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Analyse anhistorique par phase

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 105-109)

ARCHÉOLOGIQUE DU XIII e AU XVIII e SIÈCLE

4.1 Le monde des morts et son évolution

4.1.1 Le recrutement des groupes socio-économiques

4.1.1.5 Analyse anhistorique par phase

Sans tenir compte du contexte archéologique et historique du couvent, seule une analyse des sujets par phases chronologiques auraient été menée (voir la distribution des sujets en annexes 2.9 et 2.10). Trois périodes se distinguent alors : la première antérieure à la construction du couvent (phase 1), la seconde (phase 2) s’intéresse aux individus inhumés dans le couvent médiéval jusqu’à la Renaissance (fin XIVe – XVIe siècles) et la dernière (phase 3) illustre la fin de l’Époque moderne après le temps des Réformes (XVIIe et XVIIIe siècles).

Quelle que soit la période envisagée, l’analyse biologique du recrutement des espaces funéraires révèle d’importantes distorsions par rapport aux schémas de mortalité archaïque, anomalies qui paraissent se résorber au fil du temps (tab. 11 et fig. 52).

(i) La première phase d’occupation se caractérise par une absence d’enfants (sauf 1 décédé entre 5 et 9 ans) et une surreprésentation de sujets de plus de 15 ans. Les hommes y sont nettement prédominants avec un taux de masculinité à 88,9 %38 (fig. 53).

(ii) À la période suivante (phase 2), bien que les enfants de moins de 5 ans soient encore presque absents, le profil démographique pourrait être compatible avec une mortalité archaïque pré-industrielle pour les sujets décédés entre 5 et 19 ans, même si ces derniers sont encore trop nombreux pour permettre un renouvellement générationnel par rapport au nombre d’adultes (IJ et 15P5 < IJe(20) et 15P5[e(20)]). Au delà, les adultes entre 20 et 59 ans sont toujours surreprésentés (fig. 52). Encore une fois, les hommes sont majoritaires et significativement surreprésentés : ils constituent alors 74,2 % de l’échantillon dont le sexe a été déterminé39.

(iii) Les biais de recrutement observés dans les précédents profils démographiques ont tendance à se résorber au cours de la dernière phase. Les enfants de moins de 1 an sont toujours largement sous-représentés, observation récurrente pour les échantillons archéologiques (Bocquet-Appel 2005, 281), mais le nombre de sujets décédés entre 1 et 29 ans est conforme avec une mortalité archaïque, tandis que les sujets entre 30 et 59 ans sont légèrement surreprésentés. Les indices de juvénilité (0,0836) et de 15P5

(0,1009) sont compatibles avec une espérance de vie entre 20 et 40 ans. Toujours en faveur des hommes, le taux de masculinité à 59,36 % traduit encore une fois un déséquilibre significatif entre les hommes et les femmes40 (fig. 53).

38 La différence est significative à p = 0,1312 (test exact de Fisher).

39 La différence est hautement significative avec p = 0,0008958 (khi² de conformité = 11,031).

40 La différence est significative à p = 0,0491 (khi² de conformité = 3,8718).

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Figure 52 : Quotients de mortalité en ‰ des sujets des phases 1, 2 et 3 comparés aux extrêmes des tables de Ledermann [e0 (20) et e0 (40)].

Figure 53 : Nombre d’hommes et de femmes déterminés par phase chronologique et lien significatif en rouge.

Si la position des sépultures d’enfants et d’adultes des phases 1 et 2 n’est pas corrélée spatialement de façon significative41, elle l’est pour la dernière phase d’occupation funéraire42. Les enfants et sujets de moins de 20 ans sont préférentiellement inhumés dans la zone ouest du site alors que les adultes se concentrent davantage dans des aires restreintes au nord et au centre (fig. 54). L’emplacement choisi pour installer les tombes n’est, de fait, plus aléatoire.

La répartition par phase des sujets sexés est auto-corrélée spatialement. Tous les sujets masculins de la phase 1 se concentrent de façon significative dans le nord-ouest de la zone étudiée alors que la femme se situe au centre est (fig. 55/phase1)43. Les hommes de la seconde période sont significativement regroupés

41 Pour la phase 1 : p = 0,9553 et pour la phase 2 : p = 0,1476 (I de Moran).

42 Pour la phase 3 : p = 0 (I de Moran) et p = 0 (I de Moran avec des distances de 5 m).

43 p = 0,0502 (I de Moran)et p = 0,0074 (I de Moran avec des distances de 5 m).

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dans le quart sud-ouest du site44 alors que les femmes sont dispersées sur l’ensemble de la zone (fig. 55 /phase2). Les hommes de la dernière phase sont également concentrés dans certains espaces dans le nord du site, alors que les femmes sont regroupées dans le centre et plutôt à l’est45 (fig. 55/phase3).

Figure 54 : Carte de répartition heatmap des adultes et sujets de moins de 20 ans de la phase 3.

Figure 55 : Carte de densité heatmap des hommes et de femmes déterminées par phase chronologique

44 p = 1,764e-05 (I de Moran) et p = 0,0272 (I de Moran avec des distances de 5 m).

45 p = 0,0156 (I de Moran) et p = 0,0083 (I de Moran avec des distances de 5 m).

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Résumé

Quatre groupes sont créés à partir de la localisation des tombes puisque le choix du lieu de l’élection de la sépulture des chrétiens à l’Époque moderne est aussi, voire plus, important que le soin apporté au corps du défunt. L’étude historique du couvent permet de distinguer des emplacements plus favorisés que d’autres, avec des services et rites spirituels plus « forts », comme le chœur de l’église ou les chapelles Notre-Dame et Saint-Joseph où repose le tableau de la Vierge, ultime but des pèlerins du couvent de Bonne-Nouvelle. Aucun de ces groupes ne présente une mortalité naturelle, ce qui implique une sélection des inhumés dans le couvent. Le groupe A rassemble les sépultures issues des zones les plus privilégiées et le groupe B, les autres avec une subdivision entre B’ regroupant les sujets issus de la nef de l’église et B’’

ceux des extérieurs des bâtiments. Le déficit d’enfants de moins de 1 an est une constante quel que soit le groupe ou les espaces topographiques considérés. Les courbes de mortalité ont tendance à se conformer aux schémas de mortalité naturelle pour les sujets de plus de 10 ans à la dernière période. S’il semble que les hommes et les femmes du groupe A soient recrutés dans les mêmes proportions, les effectifs du groupe B sont majoritairement et significativement masculins. Les groupes C et D se distinguent par des effectifs numériques plus faibles et une sélection encore plus drastique des sujets, significativement masculins et adultes de plus de 20 ans. Le groupe C provient de la salle capitulaire du couvent et D de 2 sépultures multiples retrouvées dans la cour ouest.

Anhistorique, seule la chronologie des dépôts reste perceptible. Les phases 2 et 3 se caractérisent par un recrutement significativement en faveur des hommes et des schémas de mortalités non conformes aux standards avec une sous-représentation des enfants de moins de 4 ans et une surreprésentation des adultes de plus de 30 ans. Spatialement, selon les périodes considérées, la spécialisation de certaines zones d’inhumations selon l’âge au décès et le sexe des sujets sont mises en évidence.

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