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Partie I : Les générateurs de scénarios économiques (GSE)

Chapitre 2 : Construction d’un générateur de scénarios économiques

II- Calibrage

II-1 Présentation du contexte de l’étude

Dans cette sous-section, nous présentons de façon illustrative certaines approches possibles pour le calibrage et l’estimation des paramètres des différents modèles de diffusion. Pour cela il convient de présenter les caractéristiques des données retenues ainsi que les approches générales retenues pour le calibrage.

II-1-1 Description des données retenues

Dans ce contexte, la première étape consiste à identifier les contraintes du modèle. Une attention particulière va être consacrée à l’inflation, principalement en raison du rôle central qu’elle joue dans le modèle de gestion actif-passif.

Par ailleurs, la modélisation de l’actif doit intégrer la perspective de long terme dans laquelle s’inscrit la gestion de cet actif. Cette perspective de long terme a des conséquences au niveau de l'estimation des paramètres du modèle retenu : l'estimation doit être menée sur des séries dont la profondeur doit être cohérente avec l'horizon de projection envisagé. Ainsi, dans le cas de la zone euro par exemple, des données d’un historique de dix ans sont insuffisantes dans le cadre de nos projections de long terme (d’autant plus qu’entre 1999 et 2009 nous comptons deux crises financières dont une particulièrement prononcée en 2008). Plusieurs dizaines d’années d’historique sont ainsi nécessaires pour l’étude.

Outre l’historique, il convient également de s’assurer que la fréquence des données est cohérente avec l’horizon de projection. Les données devront ainsi être de fréquence annuelle, afin de ne conserver que la tendance de long terme des séries.

Les paramètres du GSE proposé seront calibrés, à titre illustratif, sur les données de Friggit [2007] en comparant certains des résultats avec ceux obtenus par Ahlgrim et al. [2005]. Ces données sont présentées ci-après (les données effectivement retenues pour le calibrage sont en

gras et italique).

Les données utilisées par Friggit [2007] permettent de répondre à ces contraintes d’historique et de fréquence. Concernant l’historique, l’essentiel des données de Friggit [2007] couvre les années 1800 à 2005 (dans la présente étude, il conviendra toutefois de se limiter aux années 1955 afin de limiter les biais dus à une différence de contexte trop importante – notamment les Guerres mondiales –). Concernant la fréquence, nous noteront que les données de Friggit [2007] sont annuelles.

Pour la zone géographique, on notera que Friggit [2007] présente une série de données pour la France, le Royaume-Uni et les États-Unis. Dans le cadre de la présente étude, seules les données relatives à la France seront retenues pour le calibrage. Aucune donnée relative à la zone euro n’étant disponible dans cette série. Comme mentionné ci-dessus, la disponibilité des données pour la zone euro se limite toutefois à un historique de dix ans.

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Indice des prix à la consommation (€, base 2000)

Produit intérieur brut (milliards d'€) Séries macroéconomiques

Revenu disponible des ménages (milliards d'€)

Population (y compris DOM) (milliers) Nombre de ménages, France métropolitaine (milliers)

Séries démographiques

Nombre de ménages (y compris DOM) (milliers)

Taux d'intérêt à long terme Taux d'intérêt à court terme

Valeur d'un investissement en actions, dividendes réinvestis (€, base 2000)

Valeur d'un investissement en obligations, intérêts réinvestis (€, base 2000)

Valeur d'un investissement au marché monétaire, intérêts réinvestis (€, base 2000) Séries financières

Prix de l'or (€, base 2000)

Indice du prix des logements, France (€, base 2000)

Indice du prix des logements, Paris (€, base 2000)

Prix "standard" des logements (€) (NB: n'est pas un prix moyen)

Valeur d'un investissement en logement locatif, Paris (€, base 2000)

Montants de transactions immobilières (toutes transac-tions soumises aux droits de mutation) (milliards d'€)

Montants de transactions immobilières (logements anciens) (milliards d'€) Séries immobilières

Nombre de logements commencés (unités)

Tab. 7 : Les différentes séries retenues pour le calibrage

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Les sources des 5 séries retenues sont les suivantes :

-Indice des prix à la consommation (€, base 2000) : INSEE.

-Taux d'intérêt à long terme : de 1912 à 1959, taux des obligations émises (INSEE), de 1960 à 1988, TMEOG (INSEE) et depuis 19895 : TME (CDC-Ixis).

-Taux d'intérêt à court terme : de 1929 à 1997, taux au jour le jour (INSEE), depuis 1998, TMM (CDC-Ixis).

-Valeur d'un investissement en actions, dividendes réinvestis (€, base 2000) : jusqu’en 1999, (Arbulu [1998]) et depuis 2000: SBF250.

-Indice du prix des logements, France (€, base 2000) : Friggit [2001].

II-1-2Approche et méthode de calibrage

Il s’agit ici de présenter, de façon générale, l’approche et la méthode de calibrage du modèle. À cet effet, il convient de distinguer principalement deux types de modèle. D’une part les modèles de type Vasicek [1977] qui s’apparentent à des modèles autorégressifs d’ordre 1 après discrétisation (modèles sur l’inflation, les taux d’intérêt réel et les rendements de l’immobilier dans lesquels il convient d’estimer la constante et le coefficient de la variable), et d’autre part les modèles à changement de régime de type Hardy [2001] (modèle sur le rendement total des actions dans lesquels il convient d’estimer pour chaque régime la moyenne, la volatilité et la probabilité de changement de régime).

 Méthode de calibrage des modèles de type autorégressif

Le calibrage des modèles de type autorégressif se fera en plusieurs étapes, décrites ci-après. › Estimation des paramètres

Dans le cas des modèles de type autorégressif AR(1), l’estimation des paramètres peut être réalisée à partir de la méthode classique des moindres carrés. En particulier, il conviendra de retenir une estimation par les moindres carrés simples pour les modèles de type Vasicek à un- facteur et par les doubles moindres carrés (DMC) pour les modèles de type Vasicek à deux facteurs.

› Tests sur le modèle et les coefficients

La pertinence du modèle sera appréciée à partir de sa qualité d’ajustement et de sa significativité globale. La qualité d’ajustement sera évaluée à partir du coefficient de détermination (R² , représente la part de la variance de la variable endogène expliquée par la variance du modèle) et la significativité globale sera mesurée à partir d’un test de Fisher (test dont l’hypothèse nulle H0 correspond à la nullité de tous les coefficients du modèle, cf. Fisher [1954]).

En complément, il conviendra d’évaluer la significativité individuelle des coefficients à partir du test de Student (test dont l’hypothèse nulle H0 correspond à la nullité du coefficient considéré, cf Student [1908]).

Dans les résultats présentés une probabilité est associée aux tests de Fisher et de Student, il s’agit de la probabilité de rejeter à tord H0. Aussi, dans nos analyses, lorsque cette probabilité

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› Analyse des résidus

Une attention particulière doit être accordée à l’analyse des résidus, et dans ce contexte la première étape est de s’assurer que les résidus sont de moyenne nulle.

Dans une seconde étape, il conviendra de détecter l’éventuelle auto-corrélation des erreurs, classique dans les modèles de séries temporelles. À cet effet, au-delà de l’examen visuel des résidus, il conviendra d’utiliser le test de Durbin-Watson pour les auto-corrélations d’ordre 1 (test pour lequel l’hypothèse nulle H0 correspond à l’absence d’auto-corrélation d’ordre 1, cf. Durbin et al. [1951]) et le test de Breusch-Godfrey pour les auto-corrélations d’ordre p≥1 (test pour lequel l’hypothèse nulle H0 correspond à l’absence d’auto-corrélation d’ordre

1

p≥ , cf. Godfrey [1979]).

Dans les résultats présentés une probabilité est associée aux tests de Durbin-Watson et de Breusch-Godfrey, il s’agit de la probabilité de rejeter à tord H0. Aussi, dans nos analyses, lorsque cette probabilité sera supérieure à 5 %, nous accepterons H0, c’est-à-dire que nous accepterons l’absence d’auto-corrélation (respectivement d’ordre 1 ou d’ordre p≥1).

Dans une troisième étape, il conviendra également de détecter une éventuelle hétéroscédasticité, fréquente dans les modèles de séries financières. À cet effet, le test approprié est le test ARCH (AutoRegressive Conditional Heteroscedasticity). Ce test permet en effet de modéliser des séries dont la volatilité dépend du passé, et notamment celles présentant de fortes périodes de volatilité suivies de périodes d’accalmies (comme nous en observons dans les séries financières). Ici, l’hypothèse nulle H0 correspond à l’absence de processus ARCH pour justifier le processus.

Dans une quatrième étape, il conviendra de réaliser un test de normalité des erreurs. À cet effet, nous retiendrons le test de Jarque-Bera (cf. Jarque et al. [1980]), fondé sur la notion d’asymétrie (Skewness) et d’aplatissement (Kurtosis). Pour ce test, l’hypothèse nulle H0 est celle de la normalité des résidus (aussi, lorsque la probabilité associée est supérieure à 5 %, nous acceptons l’hypothèse H0 de normalité des résidus).

 Méthode de calibrage des modèles de type Hardy [2001]

Dans le cas du modèle de type Hardy [2001], les paramètres pourront être estimés à partir de l’approche du maximum de vraisemblance ou de l’approche des filtres de Kalman (détaillées ci-après).

II-2 Calibrage du modèle de l’inflation

Après avoir exposé la méthode retenue pour le calibrage ainsi que les données correspondantes, nous présentons les résultats obtenus des estimations des différents paramètres. Un test d’adéquation est finalement effectué.

II-2-1 Méthode

Pour mémoire, face aux limites constatées sur le modèle d'inflation à un facteur (mauvaise représentation de l'évolution des taux nominaux) l'approche du modèle Hull et White à deux facteurs est retenue.

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L’objectif de l’étude envisagée ici ne dépasse pas le cadre de la comparaison avec les résultats obtenus par Ahlgrim et al. [2005] (qui ont adopté le modèle de taux de Hull et White à 1 facteur : les taux courts).

Ainsi, dans le cadre de l'estimation des paramètres du modèle, nous supposerons que la partie court terme i est basée sur le modèle à un facteur, avec l'hypothèse simplificatrice que la t valeur de long terme de l'inflation intervenant dans la diffusion du processus de court terme est stabilisée à sa valeur limite (qui est égale au taux d'inflation de long terme) :

(

i t

)

i i,t i

t i dt dB

i

d =κ µ − +σ

soit après discrétisation exacte (cf. Planchet et al. [2005]) :

( )

(

( )

)

( ) i i t , i i t t i i i e e e i i κ σ ε µ κ κ κ 2 1 1 2 1 − + = × + − + × × − − II-2-2 Données

Cette sous-section vise à calibrer un modèle de mesure d’inflation. Cette mesure de l’inflation à la date t est égale à 

     = −1 t t t IPC IPC log

i , où IPC représente l’indice des prix à la t consommation (disponible en lecture directe dans les données de Friggit [2007]).

II-2-3 Estimation des paramètres

Dans une première étape, l’estimation des paramètres est réalisée à partir d’un modèle autorégressif d’ordre 1 de la forme :

' t , i t i i t i i+1 =

α

+

β

× +

ε

Nous obtenons les résultats suivants : i =0,01

α et β∧i =0,77. Pour revenir au modèle initial décrit par Ahlgrim el al. [2005], les coefficients estimés sont alors transformés. La vitesse de retour à la moyenne est ainsi calculée comme suit :

( )

( )

i i i log e i

β

κ

β

κ − = = − d’où i =0,26 ∧

κ

.

De même le taux d’inflation moyen est déterminé par : ( )

(

)

(

( ( ))

)

(

i

)

i log i i i i i e e β α µ µ µ α κ β − = − = − = − 1 1 1 tel-00689907, version 1 - 20 Apr 2012

d’où i =0,05

µ .

Enfin, l’écart type de l’erreur du modèle initial est égal à l’écart type du modèle estimé, divisé par ( ) i i e κ κ 2 1− −2

. Aussi, l’écart-type du modèle est i = 0,03

σ

. Le tableau suivant recense les différents paramètres nécessaires à l’alimentation de l’algorithme du modèle d’inflation, en précisant les valeurs obtenues par Ahlgrim et al. [2005] d’une part, et celles obtenues dans le cadre du présent calibrage d’autre part. Nous noterons que le calibrage d’Ahlgrim et al. [2005] est réalisé à partir de données américaines sur la période 1946-2001 (pour mémoire les données de Friggit [2007] retenues dans la présente étude portent sur la France sur la période 1955-2005).

Paramètre Intitulé AHLGRIM ET AL. FRIGGIT

κq Vitesse retour à la moyenne 0,4 0,26

µq Taux d’inflation moyen 0,048 0,05

σq Écart type de l’erreur 0,04 0,03

Tab. 8 : Calibrage du modèle des taux d’inflation

Les résultats du calibrage de la présente étude sont comparables à ceux obtenus par Ahlgrim et al. [2005]. Toutefois, il est à noter que les paramètres présentés ne sont pas les paramètres estimés mais sont issus d’une transformation non linéaire de ceux-ci. Cette approche est de nature à introduire un biais dans les paramètres et invite à apprécier la précision des estimateurs avec prudence.

II-2-4 Tests d’adéquation du modèle

Concernant les tests sur le modèle et les coefficients, nous obtenons les résultats suivants : - coefficient de détermination :R²=0 60, ;

- test de significativité globale du modèle (Fisher) : P value_ =4 5 10, . −11 (le modèle global est donc significatif) ;

- test de significativité des coefficients (Student) :

o constante : P value_ =0 04, (la constante est donc significative)

o coefficient de la variable : 11

4 5 10

_ , .

P value= − (le coefficient de la

variable est donc significatif).

Concernant les tests sur l’analyse des résidus, nous obtenons les résultats suivants : - moyenne des résidus : 19

2 6 10, .

- test sur l’auto-corrélation d’ordre 1 (Durbin-Watson) : P value_ =0 58, (absence d’auto-corrélation d’ordre 1)

- test sur l’auto-corrélation d’ordre p=1 (Breusch-Godfrey) : P value_ =0 37, (absence d’auto-corrélation d’ordre p=1) ;

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- test sur l’hétéroscédasticité (ARCH) : P value_ =0 11, (absence d’hétéroscédasticité) ;

- test sur la normalité (Jarque-Bera) : 16

2 2 10

_ , .

P value= − (l’hypothèse de normalité

des résidus n’est donc pas vérifiée).

Le tableau suivant reprend les principaux résultats sur les tests d’adéquation réalisés.

Test Résultat Interprétation

²

R 0,60 Le pouvoir explicatif du modèle est de 60 %

Fisher 11

4 5 10

_ , .

P value= − Le modèle global est significatif

Student (constante) P value_ =0 04, La constante est significative

Student (variable) 11

4 5 10

_ , .

P value= − Le coefficient de la variable est donc significatif

Moyenne résidus 19

2 6 10, . − La moyenne des résidus est considérée nulle Durbin-Watson P value_ =0 58, Absence d’auto-corrélation d’ordre 1 Breusch-Godfrey P value_ =0 37, Absence d’auto-corrélation d’ordre p=1

ARCH P value_ =0 11, Absence d’hétéroscédasticité

Jarque-Bera 16

2 2 10

_ , .

P value= − Hypothèse de normalité des résidus non vérifiée

Tab. 9 : Résultat des tests d’adéquation pour le modèle des taux d’inflation Hormis le test sur la normalité des résidus, l’ensemble de ces tests valide les conditions posées a priori pour la validation du modèle et du calibrage. Nous noterons toutefois que l’hypothèse de normalité des résidus n’étant pas vérifiée, il conviendra de considérer avec prudence d’une part les tests de Student, et d’autre part les intervalles de confiance des projections.

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