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3. L’appel à la peur et la publicité sociale environnementale

3.4. MEPP et publicité sociale environnementale (PSE)

3.4.3. Quelques études ayant associé le MEPP au danger climatique

D’après Roberto, Goodall et Witte (2010), intégrer ces concepts au MEPP permet d’étendre cette théorie à des menaces collectives sans lui apporter des modifications radicales. En effet, tout comme les concepts originels du modèle, ces deux concepts intègrent les notions de sévérité, de vulnérabilité, d’efficacité de la solution et d’auto efficacité. En outre, pour évaluer ces variables il suffira de modifier quelque peu le point de référence des questions. « Societal risk can easily be incorporated in an MEPP study by changing the point of reference of the questions » (Roberto, Goodall et Witte, 2010 : 296).

Comme on l’a vu plus haut, la différence entre les deux concepts originels du modèle et ceux étudiés ici se situent au niveau de la vulnérabilitéet de l’auto efficacité. Nous allons donc nous intéresser à la façon dont on doit mesurer ces deux variables lorsqu’on est face

à une menace collective. Par exemple, si on se réfère à Roberto, Goodall et Witte (2010), lorsqu’on veut mesurer la vulnérabilité collective, au lieu d’employer l’item « je pourrai être blessé ou tué par une catastrophe naturelle », on dira « plusieurs personnes pourraient être blessées ou tuées par une catastrophe naturelle ». Deux méthodes peuvent être employées pour mesurer l’auto efficacité à un niveau collectif (Bandura, 1997 cité par Roberto, Goodall et Witte, 2010 : 293). Celle que nous allons utiliser dans cette recherche est celle qui consiste à évaluer l’auto efficacité de chaque participant puis d’additionner leurs scores. On pourrait par exemple utiliser l’item « Je suis capable d’économiser l’énergie pour lutter contre le réchauffement ».

On retrouve ces deux concepts dans des études qui ont testé les prédictions du MEPP avec la menace climatique. C’est par exemple le cas de celle menée par Myers et Goodall (2006). Nous avons recherché cette étude en vain. Si on se fie à la référence trouvée dans la bibliographie cachée de Roberto, Goodall et Witte (2010), le manuscrit n’aurait pas été publié. Par conséquent, nous allons nous référer au passage que ces auteurs ont consacré à cette recherche. Myers et Goodall (2006) se sont ainsi intéressés, entre autres, à l’impact de la perception de la menace collective et de l’efficacité collective sur les attitudes et les intentions comportementales. Leurs résultats étaient conformes aux prédictions du MEPP. Les personnes qui avaient les scores les plus élevés aussi bien pour la menace collective que pour l’efficacité collective avaient aussi les attitudes et intentions comportementales les plus favorables à la lutte contre le réchauffement.

Une autre étude qui a intégré les concepts de menace et d’efficacité au niveau collectif est celle menée par Xue, Hine, Marks et al. (2016) en Chine. Ces chercheurs ont réparti les participants à leur étude dans deux groupes avant de les exposer à l’un ou l’autre de leurs deux messages vidéo. Le premier était conçu de façon à ce qu’il permette de percevoir une forte menace (une explication du problème du changement climatique et une exposition des dangers potentiels qu’il fait planer sur la Chine) et une forte efficacité (des stratégies pour freiner la menace climatique sont fournies ainsi que des astuces pour les appliquer dans la vie quotidienne). Le second message est identique au premier dans sa façon de présenter la menace mais il est dépourvu d’éléments d’efficacité. Conformément aux prédictions du MEPP, les résultats ont montré que les personnes exposées au premier message avaient une perception d’efficacité plus élevée. Elles étaient également plus

enclines à s’engager dans un processus de contrôle du danger (intentions et comportements favorables) et moins disposées à suivre la voie du contrôle de la peur (rejet du message ou déni de la menace).

Sarrina Li (2014) a aussi mené une étude ayant appliqué le MEPP pour examiner la question du réchauffement planétaire. Ses découvertes confirment partiellement cette théorie. À la différence de Xue, Hine, Marks et al. (2016), cette chercheuse a travaillé avec 4 groupes au lieu de 2. Chaque groupe était exposé à l’un des cas de figure suivants : faible menace/faible efficacité, faible menace/forte efficacité, forte menace/faible efficacité et forte menace/forte efficacité. Les résultats étaient en partie cohérents avec les prévisions du MEPP dans la mesure où le groupe forte menace/forte efficacité a exprimé des attitudes et des intentions comportementales plus favorables à la lutte contre le réchauffement. Cependant, contrairement aux attentes, le groupe forte menace/faible efficacité a également eu un bon score en termes d’attitudes et d’intentions favorables. Alors que d’après le MEPP, ce groupe aurait dû avoir des réactions négatives. C’est plutôt le groupe faible menace/faible efficacité qui a eu des réactions négatives alors que d’après le MEPP, il ne devrait pas avoir de réactions (ni positives, ni négatives). L’auteure en conclut que « when attempting to promote low carbon-emitting behaviors among college students, messages should contain both threat and efficacy information, but messages that contain low-threat and low-efficacy information should be avoided » (2014 : 255).

3. 4. 4. Formulation des hypothèses

Comme ces précédentes études, la nôtre vise à confronter les prévisions du MEPP au problème du changement climatique. Plus précisément, nous voulons savoir si les hypothèses du MEPP seront confirmées ou infirmées lorsque la menace et l’efficacité sont portées à un niveau collectif. Pour ce faire, nous allons vérifier les hypothèses suivantes :

H1 : Le groupe exposé au message contenant une faible menace collective (fM) aura des réactions de contrôle du danger (attitude et intention) plus faibles que celles du groupe forte/ menace forte efficacité (FMFE) et des réactions de contrôle de la peur

(évitement et réactance) plus faibles que celles du groupe forte menace/faible efficacité (FMfE).

H2 : Le groupe exposé au message contenant une forte menace collective associée à une faible efficacité collective aura des réactions de contrôle de la peur plus importantes que les autres groupes (scores plus élevés pour la réactance et l’évitement défensif).

H3 : Le groupe exposé au message contenant une forte menace collective associée à une forte efficacité collective (groupe FMFE) aura des réactions de contrôle du danger plus favorables que les autres groupes (scores plus élevés en termes d’attitudes et d’intentions).

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