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PROBLÉMATIQUE GÉNÉRALE

3. Approche méthodologique

Pour décrire la langue konkomba – qui n’est pas notre langue maternelle – nous sommes parti d’un corpus. Il importe de préciser la nature des exemples18 qui fondent en même temps qu’ils illustrent notre propos. Le corpus est fait de contes (des récits), qui sont parmi les plus populaires en milieu konkomba. Nous avons aussi eu recours à des descriptions d’objets, de lieux, d’itinéraires, ainsi qu’à des procédures (préparation d’un repas par exemple). Nous avons pu nous rendre compte qu’un type de texte donné permettait d’observer

17Pour une approche de la perspective glossologique, voir : JONGEN René, 1993, Quand dire c’est dire. et URIEN Jean-Yves, 1989, La trame d’une langue, le breton. L’ouvrage fondateur du modèle étant Jean Gagnepain 1981, Du Vouloir-Dire, t.1 Du signe. De l’outil.

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Nous nous approprions ce principe de Otto Jespersen (1937 : 16) : « Seul l’exemple permet de faire la lumière ; les longs discours ne suffisent pas ».

un certain nombre de phénomènes de la langue. Nous nous sommes aussi inspiré des questionnaires et des conseils de méthode des Tomes 1 et 2 de Luc Bouquiaux et Jacqueline Thomas (1976).

On y trouve aussi des faits divers racontés par des jeunes, des séances de jugements effectués dans la cour du chef canton de Nawaré, des discussions auprès de certaines revendeuses. Pour certains types d’analyses, il a été question de procéder par phrases fabriquées et d’en obtenir la formulation en konkomba grâce aux bons soins de notre informateur de référence. Tous ces éléments ont d’abord été enregistrés sur lecteur MP3 puis copiés sur ordinateur. De multiples écoutes en mode ralenti nous ont permis de transcrire les données recueillies en API, avant de vérifier l’exactitude de nos premières transcriptions avec notre informateur. Très souvent, nous nous sommes fait redire les paroles par nos informateurs.

Ces données ont été enrichies de celles de certains documents produits au Ghana, notamment An Introduction to learning Likpapaln, le Dictionnaire Anglais Konkomba, et les versions du Nouveau Testament et de la Bible. Le konkomba décrit dans ces documents étant celui parlé au Ghana, nous avons pris soin de ne les considérer que comme des données primaires que nous avons soumises à nos informateurs. Nous nous sommes donc appuyé sur ces informateurs pour obtenir les différentes réalisations dans la variété décrite ici, le litchaal, parlé à Nawaré.

Nous avons pu obtenir une transcription aussi exacte que possible, tant phonématique que prosodique. Cette exactitude a été vérifiée à partir de relectures, sous l’oreille vigilante du groupe constitué par nos informateurs. Ces derniers sont pour une part trois habitants du lieu, choisis sur place ; et pour une autre part trois élèves locuteurs natifs du litchaal : deux, dont une fille, du Lycée de Bassar et un élève de l’Institut Arnold Janssen à Bassar19. Nous les avons choisis parce qu’ils sont nés à Nawaré et y ont séjourné depuis leur naissance jusqu’à l’obtention de leur B.E.P.C. Par rapport à l’avancement du travail, et vu les problèmes qui surgissaient de ce qui semblait être des solutions, la nécessité s’est imposée de solliciter, à chaque pas, nos informateurs20, soit pour vérifier, soit pour élargir les données21.

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Dans l’année scolaire 2005-2006.

20Il s’agit donc de sources vivantes, en ce sens qu’elles sont spontanées et liées à l’instant t de notre travail ; il ne pouvait en être autrement, des données sur un état antérieur (différent de l’état actuel) de cette langue n’étant pas disponibles. Y en aurait-il eu même qu’elles n’auraient peut-être pas porté sur la variante décrite ici. D’où le fait qu’une étude sur de ces langues (sans longue tradition écrite) ne peut évidemment être que synchronique,

La présente description s’articule autour de trois grandes parties : la phonologie, la morphologie et la syntaxe ; les deux dernières étant regroupées sous le terme générique de grammaire.

La partie sur la phonologie commence par l’identification des phonèmes consonantiques et vocaliques, puis les semi-consonnes ; elle procède ensuite à la définition et au classement des phonèmes identifiés. Vient ensuite l’examen de certains cas particuliers liés à la nasalité, les phénomènes de labialisation et d’aspiration qui affectent les phonèmes dans certains contextes. L’étude de la syllabe et des tons clôt cette partie.

La deuxième partie – la morphologie – examine d’abord un certain nombre de concepts et expose les critères qui justifient nos choix de présentation. Cet exposé préliminaire – qui se rapporte aux deux grandes catégories grammaticales (le nom et le verbe) – ouvre, ensuite, l’étude de la morphologie nominale.

L’étude de la structure des constituants nominaux débouche sur la présentation des noms en genres et classes, puis sur l’analyse des problèmes de composition nominale. L’étude d’un certain nombre de phénomènes comme les alternances (vocaliques, consonantiques), les tons dans leur rapport avec la morphologie nominale, accompagne la classification opérée.

Quant à l’étude de la morphologie verbale, elle présente, d’une part, le fonctionnement du verbe dans un énoncé, avant de l’analyser dans son aspect morphologique ; et d’autre part l’étude des aspects et des actualisateurs. Nous identifions ensuite les formes verbales dans la langue, avant de nous intéresser à l’étude de la catégorie, très problématique, d’adjectif, qui termine cette partie..

La dernière partie (la syntaxe) définit dans un premier temps un certain nombre de notions ; elle identifie ensuite les fonctions syntaxiques telles qu’elles se présentent en konkomba. Elle s’intéresse aussi à la façon dont cette langue exploite le système morphologique nominal à des fins syntaxiques ; cette étude débouche sur le système pronominal de cette langue. Nous nous intéressons également à l’expression de l’interrogation et à la focalisation.

l’éventualité d’une étude diachronique n’étant même pas envisageable ; toute mention "synchronie" ne peut, par conséquent, relever que d’un pléonasme.