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Les binarismes « masculinité/virilité » et « féminité/muliérité » dans le monde du travail monde du travail

3 Des fondements épistémologiques communs aux études sur le handicap et aux études genre : les Cultural Studies

3.3 Les binarismes « masculinité/virilité » et « féminité/muliérité » dans le monde du travail monde du travail

Molinier (2000) définit la masculinité et la féminité comme des « constructions sociales qui existent et se définissent dans et par leur relation dans un système de sexe ». Les comportements typifiés des hommes et des femmes signent non pas des modèles de la masculinité et de la féminité, mais des modèles de la virilité et de la « muliérité » (Molinier, 2000).

La virilité a deux significations : elle se rapporte tout d’abord au fonctionnement de la sexualité masculine et, ensuite, aux attributs masculins (force, courage, etc.) qui confèrent aux hommes des droits (à la violence, entre autres) et des privilèges liés à ces attributs.

Virilité et masculinité se distinguent. L’identité masculine se construit dans des rapports sociaux à l’intérieur du groupe des hommes, qui construisent la face apparente, publique de la domination masculine : la virilité. Celle-ci est apprise aux hommes dans la « maison des hommes » (Godelier, 1996), afin que le groupe des hommes se distingue du groupe des femmes, entraînant des rapports hiérarchiques de domination du premier sur le second, exercés aussi bien à l’encontre du groupe des femmes que des groupes d’hommes jugés non virils. La virilité se construit dans le conformisme des hommes aux conduites qui leur sont imposées par la hiérarchisation des groupes de sexe, tout spécialement dans la division sexuelle du travail, car le travail est « central » dans la construction du genre (Molinier, 2000). Les hommes virils montrent une personnalité sociale qui est marquée par l’exercice des rapports de sexe, avec leur cohorte de stéréotypes qui font écran à une personnalité psychique fragile et peu adaptable face au travail réel. En effet, lorsque le travail réel impose ses dysfonctionnements, les hommes virils adoptent des comportements de déni. A l’opposé des femmes, ils ne développent pas une

« corpspropriation » (Dejours, 2009) (une adaptation, par l’exercice de l’intelligence corporelle et l’acquisition de nouvelles habiletés) qui leur permettrait de trouver des stratégies de résolution des difficultés.

Les femmes aussi construisent leur identité sexuée à l’intérieur des rapports sociaux de sexe et de la division sexuelle du travail. Elles construisent également cette « identité de surface » qui manifeste leur degré d’adhésion aux normes de sexe. Cette facette de l’identité féminine est ce que Molinier (2000) nomme la « muliérité ». Les femmes rencontrent des difficultés à construire leur identité dans leur intégration dans le monde du travail, là où elles ne sont traditionnellement pas attendues, là où elles tendent à être invisibilisées de diverses façons, là où leurs compétences ne sont pas apprises, mais considérées comme naturelles (douceur, empathie, minutie, docilité, etc.). Pour parvenir à établir un rapport valorisant au travail, les femmes doivent faire preuve de qualités viriles pour s’auto-affirmer, au mépris de leur identité féminine. Au contraire, la muliérité dénote un statut de soumission à la virilité. La muliérité permet aux femmes de supporter la virilité des hommes, au deux sens du terme « supporter » : elles y font face, et la soutiennent. Les femmes trouvent des stratégies d’auto-valorisation

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identitaire lorsqu’elles décrivent leur action professionnelle. Par exemple, la notion de

« vocation » euphémise la qualité et les significations des apprentissages professionnels ; elle masque l’acquisition de théorisations de l’action professionnelle, de connaissances et de compétences, de savoirs pratiques et, également, les apprentissages informels. Molinier (2000) note que l’expérience des femmes est prioritairement incarnée ; elle se construit à travers la

« narration de l’expérience sensible ».

La muliérité n’est pas symétrique à la virilité car si les hommes peuvent trouver dans la virilité une ressource de valorisation de leur identité sociale et professionnelle, la muliérité asservit les femmes à leur position inférieure et invisibilisée dans la hiérarchie des rôles de sexe. Pourtant, aussi bien les femmes que les hommes peuvent s’affranchir, respectivement, de la muliérité et de la virilité, pour développer des ressources et des modalités d’apprentissage que l’on peut qualifier de masculines ou de féminines, et qui ne sont ni l’une, ni l’autre, asservissantes, mais au contraire émancipatrices des normes de sexe.

On peut faire un détour par la psychodynamique du travail (la dynamique des processus psychologiques, construits dans l’intersubjectivité, qui sous-tendent le rapport collectif et individuel au travail) pour comprendre comment la masculinité et la féminité se construisent dans les rapports sociaux de sexe, et tout spécialement dans le phénomène de la souffrance au travail (Molinier, 2000). Les hommes manifestent collectivement des comportements de

« défi » et de « dérision » (Molinier, 2000) comme des stratégies de défense contre la souffrance. Un solide ordre des valeurs viriles (finalement, « ne pas se comporter comme une femme ») produit une inversion du code moral (Molinier, 2000) : dans l’état de souffrance subie ou imposée, une conduite virile, voire violente, est valorisée par la « maison des hommes ». La

« maîtrise symbolique du réel » (Molinier, 2000), attitude traditionnellement masculine, se mesure alors à l’aune de l’attitude virile, qui met en scène rapports de force et solidarité entre hommes. Leur « préservation de soi » (Molinier, 2000) est liée à la volonté des hommes d’éloigner la souffrance corporelle et psychique qui les déstabilise. Au contraire, les femmes subviennent aux besoins des autres même si leur don de soi contraint leurs désirs et provoque ainsi une souffrance. A côté de l’expérience féminine de l’« ambiguïté » (Molinier, 2000) du monde subjectif (notamment, la tension psychique entre la satisfaction de ses désirs et de ceux des autres), les hommes en souffrance se murent dans la préservation de soi, et se distancient encore davantage de l’expérience sensible qu’ils écartent habituellement.

La virilité est un ensemble de normes endogènes au groupe des hommes, qui ne laisse pas de place à la différence, à l’altérité. La virilité n’amène que fictivement à la masculinité. C’est un chemin conformiste et sans destination véritable, qui empêche le développement de l’identité masculine qui, elle, n’est pas conformiste. La masculinité est à l’œuvre dans le processus d’individuation des hommes.

Aussi bien qu’il peut « aliéner et appauvrir la subjectivité » (Molinier, 2000), le travail peut faciliter l’émancipation des normes de la virilité, par la possibilité qu’il ouvre d’être créatif.

L’intelligence du corps, qui parfois se rapproche de l’intuition, ou qui peut être une sensation ou une habileté soudaine, laisse transparaître la subjectivité, le rapport personnel au travail, et laisse émerger la créativité. Par la création d’une œuvre, et par la reconnaissance de la valeur de cette œuvre par les autres hommes, ceux-ci se dégagent de la virilité pour s’engager dans la

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construction de leur identité masculine. Le travail participe positivement de la construction du moi masculin, car les hommes peuvent communiquer entre eux par la médiation des objets créés, tout en engageant leur corporéité dans une relation incarnée aux autres. Alors que la virilité défensive, qui se traduit par une non-acceptation des obstacles posés par le travail réel, est le ressort des rapports sociaux de sexe, la masculinité créatrice est source d’acceptation de la diversité des créations personnelles (Dejours, 2009).

Au contraire des hommes, les femmes produisent des œuvres invisibles, qu’elles sont souvent seules à percevoir, à éprouver dans leur corps, dans le travail domestique tout spécialement.

L’œuvre objectivée des hommes et l’œuvre invisible des femmes causent un « clivage social, organisé depuis le déni viril de la subjectivité » (Molinier, 2000). Pourtant, il n’y a pas d’antagonisme entre l’œuvre objective des hommes et l’œuvre invisible des femmes, du moment que le corps et la subjectivité (les ressorts de l’émancipation de la virilité et de la muliérité), sont de part et d’autre engagés dans la création. Le travail active la virilité et la muliérité dans les rapports sociaux de sexe, mais il est également le lieu de la création des œuvres aussi bien féminines que masculines.

La masculinité créatrice pourrait défaire les hommes et les femmes du genre. La création d’objets, et de soi par ce moyen, pourrait devenir l’identité de tous les êtres humains.

Cependant, la création d’œuvres est toujours considérée comme une action traditionnellement masculine, sans doute parce que la créativité masculine s’exprime encore dans des rapports de domination dans lesquels la virilité prime. Les rapports sociaux de sexe sont toujours en place, dans la sphère productive que les femmes ont partiellement conquise, et dans la sphère reproductive, sous le couvert du patriarcat (Delphy, 2013). Alors que la reconnaissance de l’œuvre pourrait être un moyen de rompre la souffrance et les rapports de domination, la

« maison des hommes » est toujours debout. La virilité est alimentée par les distorsions des significations attachées à leurs œuvres. Par exemple : les créations des hommes s’inscrivent dans le monde pour durer ; or, l’offre que les hommes font au monde justifie leur prise de parole politique, quitte à réduire le temps et l’espace que les femmes peuvent occuper

3.3.1 La masculinité, les masculinités et la féminité dans les rapports sociaux de sexe

3.3.1.1 Les masculinités

Si les recherches sur les femmes et le féminin ont tout d’abord structuré les études sur le genre, les questionnements sur le masculin et les masculinités (les différentes manières d’incarner le masculin), sont apparus avec les travaux de Carrigan, Connell et Lee, en 1985, qui ont interrogé les façons dont le masculin est incarné par les hommes suivant leur situation dans des contextes sociaux particuliers. Le concept de masculinité vise à comprendre comment les rôles masculins sont incarnés par les individus. Il faut parler des masculinités comme de relations, et non de formes, de catégories, de rôles ou de traits psychologiques constitués a priori des relations et de l’incarnation de ces relations, car Connell intègre les masculinités qu’elle définit dans une conception relationnelle du genre. Pour elle, l’étude des masculinités n’est pas autonome des études féministes ; l’étude des masculinités est en dialogue constant avec la recherche féministe et les réalités existentielles des femmes, la recherche sur les femmes n’étant pas reléguée au second plan. L’étude sur les masculinités offre une nouvelle structuration du champ des études

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sur le genre, tout en ouvrant la possibilité d’une sociologie relationnelle du genre, qui met en discussion l’étude des masculinités en relation, précisément, avec les théories féministes, les rapports de classe, ou les questions de « globalisation » et de « colonisation » (Hagège &

Vuattoux, 2014).

Connell (2014) réfute aussi bien un « essentialisme » qui sélectionnerait arbitrairement des caractéristiques psychologiques différentes (les unes ne valant pas plus que les autres), qu’un

« positivisme » qui établirait une causalité entre des modes de vie dans une société et une culture données, et des définitions de la masculinité. Par contre, Connell reconnaît qu’il existe des

« prénotations relatives au genre » (p. 62) qui constituent des typifications de sens commun de ce que sont la masculinité et la féminité, qui guident les assignations de rôles sociaux masculins et féminins, respectivement, aux hommes et aux femmes. Les hommes doivent incarner des normes de comportement qui leur sont destinées, et qui définissent la masculinité pour le sens commun. Mais ce sont des définitions normatives impossibles à incarner totalement. Le genre est le lieu dans lequel les hommes et les femmes exercent des pratiques qui construisent des expériences corporelles, conjointement avec la personnalité et la culture. Connell déconnecte les masculinités du groupe des hommes, les masculinités étant des identités de genre incarnées par des individu-e-s indépendamment de leur sexe biologique. Les corps peuvent être subversifs et « facétieux » (Connell, 2014, p. 50) en particulier dans le cas des personnes trans*.

3.3.1.2 La masculinité hégémonique

La masculinité est située dans les recoupements variables de plusieurs rapports sociaux. Il y a trois niveaux dans la structure de la pratique de genre : tout d’abord, il existe des rapports de pouvoir, de domination des hommes sur les femmes, qui peuvent être rapportés à l’existence du patriarcat ; ensuite, ce sont les rapports de production avec la division du travail entre les femmes et les hommes, qui permet le contrôle du capital par les hommes et qui est un des aspects de la construction de la masculinité, l’accumulation des richesses étant rendu possible par l’existence et le fonctionnement de la sphère reproductive ; enfin, la cathexis, qui est un ensemble de pratiques qui informent et réalisent le désir, fait aussi partie de l’ordre de genre.

Un rapport est central, à partir duquel tous les autres rapports (entre groupes) et toutes les autres relations (interindividuelles) de genre sont hiérarchisées : il s’agit de la masculinité hégémonique, qui est une « configuration de la pratique du genre qui incarne la réponse à un moment donné au problème de la légitimité du patriarcat (p.77) ».

Les masculinités hégémoniques se construisent, se délitent et se recomposent à l’intérieur des reconfigurations historiques des rapports de genre et, au niveau des individus, à travers les expériences complexes des corps qui les incarnent. Les événements socio-historiques et politiques ont, en effet, un impact sur les régimes de genre3 qui prévalent à une époque donnée, ces régimes étant gouvernés par le groupe des hommes représentants de la masculinité hégémonique – le « noyau dur » du patriarcat, en quelque sorte. Or, à l’occasion d’événements qui remettent en question la légitimité du patriarcat, les régimes de genre se transforment, se

3 Je définis un régime de genre comme un ensemble de principes (ou de croyances) et de

pratiques sociales qui établissent les règles d’un ordre et d’un pouvoir sexués, en faveur du groupe des hommes.

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reconfigurent, sans toutefois que les relations de pouvoir sexuées ne soient renversées ; tout au plus deviennent-elles plus favorables aux femmes. Les régimes de genre sont incarnés ; ses recompositions s’expriment jusque dans les pratiques corporelles des femmes et des hommes ; ces pratiques sont plus ou moins renouvelées, mais à tout le moins s’adaptent-elles aux reconfigurations de l’ « ordre sexué » (Sénac-Slawinski, 2008). Des événements socio-historiques et politiques ont mis le patriarcat à mal au cours du XXe siècle dans le monde occidental, comme les guerres mondiales, les revendications féministes ou encore, plus récemment, les crises financières et économiques de ce début de XXIe siècle. L’ordre et le pouvoir établis par le genre (en réalité par le patriarcat [Delphy, 2013], dont la masculinité hégémonique est le locus de commande) s’en sont trouvés transformés, soit à l’avantage relatif des femmes, soit à leur désavantage (relatif également). L’avantage ou le désavantage qu’en ont retiré les femmes s’est par exemple traduit, en temps de guerre, par leur forte participation à l’économie, plutôt positive, contrebalancée dès la fin des hostilités par une incitation à occuper la place de mères au foyer chargées de repeupler les nations. A la suite des mouvements de revendications féministes de la fin des années 1960, les femmes suisses se sont vues octroyer le droit de vote et d’éligibilité au niveau fédéral, pendant que la question de la légalisation, également réclamée, de l’avortement (touchant bien à une incarnation du régime de genre) se trouvait renvoyée aux calendes grecques : l’avortement a été légalisé en Suisse en 2002 sur la base du consensus représenté par la « solution des délais », qui a clos un débat de plus de vingt ans sur le délai accordé aux femmes enceintes contre leur volonté, pour avorter. Depuis les années 1990, les crises économiques et financières se succèdent à un rythme rapproché, menaçant le pouvoir économique d’une majorité d’hommes, et (donc ?) animant un débat politique continu sur la place et le rôle des femmes dans le monde du travail en Suisse (avec ses questions corollaires que sont, entre autres, les moyens publics à octroyer à la garde des enfants ou encore à la promotion de la carrière professionnelle des femmes) ; dans le même temps, prévalent des représentations codées qui marquent strictement la différenciation du corps des hommes, et du corps des femmes.

La masculinité hégémonique garantit la domination masculine, quels que soient le lieu ou l’époque, en la légitimant et en subordonnant d’autres relations à la masculinité, ainsi que le groupe des femmes. L’hégémonie est une organisation de la suprématie masculine qui n’est valable qu’en un point situé de l’histoire ; en effet, cette configuration hégémonique se transforme dès lors que les conditions de défense du patriarcat évoluent. Les masculinités hégémoniques qui émergent ainsi, entretiennent trois types de rapports avec d’autres groupes d’hommes. Tout d’abord, un rapport de « subordination » (Connell, 2014, p. 75) s’exerce, prioritairement à l’encontre du groupe des hommes homosexuels, même dans des pratiques matérielles (« exclusion culturelle et politique », « violence symbolique », « discrimination économique et rejet individuel » [Connell, 2014, p. 76]). Les homosexuels représentent tout ce que la masculinité hégémonique rejette, car leur identité est « assimilable à la féminité » (Connell, 2014, p. 76). Ensuite, la masculinité hégémonique entretient une « complicité » (Connell, 2014, p. 76) avec d’autres masculinités infériorisées, l’idéal normatif de l’hégémonie masculine n’étant accessible que pour quelques hommes seulement. Pourtant, les hommes en général bénéficient des privilèges liés à la suprématie du patriarcat ; c’est donc que la majorité des hommes entretient un rapport de complicité avec la masculinité hégémonique. Les

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conditions d’existence qui sont liées à l’ordre patriarcal imposent des négociations avec les femmes (vie de famille, partage des tâches domestiques, soins aux enfants, etc.), ce qui réduit les bénéfices de la domination, mais ne détruit pas, ni même n’attaque, la masculinité hégémonique et les masculinités complices.

Le genre interagit avec d’autres structures sociales, comme la classe et la race, ou le handicap, pour produire des masculinités dominées, mais néanmoins complices. A la suite des révolutions technologiques, les hommes des classes ouvrières ont été privés de la possibilité d’exercer leur force de travail. Ils se sont alors arrogé une suprématie sur les savoirs techniques. Ils ont accédé à une classe moyenne renouvelée, toujours infériorisée, mais toutefois en progression dans la hiérarchie sociale, et tendant vers l’idéal de la masculinité hégémonique qui, elle, s’est approprié les savoirs scientifiques et techniques. Connell (2014) qualifie de masculinités

« marginalisées » les masculinités qui se construisent dans des configurations variables au croisement des différentes classes et groupes ethniques. Dans ces rapports de classe et de race qui s’entrecroisent, des masculinités aussi bien dominantes que subordonnées sont construites au regard de la domination d’une certaine classe, ou d’une certaine ethnie dominante, la relation de subordination étant ordonnée à partir de la suprématie et de l’autorité de la masculinité hégémonique. C’est la prédominance des normes, valeurs et croyances de la masculinité hégémonique qui divise et hiérarchise les autres masculinités, en fonction de la relative conformité de ces dernières, à leur culture et pratiques de domination. La masculinité hégémonique est incarnée par des hommes de race blanche, disposant d’un fort capital éducatif, socio-économique et culturel, qui majoritairement occupent les positions décisionnaires et stratégiques dans les instances politiques et économiques. Les hommes représentant la masculinité hégémonique, occupent majoritairement les fauteuils gouvernementaux et les postes de dirigeants dans les grandes entreprises, ou exercent leur influence sur les devants des scènes culturelles, même à partir des coulisses. Dans d’autres sociétés que la société occidentale, des groupes d’hommes de certaines ethnies, ou de certaines classes sociales élevées, prétendent aux définitions de la masculinité hégémonique afin d’établir une

« complicité » (Connell, 2014) avec elle à travers (notamment) des pratiques mimétiques. Ces hommes activent, par leurs pratiques, les rapports sociaux entrecroisés de sexe, de classe, et de race. Dans le monde économique, en même temps qu’ils décident des usages sociaux des biens et services qu’ils contribuent à mettre sur le marché, ils décident du sort de leur entreprise, c’est-à-dire des formes de la « re-création », de la « ré-incarnation » de leur propre pouvoir ; ils décident également des conditions d’existence de leurs subordonné-e-s, qui eux/elles-mêmes forment des sous-groupes hiérarchisés à partir de la masculinité hégémonique, mais qui sont

« complicité » (Connell, 2014) avec elle à travers (notamment) des pratiques mimétiques. Ces hommes activent, par leurs pratiques, les rapports sociaux entrecroisés de sexe, de classe, et de race. Dans le monde économique, en même temps qu’ils décident des usages sociaux des biens et services qu’ils contribuent à mettre sur le marché, ils décident du sort de leur entreprise, c’est-à-dire des formes de la « re-création », de la « ré-incarnation » de leur propre pouvoir ; ils décident également des conditions d’existence de leurs subordonné-e-s, qui eux/elles-mêmes forment des sous-groupes hiérarchisés à partir de la masculinité hégémonique, mais qui sont