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L’ÊTRE QUOTIDIEN DU LÀ ET L’ÉCHÉANCE DU DASEIN

Dans le document Être et temps (Page 142-186)

PRÉPARATOIRE DU DASEIN

B. L’ÊTRE QUOTIDIEN DU LÀ ET L’ÉCHÉANCE DU DASEIN

En revenant jusqu’aux structures existentiales de l’ouverture de l’être-au-monde, notre interprétation a d’une certaine manière perdu des yeux la quotidienneté du Dasein. Cet horizon phénoménal qu’elle s’était donnée pour thème, l’analyse doit maintenant le

reconquérir. La question est donc maintenant celle-ci : quels sont les caractères existentiaux de l’ouverture de l’être-au-monde pour autant que celui-ci se tient, en tant que quotidien, dans le mode d’être du On ? Est-ce qu’une affection spécifique, un comprendre, un parler, un expliciter particuliers appartiennent à celui-ci ? La solution de ces questions devient d’autant

1Sur la doctrine de la signification, cf. E. HUSSERL, Recherches logiques, éd citée, t. II, Recherches I et IV à VI, puis le traitement plus radical de cette problématique dans Ideen, t. I, §§ 123 sq., p. 255 sq.

plus urgente si nous rappelons que le Dasein, de prime abord et le plus souvent, s’identifie au On et en subit la domination. Le Dasein comme être-au- monde jeté n’est-il pas justement d’abord jeté dans la publicité du On ? Et qu’est-ce que cette publicité signifie d’autre que l’ouverture spécifique du On ?

Si le comprendre doit être primairement conçu comme le pouvoir-être du Dasein, une analyse du comprendre et de l’expliciter propres au On devra nous apprendre quelles possibilités de son être le Dasein comme On a ouvertes et s’est appropriées. Ensuite, ces possibilités elles-mêmes manifesteront une tendance d’être essentielle de la quotidienneté.

Quant à celle-ci, enfin, elle doit dévoiler, à supposer qu’elle soit ontologiquement expliquée de manière satisfaisante, un mode originaire d’être du Dasein, de telle manière qu’à partir de lui le phénomène cité de l’être-jeté puisse être mis en lumière en sa concrétion existentiale.

Ce qui est exigé en premier lieu, c’est de rendre visible sur des phénomènes déterminés l’ouverture du On, c’est-à-dire le mode quotidien d’être du parler, de la vue et de

l’explicitation. Par rapport à ces phénomènes, il ne sera peut-être pas superflu d’observer que leur interprétation a une intention purement ontologique, et qu’elle se tient à cent lieues d’une critique moralisante du Dasein quotidien, ainsi que de toute entreprise de « philosophie de la culture.

§ 35. Le bavardage.

L’expression « bavardage » ne doit pas être prise ici dans un sens dépréciatif. Elle signifie terminologiquement un phénomène positif qui constitue le mode d’être du

comprendre et de l’expliciter du Dasein quotidien. Le parler, la plupart du temps, s’ex-prime et s’est toujours déjà ex-primé. Il est parole. Mais dans l’ex-primé sont alors à chaque fois déjà inclus la compréhension et l’explication. La langue comme être-ex-primé abrite en soi un être-explicité du Dasein. Cet être-explicité est tout aussi peu que la parole sans plus sous-la-main, au contraire son être est lui-même à la mesure du Dasein. Le Dasein, de prime abord et dans certaines limites, lui est constamment remis - il règle et distribue les possibilités du comprendre moyen et de l’affection qui lui appartient. L’être-ex-primé, dans la totalité de ses complexes articulés de signification, préserve un comprendre du monde ouvert et,

cooriginairement, de l’être-Là-avec d’autrui et de l’être-à à chaque fois propre. La

compréhension déjà déposée ainsi dans l’être-ex-primé concerne aussi bien l’être-découvert de l’étant à chaque fois atteint et transmis que, aussi, la compréhension à chaque fois prise de l’être et les possibilités et horizons disponibles d’une explicitation et d’une articulation conceptuelle renouvelées. Cependant, au-delà de cette simple référence au fait de l’être-explicité du Dasein, il convient de s’enquérir du mode d’être existential du parler ex-primé et s’ex-primant. S’il ne peut être conçu comme sous-la-main, quel est son être, et que nous dit fondamentalement cet être sur le mode d’être quotidien du Dasein ?

Le parler s’ex-primant est communication. La tendance d’être de celle-ci est de faire participer ceux qui écoutent à l’être ouvert pour ce dont le parler parle.

Conformément à la compréhensibilité moyenne qui est déjà incluse dans la langue que l’on parle en s’ex-primant, le parler communiqué peut être dans une large mesure compris sans que l’auditeur se transporte dans un être originairement compréhensif pour le ce-sur-quoi du parler. On comprend moins l’étant dont il est parlé que l’on n’entend seulement déjà le parlé comme tel. C’est celui-ci qui est compris, tandis que le ce-sur-quoi ne l’est

qu’approximativement, et au passage; si on vise la même chose, c’est parce qu’on comprend le dit en commun dans la même médiocrité.

L’entendre et le comprendre s’est d’entrée de jeu attaché au parlé. Loin que la communication « partage » le rapport primaire d’être à l’étant dont il est parlé, l’être-l’un-avec-l’autre se meut dans un parler-l’un-l’être-l’un-avec-l’autre et une préoccupation pour ce qui est

parlé. Et tout ce qui importe à celle-ci, c’est qu’on parle. L’être dit, le dictum, la profération se portent désormais garants de l’authenticité et de l’adéquation du parler et de la

compréhension. Et comme le parler a perdu, ou qu’il n’a jamais trouvé son rapport primaire à l’étant dont il parle, il ne se communique pas selon la guise d’une appropriation originaire de cet étant, mais sur le mode de la relation et de la re-dire. Le parler comme tel s’étend à des cercles plus larges, et il revêt un caractère d’autorité. La chose est ainsi, parce qu’on le dit.

Dans cette re-dite et cette relation où le défaut de solidité ]du parler] se radicalise en une complète absence de sol, se constitue le bavardage. D’ailleurs, il ne demeure pas restreint à la re-dite orale, mais il se diffuse dans l’écrit en tant que « littérature ». La re-dite, ici, ne se fonde pas tant dans un ouï-dire qu’elle ne se repaît de ce qu’elle lit, c’est-à-dire récolte. La compréhension moyenne du lecteur ne pourra jamais décider ce qui est puisé et conquis à la source et ce qui est re-dit. Plus encore, la compréhension moyenne ne voudra même pas, n’aura même pas besoin d’une telle décision. puisqu’elle comprend tout.

L’absence de sol du bavardage ne lui barre pas l’accès à la publicité, mais au contraire la favorise. Le bavardage est la possibilité de tout comprendre sans appropriation préalable de la chose. D’emblée, il préserve du danger d’échouer dans une telle appropriation. Le

bavardage, que tout un chacun peut saisir au vol, ne délie pas seulement de la tàche d’un comprendre véritable, mais encore il configure une compréhensivité indifférente à laquelle plus rien n’est fermé.

Le parler, qui appartient à la consitution d’être essentielle du Dasein et co-constitue son ouverture, a la possibilité de devenir bavardage, et, comme tel, de ne point tant tenir l’être-au-monde ouvert en une compréhension articulée que de le refermer, et de recouvrir l’étant intramondain. Pour cela, il n’est pas besoin d’une intention de tromper. Le bavardage, en son mode d’être, n’est nullement volonté consciente de faire passer quelque chose pour quelque chose. L’être-dit et l’être-rapporté dépourvus de fondement suffisent pour que l’ouvrir se pervertisse en un refermer. Car le dit est toujours de prime abord compris comme « disant ».

c’est-à-dire comme découvrant. Ainsi, en vertu de son omission propre de tout retour vers le sol de ce dont il est parlé, le bavardage est nativement une fermeture.

Fermeture encore aggravée par le fait que le bavardage, où soi-disant est atteinte la compréhension de ce dont il est parlé. retient, et même réprime et retarde de façon spécifique, sur la base de ce « soi-disant », tout questionnement et tout débat nouveaux.

Dans le Dasein, cet être-explicité du bavardage s’est à chaque fois déjà fixé. Il y a beaucoup de choses que nous apprenons d’abord de cette manière, et il y en a tout autant qui ne dépassent jamais une telle compréhension médiocre. A cet être-explicité où le Dasein est de prime abord engagé, jamais il ne peut se soustraire. C’est en lui, à partir de lui, contre lui que s’accomplit tout comprendre, tout expliciter, tout communiquer, toute redécouverte, toute réappropriation véritables. Jamais un Dasein n’est placé en soi, indemne de tout contact et de toute séduction de cet être-explicité, devant la terre vierge d’un « monde » pour regarder simplement ce qui y fait encontre. La souveraineté de l’être-explicité public a même déjà décidé des possibilités de l’être-intoné, c’est-à-dire du mode fondamental en lequel le Dasein se laisse aborder par le monde. Le On prédessine l’affection, il détermine ce que l’on « voit », et comment.

Le bavardage, qui referme selon la guise qu’on a caractérisée, est le mode d’être de la compréhension déracinée du Dasein. Pourtant, il ne survient point comme un état sous-la-main d’un étant sous-la-sous-la-main, mais il est lui-même existentialement déraciné selon la guise d’un déracinement constant. Ontologiquement : le Dasein qui se tient dans le bavardage est coupé, en tant qu’être-au-monde, des rapports d’être primaires et originaires au monde, à l’être-Là-avec, à l’être-à lui-même. Il se tient dans un suspens, et, en cette guise, il est pourtant toujours auprès du . monde », avec les autres et pour lui-même. Seul un étant dont l’ouverture est constituée par le bavardage affecté et compréhensif, autrement dit qui est en

cette constitution ontologique son Là, le « au-monde », a la possibilité d’être d’un tel déracinement, lequel constitue moins un non-être du Dasein que sa « réalité » la plus quotidienne et la plus tenace.

Toutefois l’« évidence » et l’« assurance » de l’être-explicité médiocre implique que, sous sa protection, l’étrang(èr)eté du suspens où le Dasein est entraîné vers une absence croissante de sol demeure à chaque fois en retrait pour ce Dasein même. 

§ 36. La curiosité.

Au cours de l’analyse du comprendre et de l’ouverture du Là en général, nous avons fait référence au lumen naturale et nommé l’ouverture de l’être-à l’éclaircie où seulement

quelque chose comme une vue devient possible. Quant à la vue elle-même, elle a été conçue, par rapport au mode fondamental de tout ouvrir existential, c’est-à-dire au comprendre, au sens de l’appropriation véritable de l’étant par rapport auquel le Dasein peut se comporter suivant ses possibilités essentielles d’être.

Or la constitution fondamentale de la vue se manifeste dans une tendance d’être spécifique de la quotidienneté au « voir ». Cette tendance, nous la désignons par le terme de curiosité qui, de manière significative, n’est pas restreint au voir et exprime la tendance à un laisser-faire-encontre accueillant spécifique du monde. Nous interprétons ce phénomène dans une visée ontologico-existentiale fondamentale, c’est-à-dire sans adopter la perspective étroite du connaître, qui, ce qui n’a rien de fortuit, est conçu très tôt dans la philosophie grecque à partir du « désir de voir ». L’essai qui, dans la collection des traités d’ontologie d’Aristote, vient en tête, commence par cette phrase :

παϖντε∀ α[νθρωποι του∍ ειϕδεϖναι οϕρεϖγονται φυϖσει1 : « Dans l’être de l’homme, il y a essentiellement le souci du voir ». Et cette phrase introduit une recherche qui tente de mettre à découvert l’origine de l’investigation scientifique de l’étant et de son être à partir du mode d’être cité du Dasein. Cette interprétation grecque de la genèse existentiale de la science n’est point due au hasard. Ce qui accède en elle à la compréhension explicite, c’est ce qui était pré-dessiné dans la proposition de Parménide :

το; γαρ αυ;το; νοει∍ν εϕστιν τε και; ει∴ναι : l’être est ce qui se montre dans l’accueil intuitif pur, et seul un tel voir découvre l’être. La vérité originaire et authentique réside dans l’intuition pure. Cette thèse demeurera par la suite le fondement de la philosophie occidentale.

La dialectique hegélienne y trouve son motif, et elle n’est possible que sur sa base.

Cette remarquable primauté du « voir », c’est surtout Augustin qui l’a dégagée, dans le cadre de son interprétation de la concupiscentia2 : « Ad oculos enim videre proprie pertinet

», « le voir appartient proprement aux yeux ».. Utimur autem hoc verbo etiam in ceteris sensibus cum eos ad cognoscendum intendimus » : « Mais nous appliquons également ce mot

"voir" aux autres sens lorsque nous recourons à eux pour connaître ». « Neque enim dicimus : audi quid rutilet, aut, olfac quam niteat ; aut, gusta quam splendeat ; aut, palpa quam fulgeat : videri enim dicuntur haec omnia » : « En effet, nous ne disons pas : écoute comme cela luit, où : sens comme cela brille, ou : goûte comme cela est rayonnant, ou : touche comme cela est éclatant; mais nous disons dans tous ces cas : vois, nous disons que tout cela est vu ».

« Dicimus auteur non solum : vide quid luceat, quod soli oculi sentire possunt » : « Mais nous ne disons pas non plus seulement : vois comme cela rayonne - ce que les yeux seuls peuvent percevoir - », « sed etiam, vide quid sonet ; vide quid oleat, vide quid sapiat, vide quam durum sit » :. Nous disons aussi : vois comme cela résonne, vois comme cela sent, vois quel goût cela a, vois comme c’est dur. » « Ideoque generalis experientia sensuum

1Met., A 1, 980 a 21.

2AUGUSTIN, Confessiones, X, XXXV, 54, [p. 250, Skutella].

concupiscentia sicut dictum est oculorum vocatur, quia videndi officium in quo primatum oculi tenent, etiam ceteri sensus sibi de similitudine usurpant, cum aliquid cognitionis

explorant » : « C’est pourquoi l’expérience des sens est en général désignée comme "désir des yeux", parce que même les autres sens, en vertu d’une certaine ressemblance, s’approprient la fonction des yeux lorsqu’il s’agit de connaître, fonction où les yeux ont la primauté.

Qu’en est-il de cette tendance à accueillir sans plus ? Quelle constitution existentiale du Dasein se dégage-t-elle dans le phénomène de la curiosité ?

De prime abord, l’être-au-monde s’identifie au monde dont il se préoccupe. La préoccupation est guidée par la circon-spection qui découvre l’à-portée-de-la-main et le préserve dans son être-découvert. A tout apport, à toute exécution, la circon-spection offre les voies de son progrès, les moyens de son achèvement, l’occasion convenable, le moment approprié. La préoccupation peut s’apaiser, soit en interrompant l’entreprise pour reprendre haleine, soit en l’achevant. Dans ce repos, la préoccupation ne disparaît pas, en revanche la circon-spection devient libre, elle n’est plus liée au monde d’ouvrage. Dans l’apaisement, le souci se déplace vers la circon-spection devenue libre. La découverte circon-specte du monde d’ouvrage a le caractère d’être de l’é-loigner. La circon-spection libérée n’a plus rien à-portée-de-la-main, qu’elle devrait se préoccuper d’approcher. En tant qu’essentiellement é-loignante, elle se procure des possibilités nouvelles de l’é-loigner, ce qui veut dire qu’elle s’écarte de l’étant de prime abord à-portée-de-la-main pour tendre vers le monde lointain et étranger. Le souci devient préoccupation pour les possibilités de ne plus voir, en un calme séjour, le « monde » qu’en son seul aspect. Le Dasein cherche le lointain simplement pour le rapprocher de soi en son aspect. Il se laisse uniquement emporter par l’aspect du monde : c’est là un mode d’être où il se préoccupe de se dépouiller de lui-même en tant qu’être-au-monde, de l’être auprès de l’étant de prime abord à-portée-de-la-main au quotidien.

Mais si la curiosité libérée se préoccupe de voir, ce n’est pas pour comprendre ce qui est vu, c’est-à-dire pour accéder à un être pour lui, mais seulement pour voir. Elle ne cherche le nouveau que pour sauter à nouveau de ce nouveau vers du nouveau. Ce dont il y va pour le souci d’un tel voir, ce n’est pas de saisir et d’être dans la vérité en sachant, mais de

possibilités de s’abandonner au monde. Aussi la curiosité est-elle caractérisée par une incapacité spécifique de séjourner auprès du plus proche. Aussi bien ne recherche-t-elle pas non plus le loisir du séjour considératif, mais l’inquiétude et l’excitation que donne le toujours nouveau et le changement incessant d’objet rencontré. En son non-séjour, la curiosité se préoccupe de la constante possibilité de la distraction. La curiosité n’a rien à voir avec la contemplation admirative de l’étant, avec le θαυµαϖζειν, ce qui lui importe n’est point d’être frappée d’incompréhension par la stupeur, mais elle se préoccupe d’un savoir simplement pour avoir su. Les deux moments constitutifs de la curiosité : l’incapacité de séjourner dans le monde de la préoccupation et la distraction vers de nouvelles possibilités, fondent le troisième caractère d’essence de ce phénomène, ce que nous appelons l’agitation.

La curiosité est partout et nulle part. Ce mode de l’être-au-monde dévoile un nouveau mode d’être du Dasein quotidien, où celui-ci ne cesse de se déraciner.

Le bavardage gouverne également les voies de la curiosité : il dit ce que l’on doit avoir lu et vu. L’être-partout-et-nulle-part de la curiosité est remis au bavardage. Ces deux modes d’être quotidiens du parler et de la vue ne sont pas simplement, dans leur tendance au déracinement, sous-la-main l’un à côté de l’autre, mais une guise d’être entraîne l’autre. La curiosité, à qui rien ne demeure fermé, le bavardage, dont rien ne demeure incompris, se donnent - autrement dit donnent au Dasein qui est sur ce mode - la garantie d’une « vie » prétendue vraiment « vivante ». Mais à travers ce semblant se manifeste un troisième phénomène caractéristique de l’ouverture du Dasein quotidien.

§ 37. L’équivoque.

Au fur et à mesure que fait encontre, dans l’être-l’un-avec-l’autre quotidien, ce qui est accessible à tous et sur quoi tout le monde peut dire quelque chose, il devient de plus en plus impossible de décider ce qui est ouvert dans un comprendre authentique et ce qui ne l’est pas.

Cette équivoque ne s’étend pas seulement au monde, mais tout aussi bien à l’être-l’un-avec-l’autre comme tel, et même à l’être du Dasein pour (zu) lui-même.

Tout a l’air d’être véritablement compris, saisi, dit, et au fond ne l’est pas - à moins qu’il n’ait l’air de ne pas l’être et qu’au fond il le soit. L’équivoque ne concerne pas

seulement le mode ontique sur lequel nous disposons de l’étant accessible dans l’usage et la jouissance, mais elle s’est déjà établie dans le comprendre comme pouvoir-être, dans le mode du projet et la prédonation de possibilités du Dasein. Non seulement chacun connaît et discute ce qui est là et survient, mais encore chacun s’entend d’ores et déjà à parler de ce qui doit seulement arriver, de ce qui n’est pas là mais devrait " évidemment » être fait. D’avance, chacun a toujours déjà pressenti et senti ce que d’autres ont aussi pressenti et flairé. Cet être-sur-la-trace, et encore par oui-dire-celui qui est « sur la trace » de quelque chose de manière authentique n’en parle pas -, est la guise la plus insidieuse en laquelle l’équivoque prédonne

seulement le mode ontique sur lequel nous disposons de l’étant accessible dans l’usage et la jouissance, mais elle s’est déjà établie dans le comprendre comme pouvoir-être, dans le mode du projet et la prédonation de possibilités du Dasein. Non seulement chacun connaît et discute ce qui est là et survient, mais encore chacun s’entend d’ores et déjà à parler de ce qui doit seulement arriver, de ce qui n’est pas là mais devrait " évidemment » être fait. D’avance, chacun a toujours déjà pressenti et senti ce que d’autres ont aussi pressenti et flairé. Cet être-sur-la-trace, et encore par oui-dire-celui qui est « sur la trace » de quelque chose de manière authentique n’en parle pas -, est la guise la plus insidieuse en laquelle l’équivoque prédonne

Dans le document Être et temps (Page 142-186)