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5.9 Associations entre les recommandations alimentaires et la survenue de cancer

6.2.1 Prise de suppléments vitaminiques

La question portant sur la prise de suppléments vitaminiques était posée de la façon suivante :

" Avez-vous pris des suppléments de vitamines au cours des douze derniers mois ?". Les individus qui répondaient "oui" a cette question étaient considérés comme prenant des suppléments vitaminiques. Ce type de classification dichotomique peut dans notre étude avoir généré une erreur non-différentielle d e classification des individus et avoir entraîné dans nos données une sous-estimation ou une absence d'association entre la prise de suppléments vitaminiques et ta survenue d e cancer. Comme peu d'individus prenaient des suppléments de vitamines, il n'a pas été possible de réaliser des analyses pour évaluer la relation entre la dose vitaminique (durée, fréquence) et la survenue de cancer. Par conséquent, un individu ayant pris des suppléments d e vitamines qu'une seule fois au cours de l'année précédant la visite médicale a été considéré comme ayant pris des suppléments au cours de l'année au même titre qu'un autre qui en prenait régulièrement pendant toute l'année. La prise de suppléments de vitamines ou de minéraux spécifiques a été considérée de la même façon de sorte que les individus étaient considérés comme prenant le type d e supplément en question lorsque l'apport en ce supplément était supérieur a zéro.

6.2.2 Habitudes alimentaires

On constate qüe beaucoup d'aliments n'apparaissaient pas dans le questionnaire et par conséquent leur apport en énergie, en vitamines et en minéraux n'a pu être évalué. 11 en résulte que les apports calculés peuvent avoir sous-estimé l'apport réel des sujets d e

l'étude. Cependant, ceci a probablement peu affecté les résultats car les questionnaires de fréquence alimentaire sont construits de manière à prendre en compte les principales sources alimentaires d'une population.

6.3 Relation entre la prise de suppl4ments vitaminiques et la survenue de cancer

Dans cette étude, seulement 23% de la population prenaient des suppléments de vitamines ou de minéraux au cours de l'année précédant la visite médicale en 1985. Cette faible proportion d'individus prenant des suppléments a rendu difficile la mise en évidence d'une relation possible entre la pnse de suppléments et la survenue de cancer.

Par ailleurs, l'absence d'association pourrait être due à une exposition insuffisante étant donné les faibles doses de suppléments vitaminiques qui étaient consommées par les hommes de cette cohorte.

II ne semblait pas y avoir de relation entre le fait de prendre des suppléments en général, sans considération pour le type de vitamines ou de minéraux et la survenue de cancer (Ri= 1 .O 1, IC95% : 0.68- 1 S0). Selon mes connaissances, aucune des études de cohorte s'intéressant aux cancers totaux n'a trouvé une association avec la pnse de suppléments (2).

11 en a été de même pour la prise de suppléments de vitamines A, C et E. Les résultats montrent que le calcium pris en supplément pourrait réduire le risque de survenue de cancer (RI=0.56 ; IC95% : 0.08-3.97). La littérature rapporte peu d'études s'étant intéressées à la pnse de suppléments de calcium en relation avec la survenue de cancer.

Les études répertoriées ont évalué la relation entre la prise de suppléments de calcium et le cancer colorectal. L'hypothèse de recherche est que le calcium lierait les acides biliaires intraluminaux prévenant ainsi leurs effets toxiques et I'hyperprolifération compensatoire résultante (58) ou agirait directement sur la réduction de la prolifération cellulaire en induisant la différentiation des cellules (59). Une étude de cohorte ayant enrôlé 35 216 femmes (2) a montré une association inverse significative entre la prise de

suppléments de calcium et le risque de cancer colorectal (R.PO.7). D'autres études cas- témoins ont révélé de plus faibles associations entre le calcium pris en supplément et le risque de cancer colorectal (ZJ7). Dans notre étude, le

RI

pour la survenue de cancer colorectal n'a pu pas être calculé puisque qu'aucun cas de cancer colorectal n'est survenu parmi les individus prenant des suppléments de calcium.

La pnse de vitamine A n'était pas associée au risque de cancer dans notre cohorte. Nous avons observé dans cette étude que les hommes qui prenaient des suppléments de vitamine A avaient une incidence de cancer du poumon 50% plus faible que les hommes qui n'en prenaient pas (RI=0.50, IC à 95% : 0.07-3.65). Cette association inverse est aussi apparue pour les cancers associés au tabac (RI-0.59). La littérature rapporte deux études de cohorte (2, 34) ayant obtenu des résultats similaires. La "Leisure World Study" réalisée chez 11 580 retraités suivis pendant 8 ans, a constaté une relation faible non-significative entre la prise de suppléments de vitamine A et le cancer du poumon chez les femmes (RI=0.7 ; IC95% : 04-1.1) alors qu'aucune association n'avait été montrée chez les hommes. Dans cette étude, le nombre de cas de cancer spécifique était faible et par conséquent, la puissance statistique de l'étude était faible. Une étude prospective réalisée a Hawaii a rapporté une association inverse non significative entre la prise de vitamine A et la survenue de cancer chez les hommes (RC=0.8). Une étude cas-témoins conduite a Toronto montrait une incidence de cancer trois fois plus faible chez les gens qui consommaient des suppléments de vitamine A par rapport à ceux qui n'en prenaient pas ( R G 0 . 3 , IC9S%:O. 1 -0.8). Par ailleurs, aucun résultat rapporté dans la littérature ne permet d'appuyer l'augmentation du risque de cancer de la prostate observée dans notre étude chez les hommes qui prenaient des suppléments de vitamine A.

Les résultats obtenus dans notre étude concernant la pnse de suppléments de vitamine C ne sont pas en accord avec ceux de la littérature. Alors que deux études cas-témoins (2, 60) montrent une association inverse significative avec le cancer du colon, dans notre étude, les hommes qui prenaient des suppléments de vitamine C présentaient une incidence de cancer colorectal plus élevée par rapport a ceux n'en prenant pas (RI= 1.3 0).

De plus, la réduction du risque de cancer de la prostate rapportée dans notre étude chez

les hommes qui prenaient de la vitamine C en suppléments ne semble pas avoir été retrouvée dans d'autres études. La plupart des études de cohorte ayant évalué l'effet des suppléments de vitamine C n'ont révélé aucune association avec les cancers du colon et de la prostate (2,60).

Dans l'ensemble, les études sont très peu consistantes en ce qui concerne l'effet la prise de suppléments de vitamines et la survenue de cancer. Peu d'études appuient l'hypothèse d'un effet protecteur apporté par les suppléments. Par ailleurs, les associations statistiquement significatives les plus fortes proviennent d'études cas-témoins et s'adressent aux vi tarnines antioxydantes en particulier c'est-à-dire les vitamines A, C et E.

Mais encore faut-il être prudent. Aucune étude ne prouve encore l'existence réelle d'une association inverse entre la prise de suppléments de vitamines antioxydantes et le risque de cancer. Les résultats les plus convainquants sont ceux concernant la vitamine E pour laquelle la majorité des mesures d'associations suggèrent une diminution des risques de cancer en général de 50% chez les individus prenant des suppléments de vitamines E par rapport a ceux n'en prenant pas (2).

Sept essais cliniques randomisés ont étudié l'effet de la prise de suppléments vitaminiques et l'incidence du cancer (61). Ces essais se sont surtout intéressés aux suppléments de beta-carotène et de vitamine E (sous la forme d'alpha-tocophérol). L'un des essais, l'étude ATBC (3 1-32) réalisée chez 29 133 sujets a montré que la prise de suppléments de vitamine E avait un effet protecteur statistiquement significatif contre le cancer de la prostate (Ri=0.7). Dans notre cohorte, la prise de supplément de vitamine E semblait n'avoir aucun effet protecteur contre le cancer de la prostate mais plutôt un effet inverse. En effet, nous avons observé une légère augmentation non- significative du risque de ce type de cancer chez les hommes qui prenaient de la vitamine E (RI4.4).

A

l'exception d'une étude, tous les essais cliniques ont été conduits chez des individus à risque élevé de cancer à des sites spécifiques. En autres, deux des plus grosses études, les études CARET (2) et ATBC, ont sélectionné des sujets qui étaient tous fumeurs ou avaient déjà fumé, donc à risque élevé de cancer du poumon et autres cancers associés au tabac.

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