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Cancer de la cavité nasale et des sinus paranasaux chez le chien

1. Le tabagisme passif : un sujet d’actualité

1.3. Apports récents de l’épidémiologie animale

1.3.2. Cancers du chien et du chat

1.3.2.2. Cancer de la cavité nasale et des sinus paranasaux chez le chien

Première étude [109]

Si des études récentes menées aux Etats-Unis et en Chine ont décrit la relation de cause à effet entre le cancer des cavités nasales, des sinus paranasaux, et de la région naso-pharyngée chez l’homme avec la consommation active de tabac, seules deux études japonaises ont aujourd’hui

29 suggéré la possible implication du tabagisme passif dans l’apparition de tel type de cancer chez l’homme [61] [49]. Les cancers chez l’homme ayant le plus de probabilité d’être ainsi induits sont des carcinomes épidermoïdes.

Bien que ce type de néoplasme soit relativement rare chez l’humain, le cancer nasal est un des cancers du système respiratoire les plus fréquemment diagnostiqués chez le chien. Parmi l’entité « Cancer de la cavité nasale et des sinus paranasaux », ce sont les cancers de la cavité nasale qui représentent la grande majorité des cas avec un taux de 88% contre 12% [77]. Le type histologique le plus fréquent est un adénocarcinome. Les carcinomes épidermoïdes ne représenteraient que 10 à 15% des cas.

Les auteurs justifient le rapprochement qu’ils font entre l’homme et le chien par le fait que de nombreux cancers canins ressemblent à leurs analogues humains dans leur comportement biologiques, leur expression pathologique et les facteurs de risques reconnus.

L’étude cas-témoins que l’équipe de Reif a menée en 1998 a donc pour but savoir si le tabagisme passif chez le chien est un facteur de risque ou non de l’apparition de cancers de la cavité nasale et des sinus paranasaux.

Les chiens sélectionnés étaient tous des patients de l’hôpital vétérinaire universitaire de l’état du Colorado, diagnostiqués sur une période allant de 1986 à 1990.

Les « cas », au nombre de 103, étaient des chiens atteints de cancer nasal ou des sinus paranasaux. Les « témoins », au nombre de 378, étaient des chiens atteints de divers autres cancers, dont des lymphomes, ostéosarcomes, mélanomes, hémangiosarcomes, adénocarcinomes mammaires et cancers de la bouche.

Un questionnaire téléphonique s’adressait à chaque propriétaire de chien.

L’exposition à la fumée de cigarette a été évaluée en prenant en compte divers paramètres :

le nombre de fumeurs dans l’habitation, le nombre de cigarettes fumées par jour par chaque fumeur, le nombre d’années que chaque personne a fumé durant toute la vie du chien, et la proportion de temps sur une journée que passait le chien au sein de la maison. Un indice d’exposition que nous appellerons I, ayant pour but de la quantifier, a été mis en place tel que :

I = proportion de temps passé à l’intérieur par le chien x nombre de paquets de cigarettes fumées en tout dans la maison durant la vie du chien.

Les analyses ont été stratifiées en fonction de la forme du crâne du chien (dolichocéphale, mésocéphale, brachycéphale), pour les raisons précédemment citées.

L’estimation du risque était exprimée sous forme d’Odds Ratios (OR).

Résultats

Aucune relation n’a été mise en évidence sur l’ensemble des chiens entre l’exposition au tabac environnemental et les cancers nasaux et sinusaux.

Après stratification, les auteurs ont trouvé en revanche une relation significative entre l’exposition à la fumée de tabac ambiante chez le chien dolichocéphale et la présence de cancer nasal. Un tel chien (au nombre de 55 dans leur échantillon) vivant dans une maison avec un fumeur présentait un risque supérieur de développer un cancer des voies nasales par rapport au chien non-exposé, se traduisant par un OR de 2. Une relation dose-effet a également pu être établie, avec un OR pour les chiens

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Fig. 2 - OR relatifs au développement de cancer des fosses nasales après stratification selon le niveau d’exposition (selon [101])

Les auteurs appuient la vraisemblance de leur théorie en avançant que expérimentalement, les muqueuses de chiens sont sensibles à des carcinogènes connus, et notamment ceux de la fumée de cigarette (courant principal).

Leur principale conclusion est qu’ici aussi la forme du crâne du chien semble avoir un important rôle à jouer en termes de sensibilité aux toxiques inhalés. Ils expliquent la sensibilité des chiens à long nez par des critères anatomiques et de dynamique des flux d’air. La plus grande surface exposée, la turbulence des flux, serait un facteur favorisant du dépôt des particules de la fumée de tabac ambiante, rendant son action délétère plus aisée.

Deuxième étude [16]

L’équipe de Bukowski et Wartenberg s’est penchée la même année sur les causes environnementales de cancers des fosses nasales chez le chien de compagnie, par l’intermédiaire d’une étude cas-témoins réalisée sur des patients de l’hôpital vétérinaire de Pennsylvanie.

Leur échantillon était composé de 129 chiens atteints de cancer des fosses nasales de façon certaine (avec confirmation histologique). Leurs conditions de vies antérieures à l’apparition de ce cancer ont été renseignées et comparées à celles des 179 contrôles issus du même hôpital. Les contrôles étaient atteints d’autres cancers, n’ayant pour l’instant jamais été reliés au tabagisme passif, à savoir des cancers hépatiques et gastro-intestinaux.

Résultats

Ils entrent en contradiction avec ceux énoncés précédemment ; Bukowski et coll. n’ont trouvé aucune relation significative entre le facteur « fumeur présent au sein du foyer » (critère illustrant l’exposition de l’animal dans leur étude) et la présence de cancer sino-nasal chez le chien (tandis

31 qu’il existait des corrélations positives avec d’autres facteurs de risque du type « utilisation de poêles à charbon » pour chauffer la maison).

Cancer de la vessie chez le chien [52]

Lors de leur analyse sur l’influence de divers facteurs environnementaux sur l’incidence de cancers transitionnels de la vessie chez le Scottish Terrier, les auteurs citent le tabac comme « facteur de risque connu » afin de justifier son inclusion dans le panel de causes retenues.

Aucune association n’a toutefois été décelée au cours de ces travaux.

1.3.2.3. Lymphome chez le chat