13 : Vue du sud de la chapelle du collège Saint-Thomas, des couvents environnants (en rouge), église paroissiale (en blanc) et limites des paroisses (en jaune), A : extrait du plan Jollain (1644) ; B : .plan Hévin complété (vers 1665).

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encore dans celui des Cordeliers, situé au nord de l’église paroissiale (Fig 13/A). Pourtant lors de travaux de réfection des sols de l’église Toussaints en avril 2015, un cercueil en plomb a été exhumé et a fait l’objet d’une opération archéologique, découverte témoignant de la pérennité d’inhumations ponctuelles dans cette chapelle (Colleter et al. 2017a). Affleurant sous le dallage de l’église, le cercueil était partiellement endommagé et présentait des ouvertures par lesquelles des pièces en textile et un corps étaient reconnaissables.

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