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AGRICULTURE PAYSANNE: DEFRICHE-BRULIS ITINERANTE

MILIEU PHYSIQUE: LE BASSIN VERSANT DU FLEUVE NIARI

C. AGRICULTURE PAYSANNE: DEFRICHE-BRULIS ITINERANTE

En 1966, SAUITER fait le point de la mise en valeur de la vaJlée du Nlari

a

cette date, des résultats acquis et des difficultés qui restent

a

vaincre:

- en ce qui conceme la faillite de la culture intégraJement mécanisée, "il seralt parfaitement vain d'incrlminer le milieu naturel: celui-ci réunissait un ensemblede conditions satisfaisantes tel qu'on en rencontrait difficilement I'équivalent dans le reste de l'Afrique tropicale. On avait en réalité trop tait crédit aux machines... A vouloir de la

"culture soignée" en pensant que le sol rendrait en proportion du travail rec;u..., dans la Vallée, on s'est enfoncé davantage. Ce dont le sol avalt besoin, c'est d'Atre protégé, entretenu, réenrichi, fauta de quo! les meilleures"fa~ns"culturales ne pouvaient qu'en hAter la destruction (SAUITER, 1966).

- en ce qui conceme les perspectives

a

venir, iIconstate que "le remue ménage dont la

"Vallée aux mille espoirs" (écrivain congolais Jean MALONGA, 1958), est le théAtre depuis une quinzaine d'années, I'exemple donné par les exploitations européennes, les salaires distribués, I'activation sociale, I'équlpement de la région, tous ces facteurs étroitement imbriqués ont fini par entrainer les Congolais, d'abord tenus en marge de la

"mise en valeur" officielle...

Mais ji faudrait pouvoir combler tant soit peu le fossé qui sépare les termes paysannes des entreprises de colonisation, et assurer en tout état de cause la perpétuation des techniques agricoles et pastorales si laborieusement mises au point (SAUITER, 1966).

Cependant en 1966, trois ans aprés la rédaction de cette conclusion, I'avenir de la Vallée du Niari comportait quelques éléments nouveaux de développement: introduction de la culture attelée, sylviculture de I'eucalyptus ou des pins tropicaux, extension importante de la culture de la canne

a

sucre...

A partir de 1975, par la nationalisation de certaines entreprises européennes, des complexes agro-industriels et sociétés agricoles d'Etat, vont Atre créés, avec parfois I'introduction de cultures nouvelles, tels que le manioc

a

Mantsoumba, le coton puis le mais et le paddy

a

proximité de Madingou.

MAme s'il semble que, les recherches aient abouti

a

des résultats tels que I'on sache ce que I'on peut faire dans la Vallée du Niari tous les problémes n'en sont pas résolus pour autant: mise en place d'ltinéraires techniques ou de systémes de cultures viables et conservateurs de la tertilité du milieu écologique.

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(arachide, mais, pois d'angole ...), associées

a

des plantes bisannuelles (manioc principalement), avec une jachare plus ou moins longue (3

a

10 ans), selon qu'on soit en savane ou en forét.

Les techniques culturales sont variées et généralement assez soignées:

- sous savanes, les graminées encore assez vertes sont coupées

a

l'a1de d'une houe, en MaI-Juin; le mulch a1nsi formé se desseche au cours de la salson sache et n'est brOlé qu'avant les premiares grosses pluies d'Octobre. Ensuite le sol est remué légarement et le semis des cultures annuelles ainsi que le bouturage du manloc sont falts

a

cette méme périodedeI'année. Sous forét, le recépage du sous bois en MaI-Juin est suivi de I'abattage(a l'a1de des haches), de la quasi totalité des arbres, mals la mise en feu n'intervient aussi qu'en Octobre avant les pluies;

- ou bien, en fin de salson sache, aprés la mise

a

feu de la savane, les souches de graminées sont coupées

a

la houe et brOlées en petits taso En Octobre, on y réalise le houage, le semis et le bouturage des plantes.

Dans la Vallée du Niarl, région parmi les plus peuplées du Congo, la denslté moyenne de la population est encore assez faible « 10 halkm2) et les ménages autochtones trouvent encore des terres disponibles.

Mais, sur le plateau de Mouyondzi, ou la concentration des populations est la plus torte du pays (> 10 habitants au km2), "les ruraux ont dO falre preuve d'esprlt Inventlf, et mettre au point des méthodes agricoles plus évoluées" (VENNETIER, 1966), telle "maala"

(écobuage).

Ces techniques d'intensification de la production agricoles ont été introduites, depuls peu, dans la Vallée du Niari (entre Madingou et Loutété), par les immigrants Béembé venus des hauts plateaux de Mouyondzl. L'écobuage consiste en la préparatlon des billons herbacées (en Avril-Mai), avant que la savane ne se dessache. Une fois bien secs, ils sont recouverts de terre humifare et aussitOt on mat le feu qui les consume pendant quelques jours.

Le semis et le bouturage se font das les premiares pluies en méme temps que le désherbage des plantes adventices (lmperata cylindrica).

Le calendrier agricole local distingue bien le premier maximum pluvieux, correspondant au "premier cycle" (permettant les semis),

a

partir du 15 Octobre, la petite salson sache en janvier ou février (favorable aux récoltes et au semis du cycle suivant), le second maximum de pluies (ou second cycle agricole), jusqu'au 15 Mai, et la grande saison sache (le début correspondant

a

une période nuageuse et fraiche jusqu'au 15 AoOt, la seconde moitié étant marquée

par

un réchauffement dO au rétablissementdeI'ensoleillement).

Dans le catalogue de cultures utilisées, le manioc (doux ou amer), constituant la base de I'alimentation des congolais, est la culture principale généralement associée

a

des cultures annuelles (arachides, mais, légumes, poids d'angole, ignames etc...),

a

des densités variables selon I'importance aJimentaire ou économique de chacune d'entre elles.

o. CONCLUSION

Ici encore, comme

a

I'échelle du Bassin versant du fleuve Niari (chapitre 1), c'est la structure géologique du substratum et sa lithologie qui expliquent directement I'origine des différentes unités morpho-pédologiques de la Vallée du Niari: plateaux-sols, dépressions-sols et bas-fonds-sols.

Le sol ferral/ltlque arglleux de sommet des plateaux, qui est tres utilisé du point de vue agricole et qui nous intéresse dans ce travail, est le mleux représenté dans cette unité de paysage couramment appelée Vallée du Nlarl. 11 présente par rapport aux unités en vironnantes les atouts suivants:

- topographie plane;

- drainage interne rapide, en raison de

sa

structuration en microagrégats;

- couverture végétaJe constituée essentiellement de graminées, ce qui facilite la mise en valeur du milieu.

Mais la mise en valeur de la Vallée du Niari a trés tat connu de nombreux problémes Iiés:

- d'une part, aux condltlons climatiques molns favorables de cette région. située pourtant

a

250km de l'Atlantique sud, mais qul est abrltée par des rellefs et

particuliérement par la chaine montagneuse et forestlere du Mayombe qul constltue une efflcace barriere aux Influences océanlques. Aussl les brOlls saisonniers et les proprlétés karstlques de son substratum schlsto-ealcalre accentuent la sécheresse du pédocllmat. Ces de io\ es contribuent au fort abaissement du niveau des riviéres et des nappes en.o son séche, qul dure pres de 4

a

5 mols dans I'année.

- d'autre part,

a

l'lntroductlon des technlques culturales Intenslves et mécsnlsées non adaptées 8

ce

type de ml/leu qul, malgré les apparences, est trés fragUe.

Nous allons maintenant, dans le paragraphe suivant, rappeler succinctement "histoire de la mise en valeur agricole da la Vallée du Niari. particuliérement des problémes

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agronomiques auxquels elle s'est confrontée. Dans ce méme chapitre nous allons aussi donner la caractérisation du site de I'expérimentation agronomique dans lequel nous avons échantillonné notre matériel detravail.

Les conséquences directes de I'utilisation agricoles des sois de la Vallée du Niari varíent selon letyped'agriculture.

Dans I'agriculture paysanne la rapide perte de fertílité des soIs est compensée par de longues jacheres et le nomadisme cultural.

Dans I'agriculture intensive avec mécanisation du travail du sol et apport d'intrants agricoles, la dégradation des terres malgré cela a été

a

I'origine de la faillite économique des agriculteurs des les années 50.

Des études agro-pédologiques menées dans la Vallée du Niari, des cette époque, ont permis de décrire ou de caractériser partiellement ce phénomene (MARTIN G., 1966;

BERTRAND R. et MAPANGUIA., 1980; MAPANGUI A., 1982; BRAUDEAU E., 1987...).