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Les cercueils

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 144-154)

ARCHÉOLOGIQUE DU XIII e AU XVIII e SIÈCLE

4.1 Le monde des morts et son évolution

4.1.3 Pratiques funéraires

4.1.3.4 Les cercueils

À côté des inhumations en fosses, plutôt minoritaires comme nous venons de le voir, le mode d’enfouissement privilégié est l’utilisation du cercueil qu’il soit en bois ou en plomb (306/605 sujets soit 50,6 %), excepté pour la première phase où il est totalement absent de la série (0/12)107 (fig. 83). Près d’un

105 La différence entre hommes et femmes est significative au seuil p = 0,4469 (khi² d’indépendance = 0,5784).

106 p = 0 (I de Moran).

107 Cette absence de cercueil caractérise significativement la phase 1 : entre la phase 1 et 2, p = 0,07189 et entre 1 et 3, p = 0,01071 (tests exact de Fisher).

Figure 82: Carte de densité heatmap de répartition par phase chronologique des sépultures en fosse.

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Figure 83 : Répartition en nombre des sujets inhumés dans des cercueils selon de leur phase et leur groupe. En rouge, liens significatifs et probabilités (khi² d’indépendance ou test exact de Fisher) entre les phases et les groupes.

tiers des sujets de la seconde période sont issus de cercueils (43/137 soit 31,4 %) et plus de la moitié sont concernés à partir du XVIIe siècle (263/456 soit 57,7 %). Ce mode de dépôt caractérise aussi significativement la dernière période d’inhumation108. Les groupes A et B se distinguent aussi significativement109 des autres ensembles par une majorité de dépôt en cercueils, respectivement 63,6 % (203/319) et 53,2 % (100/188) contre 4,5 % des sujets du groupe C (3/66) et 0 % du groupe D (0/32) (annexe 4.5). Nous avons déjà vu que l’absence de contenant rigide caractérise les sujets inhumés dans la salle capitulaire et qu’il en est de même pour les individus enterrés dans des dépôts simultanés (groupe D).

Il n’y a pas d’association statistique particulière entre ce type de dépôt, l’âge au décès ou le genre des sujets (annexe 4.7). Aucune sélection en fonction du genre de l’individu inhumé et la pratique d’inhumation en cercueil n’a pu être mise en évidence : 71 femmes (sur 113 étudiées) et 94 hommes (sur 204) composent l'échantillon110. Par contre, les inhumations enchâssées concernent davantage les individus immatures. 60 jeunes de moins de 19 ans ont été inhumés dans des cercueils, soit plus de 61,8 % de l’effectif (60/97) contre 246 adultes, ce qui ne représente que la moitié des individus de plus de 20 ans (2446/508, soit 48,4 %). Cela témoigne d’un soin particulier apporté aux sépultures des plus jeunes, soin qui contraste avec les textes très laconiques de l’époque. Les mentions de décès d’enfants sont très minoritaires dans les sources historiques (inexistantes dans celles du couvent, voir Schmitt 2016) et l’association avec une mise en nourrice précoce des nouveau-nés111 a souvent incité les historiens à penser que « la mort de l’enfant [est]

108 Entre les phases 2 et 3, différence significative au seuil p = 0,001788 (khi² d’indépendance = 9,7555).

109 Entre A et C, différence significative au seuil p = 1,524e-08 (khi² d’indépendance = 32,022), entre A et D, p = 9,341e-06 (khi² d’indépendance = 19,642), entre B et C, p = 5,679e-07 (khi² d’indépendance = 25,018) et entre B et C, p = 5,816e-05 (khi² d’indépendance = 16,162).

110 Différence entre hommes et femmes significative au seuil de p = 0,1134 (khi² d’indépendance = 2,5067).

111 Les mises en nourrice interviennent moins de deux jours après la naissance des enfants et ce pour tous les milieux socioprofessionnels au milieu du XVIIe s (Croix 1981, 1085).

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Figure 84 : Carte heat map de répartition des phases 2 et 3 et ensemble des sépultures en cercueil.

accueillie avec indifférence » (Croix 1981, 1082 à 1085 ; Lebrun 1995, 126 et 144). Cependant, si aucunecorrélation statistique significative112 n’a pu être mise en évidence sur le couvent des Jacobins, les gestes associés à ces dépôts semblent au moins aussi soignés que pour les adultes.

Les sujets favorisés, A, sont les plus enfermés et cachés dans des cercueils et ce quelle que soit la phase concernée (de 85 % à la deuxième période et 62,2 % des effectifs à la dernière période (annexe 4.7). Cette baisse de l’emploi de contenant n’est pas significative113 mais reflète peut-être plus un défaut de notre échantillonnage pour la période entre la fin du XIVe siècle et le XVIe siècle. Les sujets du sous-groupe A’

sont presque tous inhumés (24/26 soit 92,3 %) dans des contenants (bois ou plomb). Le groupe B se distingue par un accroissement significatif des sujets inhumés dans des cercueils au cours du temps (de 33,8 %, 24/71 sujets à 72,4 %, 76/105)114. Cette évolution reflète aussi le changement de localisation des tombes et la très forte proportion des sujets du groupe B’ inhumé en cercueil (80 % à la phase 2) ; proportion relativement similaire au groupe A. Si à première vue, il semble que les traitements funéraires soient identiques pour les groupes A et B115, l’inhumation en cercueil est vraiment la norme pour les groupes A et le sous-groupe B’, inhumés dans le couvent116, au contraire des sujets du sous-groupe B’’

minoritaires dans ce type de dépôt117. Les dépouilles des sujets favorisés et de ceux inhumés dans la nef de l’église (B’) se distinguent donc bien des autres sépultures en étant davantage enfermés dans des cercueils.

Topographiquement, les sépultures dans des cercueils se concentrent alors logiquement dans les bâtiments conventuels (fig. 84). À l’intérieur de ceux-ci, on les retrouve davantage à l’angle sud-est du

112 Différence entre hommes et femmes significative au seuil de p = 0,1134 (khi² d’indépendance = 2,5067).

113 Différence significative au seuil p = 0,361 (khi² d’indépendance = 0,8345).

114 Différence significative au seuil p = 0,00602 (khi² d’indépendance = 7,543).

115 Différence significative entre A et B au seuil p = 0,2408 (khi² d’indépendance = 1,3762).

116 Différence significative entre A et B’ au seuil p = 0,4153 (khi² d’indépendance = 0,6636).

117 Différence significative entre A et B’’ au seuil p = 0,0001432 (khi² d’indépendance = 14,459).

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cloitre à la phase 2 et leur répartition est un décalque de la densité globale des sujets de la dernière période avec un regroupement au centre de la nef conventuelle, sous la chaire à prêcher. L’aménagement des tombes en rangées parallèles est visible dans la chapelle Notre-Dame, avec des séries de pics de densité observables tous les 2 mètres (fig. 84/C).

La généralisation de la mise en bière des défunts concorde avec l’apparition de rites funéraires modernes (les pompes funèbres) où le convoi funèbre tient un rôle fondamental dans le rituel de passage (Croix 1981, 955 ; Vovelle 2000, 111 ; Chrościcki et al. 2012). Qu’il soit en bois ou en plomb, le cercueil facilite le transport du cadavre dans des conditions hygiéniques satisfaisantes dans le sens où l’enfermement du corps le cache des vivants et permet la mise en place de funérailles plus longues. La différence dans les matériaux utilisés (bois ou plomb) signe le rang social du défunt, la châsse de plomb étant bien l’apanage des puissants (Croix 1981, 958). Aucune chambre funéraire à coffrage en bois, reconnaissable par la présence d'un calage lithique, n’a été repérée.

Les cercueils en bois

Les cercueils sont en bois dans leur très grande majorité (296/306 soit 96,7 % des cercueils). La position de chaque clou a été notée à la fouille afin de reconstituer le mode d’assemblage des planches. 2196 clous (NMI) sont ainsi inventoriés dans la base de données (dont 91 sans localisation précise) pour un total de 296 cercueils et 4070 clous (nombre de reste) ont été prélevés118. Une topographie sommaire des clous en fonction de chaque planche (paroi de tête, de pieds, de droite, de gauche, de fond et couvercle) illustre ces données issues du terrain (fig.85 et annexe 4.8). Les cercueils sont très rarement complets, seuls 93 ont été vus en plan, et le nombre très limité de clous (une moyenne de 7,4 par cercueil) traduit probablement un mode d’assemblage des planches par chevilles de bois. Lorsque les couvercles ont été vus (25 unités), ce sont eux qui possèdent le plus de clous (93 dénombrés, soit une moyenne de 3,7 clous par couvercle). Ce faible nombre contraste avec ce qui est noté à l’abbaye contemporaine de Fontevraud (Maine-et-Loire) où les assemblages comptent en moyenne 29 clous (Hunot, Prigent 2012, 186). Au couvent des Jacobins, ce sont les parois verticales qui en sont les plus pourvues (1942/2196) avec 88,4 % des pointes et peu d’assemblages complets avec plus de 10 clous par planche sont comptabilisés. L’utilisation de cercueils est associée avec l'enregistrement de critères de décomposition des individus dans un espace vide : 116 correspondent à ce mode, 115 se sont décomposés dans un espace mixte, 16 en espace colmaté et 49 de façon indéterminée. La présence de corps provenant à la fois de cercueil et d’un espace de décomposition colmaté pourrait illustrer la médiocre qualité des bois (infiltration rapide des sédiments dans la caisse liée

118 L’importante différence entre les deux chiffres s’explique par un enregistrement exclusif des clous de cercueils pour la partie « anthropologique » contrairement aux prélèvements qui concernent l’ensemble des clous, y compris ceux en remplissage des tombes et en position secondaire. D’autre part, la fragmentation a posteriori de ces vestiges très fragiles conditionne inéluctablement des nombres de restes (NR) plus importants que le nombre minimum d’individu (NMI).

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à des ruptures d’assemblages) et/ou l’absence de couvercle fermant les caisses. L’hypothèse de châsse ouverte permettant de réduire le coût des obsèques est avancée par Alain Croix, puisque visuellement les cercueils étaient de toute façon garnis d’un drap mortuaire noir décoré d’une croix blanche (Croix 1981, 958).

Figure 85 : Distribution des clous de cercueil selon leur localisation topographique dans la tombe et moyenne (x) par cercueil.

L’utilisation de meuble comme bière est parfois mentionnée (Treffort 1993, 218). Ainsi, une planche décorée de nombreux petits clous, élément d’un ancien coffre utilisé en réemploi, était disposée sous le corps d’un enfant décédé entre 4 et 5 ans119. Aucun autre élément, latéral ou sur le corps n’a été observé.

La mauvaise représentation du squelette n’a pas permis de préciser davantage le mode d’inhumation (utilisation de la planche en brancard ou élément d’un contenant en bois disparu).

Les cercueils en plomb

Cinq cercueils en plomb ont été retrouvés sur le site, ils représentent 1,6 % des contenants déterminés (5/306). Ils sont issus de secteurs privilégiés : quatre proviennent du chœur de l’église et un a été exhumé dans la chapelle Saint-Joseph, entre les deux autels, là où devait se situer le tableau de Notre-Dame de Bonne Nouvelle (fig. 86). Leur localisation, leur mise en œuvre particulière (poids pour le transport, compétence de l’artisan plombier) et leur rareté concordent pour un mode d’inhumation réservé à une élite privilégiée. Ils sont tous associés au groupe A et ont servi à distinguer le sous-groupe A’.

119 Il s’agit de la sépulture 1123 retrouvée dans la nef de l’église.

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Parmi les quatre cercueils en plomb provenant du chœur de l’église, trois sont anthropomorphes et localisés dans la partie nord, disposés sur deux rangées. Le quatrième cercueil, complètement au sud, est adossé au mur de l’abside (fig. 86/B). La densité des inhumations dans le chœur de l’église n’est pas importante, peu de recoupement sont visibles et au centre, devant l’autel, où l’on note l'absence totale de fosse sépulcrale. La liste des fondations des défunts de 1710 conservée dans les archives du couvent mentionne une seule « chasse de plomb dans le chœur de l’eglise de ceans, au hault des chaires, du costé gauche ». Elle appartient à François de Kersauson, décédé en octobre 1610.

Figure 86 : A : Localisation topographique des cercueils en plomb ; B : Vue zénithale du chœur de l’église conventuelle et de ses cercueils plombés.

Les cercueils en plomb sont attribués à la dernière phase d’inhumation du site et ne concernent que les sujets favorisés appartenant au groupe A. L’utilisation préférentielle et exclusive des cinq cercueils en plomb par des adultes n’est pas significative statistiquement120. De même, leur dévotion particulièrement féminine (4/5 individus soit 80 %) n’est pas non plus représentative d’une pratique funéraire recherchée et attachée à un genre particulier121. À l’exception de la jeune femme inhumée dans la sépulture 1004, les autres sont tous décédés à plus de 40 ans (tab. 13). Nous pouvons proposer une identification pour les occupants de quatre de ces cercueils plombés à partir de la lecture des sources historiques, des vestiges archéologiques et de l’étude anthropologique.

L’étude technique des cuves est détaillée en annexe 5 avec les éléments biographiques des occupants proposés. La forme et le format des cinq cercueils retrouvés sont variables (en bâtière à anthropomorphe) et dépendent vraisemblablement de choix personnel (forme) et de la corpulence de la personne inhumée

120 Différence entre la proportion d’adultes dans les cercueils en bois (236/296) et ceux en plomb (5/5) au seuil significatif de p = 0,7572 (test exact de Fisher).

121 Différence entre la proportion de femmes et d’hommes dans les cercueils en bois (71 femmes et 94 hommes) et ceux en plomb (4 femmes et 1 homme) au seuil significatif de p = 0,171 (test exact de Fisher).

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(format). L’absence de standardisation sous-entend une fabrication des cuves au fur et à mesure des besoins et après prise des mesures des corps. En effet, les cuves s’ajustent parfaitement aux formats des corps des défunts. Dans les traités de chirurgie liés à l’embaumement moderne, le plombier apparaît fréquemment comme la troisième personne présente dans la chambre du mort avec l’apothicaire et le chirurgien. Dionis insiste même sur le protocole de prise de mesure et l’interaction entre le médecin et l’artisan122. La forme anthropomorphe de trois des cuves, caractérisées par la présence d’une logette céphalique pour maintenir la tête du défunt, est assez fréquente du XVIe au XVIIIe siècle (collectif 1992 ; Hadjouis et al. 2008 ; Maurel et al. 2011 ; Dupont, Lefebvre 2016 ; Bureau, Colleter 2016). Si les procédés de montages décrivent le dessin du gabarit sur les feuilles de plomb avant leur découpage (fig. 87), aucune incision de travail n’a pourtant été repérée sur les cercueils du couvent dominicain. Les tôles visibles et utilisées pour les couvercles ne présentent pas de soudure mais celles, latérales, sont systématiquement rallongées dans plusieurs endroits.

Sépulture Individu Classe d’âge

Sexe Secteur Proposition d’identification Date décès

253 63739 [60 - 99] Femme Saint-Joseph Louise de Quengo 10 mars 1653 Tableau 13 : Inventaire des individus inhumés dans des cercueils en plomb du couvent des Jacobins.

L’absence de terre infiltrée dans les cercueils permet une meilleure préservation de matières organiques desséchées : cheveux, téguments, muscles. Si l’humidité des corps reste piégée dans la cuve, alors la conservation des matières organiques devient optimale (voir les corps de Louise de Quengo, Louis Bruslon ou des cœurs dans les cardiotaphes). Des matières organiques végétales, des feuilles, ont également été parfaitement bien identifiées dans la cuve de la sépulture 1004. Le sujet porte une couronne de feuilles de laurier sauce autour de la tête et des rameaux ont été déposés du thorax aux pieds de la défunte123 (fig.

88). Si la conservation des corps pouvait être recherchée, l’addition de plantes à fort pouvoir olfactif dans le milieu clos du cercueil est certainement à rapprocher de l’odeur de sainteté recherchée en compensation de la pourriture inéluctable du cadavre. La conservation du cadavre revêt véritablement un caractère sacré et l’adjonction d’une odeur rapproche en effet le défunt du Christ aux aromates (Alexandre-Bidon 1993, 187 ; Albert 1990). Le laurier possède un sens religieux très fort, symbolisant l’arrivée de Jésus à Jérusalem, et est notamment utilisé en rameau à Pâques où il est bénit. Guillaume Durant, évêque de Mende au XIIIe siècle, met également en parallèle les feuilles persistantes du laurier et « ceux qui meurent dans le Christ [et] ne cessent pas de vivre » (Alexandre-Bidon 2015, 139).

122 « Le Plombier averti, vient prendre les ordres du Chirurgien fur la grandeur du cercueil, parce qu’il s’il fe contentoit de prendre la mefure fur le corps, il fe trouveroit trop petit pour le contenir après qu’il feroit embaumé » (Dionis 1765, 871).

123 La détermination des feuilles a été réalisée par Romain Thomas, MNHN.

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Figure 87 : Mode opératoire de la fabrication des cercueils en plomb au XVIIIe siècle (Bertrand 1780, pl. XV)

Figure 88 : A : Vue zénithale du squelette retrouvé dans la sépulture 1004 avec localisation des matières organiques végétales identifiées à son contact ; B à D : Feuille provenant de la sépulture (Laurus nobilis, laurier sauce) (Rozenn Colleter, Stéphane Jean, Romain Thomas).

~ 149 ~ Les cardiotaphes

Ces cinq urnes en plomb, toutes cordiformes, ont été retrouvées dans différents espaces du couvent : trois proviennent de la fosse d’installation d’un cercueil en plomb (US 80453-1 à 3 à la tête de la sépulture 1001) (fig. 89), une a été retrouvée au pied d’un enfeu dans la chapelle Notre-Dame (US 61070) et une (US 63740-1) avait été posée sur la cuve du cercueil plombé de la chapelle Saint-Joseph (Sépulture 253). Si la question de dépôt secondaire peut se poser pour les quatre premiers réceptacles, la dernière urne semble bien avoir été intentionnellement déposée en même temps que le cercueil dans la fosse. Quatre des reliquaires présentent une inscription datée, la plus ancienne de 1584 (phase 2), la plus récente de 1655, soit près de 70 ans d'une même pratique (fig. 90). Ils sont présentés chronologiquement en détail en annexe 6.

Figure 89 : A : Répartition spatiale des cardiotaphes dans des endroits stratégiques du couvent ; B : Vue vers l’ouest des trois urnes retrouvées dans la fosse d’installation du cercueil en plomb de la sépulture 1001, à sa tête. Remarquez l’empilement des reliquaires, les uns immédiatement au contact des autres.

La fonction de ces urnes est de contenir les cœurs suite à la dissociation des corps lors des funérailles multiples. Il s’agit donc bien de sépulture primaire où les organes se décomposent in situ, même si elle ne concerne qu’une partie du corps du défunt. Les techniques de construction de ces coffrets rentrent bien dans les fonctions des plombiers et leur description est précisée à la marge dans certains traités (Bertrand 1780, 587‑589). Les cardiotaphes sont préparés en atelier (fig. 91) avant d’être fermés définitivement par les plombiers après le travail des embaumeurs. La variété des formes connues reflète une absence de standardisation et peut-être de commandes particulières.

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Figure 90 : Cardiotaphes. 1 : Urne en plomb 61070 sans inscription issue de la chapelle Notre-Dame ; 2 : Urne attribuée à Catherine de Tournemine, juillet 1584 (80453-1) ; 3 : Urne attribuée au fils de Monsieur de la Boessière, 1626 (80453-3) ; 4 : Urne attribuée à Jean de la Porte, seigneur d’Artois, 7 mai 1655 (80453-2) et 5 : Urne de Toussaint de Perrien, chevalier de Brefeillac, 30 aout 1649 (63740) (Rozenn Colleter, Patrice Gérard).

Figure 91 : Mode opératoire de la fabrication des cardiotaphes en plomb au XVIIIe siècle (Bertrand 1780, pl. XV).

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