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CHAPITRE III. : LE PAYSAGE SENEGALAIS DE LA MICROFINANCE

IV. Historique des IMFs de notre étude

4.3. Acep : Alliance de Crédit et d'Epargne pour la Production

L’Alliance de Crédit et d’Epargne pour la Production (Acep) est la plus ancienne des mutuelles de crédit au Sénégal. Elle a été créée en 1986 sous le nom de l’Agence de Crédit pour l’Entreprise Privée (Acep). L’Acep était à l’origine un projet financé par la United States

Agency for International Development (USAID). Le projet avait pour objectif d’appuyer les

ONG et les Entrepreneurs des régions de Kaolack et Fatick. Donc au démarrage du projet, la zone d’intervention de l’Acep était circonscrite à Kaolack et Fatick qui constituent deux régions du bassin arachidier sénégalais.

En 1989, une évaluation à mi-parcours par un expert commis par l’Agence américaine a permis de déceler des failles dans le réseau : un système de procédure d’octroi de crédit non adéquat, des insuffisances dans le contrôle interne, une mauvaise gestion, des déficits importants et des objectifs mal définis.

L’ensemble de ces facteurs avait conduit l’USAID à envisager sa fermeture. Mais l’expert commis proposera de relancer le projet sur de nouvelles bases. De nouvelles procédures et de nouveaux critères furent mis en place. Un accord de subvention était passé, mais sous couvert d’un amendement exigeant qu’à la fin du projet, l’Acep soit « une institution financière privée rentable ayant son siège à Dakar pour continuer les activités de crédit à la petite entreprise dans la zone du projet après la date d’achèvement fixée au 31 décembre 1993 ». En résumé, l’amendement avait trois objectifs : la rentabilité du projet, le remplacement du personnel expatrié par des compétences locales et la création d’une institution de microfinance pérenne. En 1990, le siège est transféré à Dakar par la nouvelle équipe dirigeante et l’Acep étend son réseau à quatre autres régions notamment Dakar, Thiès, Diourbel et Louga. Donc, en dehors de la région de Dakar, le projet opère toujours dans le bassin arachidier.

La nouvelle équipe dirigeante prend un certain nombre de mesures dont nous exposons ici les plus importants.

53 - révision du taux d’intérêt débiteur : il passe de 13 à 16%/an, pour ensuite augmenter progressivement jusqu’en 2006-2008 où il est aux alentours de 20-21%, et décroitre depuis (17% en 2012). Pour les dirigeants et d’après leur projection, seul un taux d’intérêt proche du marché pouvait assurer la viabilité financière de l’institution de crédit ;

- mise en place d’un manuel de procédures soumis à l’appréciation d’un cabinet d’audit dont la finalité est de déceler les éventuelles insuffisances au niveau des points de contrôle et le respect strict de son application ;

- mise en place d’un système d’information performant et l’abandon du système de gestion manuel ;

- mise en place d’un système de maîtrise des charges avec, un contrôle efficace de certains postes budgétaires (frais d’entretien, de réparation, de carburant, de loyers, de téléphone..) où l’on note souvent des abus et le recours à un système d’administration des coûts ;

- réduction des salaires du personnel et définition d’une politique salariale conséquente prenant en compte les objectifs de pérennisation du projet, évitant ainsi de tomber dans le niveau de rémunération habituellement en vigueur dans l’environnement des projets et qui est incompatible avec un objectif de rentabilité à court ou moyen terme ;

- adoption d’une approche minimaliste par la spécialisation dans le volet crédit laissant ainsi à des organismes spécialisés les autres gammes de service (formation, conseil en gestion, étude, etc.) ;

- l’obligation, pour les agents de crédit, d’atteindre un taux de remboursement minimum de 95% ;

La mise en œuvre de ces mesures a permis de constater, dès 1991, des améliorations dans la gestion : le projet a réalisé un excédent de vingt millions de francs hors subvention et une baisse du taux de perte de 8 à 2%.

La question que l’on peut se poser est quelles sont les conséquences socioéconomiques de ces mesures sur les membres? Nous y reviendrons plus loin.

En 1992, l’Etat du Sénégal apporte à l’Acep un soutien financier de 444 millions de Franc CFA (1,7 Millions de US $). Ce soutien financier visait exclusivement l’élargissement du réseau de l’Acep à d’autres régions du Sud et de l’Est du Sénégal. Le réseau s’étend alors aux régions de Kolda, Tambacounda et Ziguinchor.

54 En fin 1993, le projet est clôturé. Alors, il fut décidé que l’Acep garderait son acronyme tout en devenant une mutuelle d’épargne et de crédit ayant pour nom l’alliance de crédit et d’épargne pour la Production. En tant que réseau de mutuelles d’épargne et de crédit, l’Acep est régie par la loi 95-03 du 05 janvier 1995 (loi Parmec) et bénéficie d’une couverture géographique nationale. L’institution financière est alors soumise à la supervision du Ministère de l’Economie et des Finances à travers la Cellule d’Assistance Technique aux Caisse Populaires d’Epargne et de Crédit AT-CPEC et la BCEAO.

En 1995, pour pallier les effets de la dévaluation de 1994, les plafonds de crédit passent de 5 à 10 millions et la population ciblée monte en gamme. Une politique de collecte de l’épargne est lancée la même année pour sécuriser le secteur, dans des conditions qui assurent la rentabilité de l’Acep.

Missions et Objectifs de l’Acep aujourd’hui

Aujourd’hui l’Alliance de crédit et d’Epargne pour la Production (Acep) est un établissement d’épargne et de crédit à statut mutualiste qui a pour vocation d’octroyer des crédits aux petites et moyennes entreprises sénégalaises. Acep se compose d’un siège à Dakar et de bureaux régionaux supervisant des agences locales composées chacune d’une personne. Institutionnalisée en 1993 sous la forme mutualiste, Acep a atteint l’autonomie financière. En décembre 1997, Acep touchait 5 511 micro-entrepreneurs emprunteurs et plus de 8 000 épargnants dont 27 % de femmes. Acep est membre du réseau Micro-finance Network et du réseau RAMPE (Réseau Africain d’Appui à la Micro et Petite Entreprise).

L’Acep se donne pour mission de fournir des services d’épargne et de crédit adaptés aux besoins des entrepreneurs sénégalais dans le but de les appuyer dans leur croissance, et, ce dans une perspective de développement économique et social du Sénégal.

L’Acep octroie des crédits à des groupes solidaires et des crédits individuels (70% des crédits) et propose des produits d’épargne. Les durées de prêts varient de 1 à 24 mois. Les prêts sont plafonnés à 15 millions de FCFA. Le principe de progressivité des crédits est appliqué. Les crédits octroyés par l’Acep sont majoritairement utilisés pour des activités de commerce. Le montant moyen des prêts accordés s’élève à 526 US$. Le montant moyen des dépôts est de 249 US$. Environ 30% des sociétaires sont des femmes.

Sur le plan national, elle couvre les villes de Dakar, Thiès, Kolda, St-Louis, Ziguinchor, Tambacounda, Diourbel, Kaolack et Ourossogui.

55 Les deux institutions qui suivent sont de taille beaucoup plus petite.