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Anémie infectieuse des équidés

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2. Surveillance épidémiologique de trois maladies infectieuses équines en France

2.1 Caractéristiques épidémiologiques de l’anémie infectieuse des équidés, de l’artérite virale

2.1.1 Anémie infectieuse des équidés

2.1.1.1 Caractéristiques cliniques et épidémiologiques et importance

L’agent étiologique de l’anémie infectieuse des équidés (AIE) est le virus de l’anémie infectieuse des équidés. C’est un virus enveloppé à ARN simple brin, appartenant à la famille des Retroviridae et au genre Lentivirus et essentiellement transmis par des vecteurs mécaniques (voir infra) (Cook et al., 2013). La première description de la maladie a été réalisée au milieu du XIXème siècle en France, en Haute-Marne (Lignée, 1843), et l’origine infectieuse de la maladie n’a été démontrée qu’au début du XXème siècle (Vallée et Carré, 1904).

Dans les conditions naturelles, seuls les équidés sont réceptifs : chevaux, ânes, mulets, bardots. L’AIE est une maladie persistante, souvent latente mais caractérisée chez certains individus, après une phase aiguë, par la récurrence d’épisodes fébriles (stade chronique) associant une virémie, des œdèmes, de l’amaigrissement, de l’anémie et une thrombocytopénie (figure 3). La période d’incubation est comprise entre cinq jours et trois mois, avec une moyenne de 10 à 15 jours. La maladie, parfois mortelle, évolue fréquemment vers un stade asymptomatique mais les équidés

demeurent infectés à vie. Il n’existe pas de traitement ni de vaccin efficace (Harrold et al., 2000;

Toma et Pearson, 2010).

Figure 3. Cheval infecté par le virus de l’anémie infectieuse des équidés (source : Unité Pédagogique Maladies Contagieuses, ENVA).

L’AIE sévit de manière enzootique et sa diffusion est généralement modérée. Les sources de virus sont les équidés malades, qui représentent le danger maximal de transmission, et les porteurs asymptomatiques qui jouent le rôle de réservoir. La virémie débute deux à sept jours avant l’apparition des signes cliniques. Pendant les crises, la virémie est maximale et le virus peut être isolé à partir des organes, des sécrétions et des excrétions. Chez les porteurs latents, la virémie est généralement très faible (Issel et al., 1982; Toma et Pearson, 2010).

La transmission est essentiellement indirecte, par transfert de sang contaminé via des vecteurs mécaniques tels que des arthropodes piqueurs appartenant notamment à la famille des tabanidés ou des instruments d’injection (Issel et al., 1988). La diffusion de la maladie est donc facilitée dans les zones où les tabanidés sont nombreux et dans les élevages où sont pratiquées des injections nombreuses sans respect des bonnes pratiques d’hygiène. Le virus ne se multipliant pas chez l’arthropode, l’AIE n’est pas une maladie vectorielle au sens strict (Hawkins et al., 1976; Issel et Foil, 2015). Le virus peut résister quelques jours sur des aiguilles contaminées, mais pas plus de quatre heures sur les pièces buccales d’un tabanidé. Pour que la transmission se produise, il faut donc que l’insecte débute un repas sanguin sur un animal infecté, qu’il soit interrompu et qu’il reprenne son repas sur un cheval sain situé à proximité, c’est-à-dire à moins de 200 mètres (Issel et Foil, 2015). La transmission directe verticale est possible, l’infection du poulain in utero se produisant pour environ 10 % des juments pleines infectées de façon latente. Les autres modes de transmission, par le coït, le lait ou l’alimentation, demeurent exceptionnels (Kemen et Coggins, 1972; Toma et Pearson, 2010).

Au bilan, compte tenu de sa transmission essentiellement indirecte et de la fréquence des infections inapparentes avec faible virémie, l’AIE se manifeste généralement de façon sporadique dans les

cheptels atteints. La diffusion du virus est relativement lente mais difficile à contrôler du fait de l’implication d’insectes piqueurs jouant le rôle de vecteurs mécaniques.

Le dépistage et le diagnostic de certitude reposent sur la réalisation d’un examen de laboratoire, le test d’immunodiffusion en gélose appelé test de Coggins (Coggins et Norcross, 1970). Ce test, réalisé sur prélèvement de sang, met en évidence les anticorps fabriqués par l’équidé qui apparaissent généralement dans les 14 à 28 jours post-infection et persistent à vie (Cook et al., 2013).

L’importance de l’AIE est surtout économique, en particulier du fait de ses conséquences indirectes parfois lourdes. Règlementée depuis 1936 (Anonyme, 1936), y compris sous sa forme latente depuis 1992 (Anonyme, 1992a), l’AIE est un danger sanitaire de première catégorie depuis 2012 (Anonyme, 2012a, 2013). Lorsqu’un cas est confirmé, un arrêté préfectoral portant déclaration d’infection (APDI) est systématiquement pris, imposant l’euthanasie des équidés infectés. Cette mesure est justifiée par la persistance de l’infection et par l’impossibilité de traiter les animaux, qui présentent donc un risque d’infection à vie pour les autres équidés. L’APDI implique également des interdictions de mouvements et de rassemblements qui peuvent s’avérer coûteuses, comme ce fût le cas à l’hippodrome de Cagnes-sur-Mer en 2009 (Hans et al., 2012). Par ailleurs, l’apparition de foyers peut entraîner des restrictions d’exportations d’équidés vers certains pays. L’AIE est également un vice rédhibitoire, susceptible d’entraîner la nullité de la vente dans un délai de 30 jours (article R213-1 du Code rural et de la pêche maritime).

2.1.1.2 Situation sanitaire

L’AIE, d’abord identifiée en France, est aujourd’hui présente dans la plupart des pays à travers le monde (Borges et al., 2013; Dos Santos et al., 2016; Hans et al., 2012; Hayama et al., 2012;

Hernández Cruz et al., 2014; Kaiser et al., 2009; Malik et al., 2013; Toma et Pearson, 2010). En France, la prévalence apparente de la maladie a fortement chuté entre les années 1980 et 2000. Elle est restée relativement faible ensuite, puisque le nombre de cas (équidés infectés, présentant ou non des symptômes) détectés a varié entre zéro et seize par an et le nombre de foyers (élevages détenant au moins un cas détecté) entre zéro et sept par an au cours des quinze dernières années (figure 4) (Truffert, 2011).

Figure 4. Nombre de cas et de foyers d’AIE détectés en France entre 1972 et 2015 (d’après Hans et al., 2012; Hans et al. 2014; Hans et al., 2015; Ponçon et al., 2011; Truffert, 2011).

Le niveau réel de la prévalence de l’AIE est cependant mal connu et des cas sont encore régulièrement identifiés depuis 2005 (tableau 1), essentiellement dans le sud-est du pays (figure 5) (Hans et al., 2012; Hans et al., 2014; Hans et al., 2015).

1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Nombre de cas / foyers d'AIE

Années Cas d'AIE (équidés infectés détectés)

Foyers d'AIE (élevages avec au moins un cas détecté)

Figure 5. Localisation des foyers d’AIE en France métropolitaine entre 2005 et 2015 (d’après Truffert, 2011 ; Ponçon et al., 2011 ; Hans et al., 2012 ; Hans et al., 2015).

Une grande partie des cas et foyers mis en évidence depuis 2005 l’ont été à la suite d’une suspicion clinique (2005, 2007, 2009, 2012, 2013). En 2008, deux cas ont été découverts simultanément dans le cadre d’un dépistage en vue d’une mise en pension dans un même élevage. En 2010, cinq cas autochtones ont été identifiés après qu’un cheval ait été testé dans le cadre de contrôles avant exportation, tandis que cinq autres cas ont été recensés grâce à une enquête coordonnée par la Direction générale de l’alimentation à la suite de cas observés fin 2009 au Royaume-Uni et en Belgique chez des équidés importés directement de Roumanie. Enfin, les deux foyers de 2014 ont été détectés suite à la découverte d’un étalon infecté de manière inapparente et dépisté dans le cadre de la monte.

La majorité des 57 cas recensés depuis 2005 ont été découverts par des enquêtes épidémiologiques mises en place suite à la détection d’un premier cas, lui-même identifié après suspicion clinique ou dépistage. La quasi-totalité des équidés infectés étaient des animaux de loisir, contrairement aux années 1980 au cours desquelles le milieu des courses a été plus fortement touché (Truffert, 2011).

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