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Technique 7 : Travail à la maison / mise en place des exercices pratiques

6. SUGGESTIONS POUR LES FACILITATEURS

6.2. D é fis fr é quents

6.2.1. Un membre du groupe ne veut pas parler

Il s'agit d'un problème courant, en particulier lors des premières séances de TIP de groupe.

Beaucoup de ceux qui ne parlent pas lors des premières séances commenceront à parler quand ils seront plus à l'aise dans le groupe. Cela est particulièrement fréquent si le problème de la personne est la solitude et l’isolement social.

Si, à la séance 3 ou 4, la personne ne parle toujours pas, vous pourrez peut-être la rencontrer après la séance pour savoir pourquoi. Certaines personnes peuvent se sentir trop timides ou gênées par leurs problèmes, ou peut-être trop déprimées pour les partager. Normalisez ces sentiments et encouragez la personne à s'engager davantage dans le groupe. Au cours de cette rencontre privée, vous pouvez planifier avec le membre du groupe ce dont il pourrait parler lors de la prochaine séance et mettre en pratique ce qu'il pourrait dire (technique 5 : jeu de rôle).

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Cherchez constamment des occasions pour faire participer des membres silencieux aux discussions de groupe. Quand quelqu'un d'autre parle d'un problème similaire au leur, vous pouvez les encourager à rejoindre la discussion de groupe en les invitant à commenter ce qui a été dit. Il est important de poser des questions ouvertes, auxquelles il est impossible de répondre simplement par

« oui » ou par « non ». Il est également important que vous « invitiez » la personne à dire quelque chose sans jamais qu’elle s’y sente forcée. Ceci est particulièrement important aux cours des premières séances. Par exemple :

FACILITATEUR : Mary, je me souviens que vous avez mentionné au groupe que vous aviez un problème similaire à celui de Jasmine. Elle vient de nous dire qu'elle a tout essayé pour améliorer les choses. Voulez-vous nous parler un peu de vos difficultés et de ce que vous avez essayé ? Sinon, c'est ok aussi.

6.2.2. Un membre du groupe ne laisse pas les autres parler

Cela peut être un problème lors des premières séances, mais une fois que les autres membres seront plus à l'aise pour parler en groupe, la personne trop bavarde n’aura peut-être pas autant d'occasions de parler.

Vous devrez peut-être interrompre un membre très bavard du groupe. Vous devez le faire lorsque quelqu'un parle trop d'une situation et que les autres membres du groupe semblent perdre de l'intérêt pour ce qui est dit, ou lorsque la personne commence à se répéter. Par exemple :

FACILITATEUR : Robert, ce que vous dites est important et j'aimerais vraiment en entendre davantage.

Malheureusement, je vais devoir vous interrompre pour que les autres puissent parler de ce qui s’est bien passé et de leurs problèmes depuis notre dernière rencontre. Vous voudrez peut-être écouter ce que chacun dit et voir si vous avez des suggestions à leur faire.

Au début de la prochaine séance, vous pouvez mentionner l’importance de donner à tout le monde la chance de parler.

6.2.3. Un membre du groupe a des idées suicidaires

Il s’agit d’un problème très grave et que vous devez surveiller lorsque vous travaillez avec des personnes souffrant de dépression.

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Écoutez attentivement et repérez toute mention de pensées suicidaires lors de la première partie de chaque séance de groupe, lorsque les membres du groupe décrivent leur état d'esprit de la semaine dernière. Si un membre du groupe dit qu'il se sent moins bien, posez des questions détaillées.

N'ayez pas peur de poser des questions sur le suicide. C'est un symptôme de la dépression qui, en raison de sa gravité, doit être vérifié. Une croyance répandue est que poser des questions sur le suicide peut augmenter la probabilité que la personne essaie de se suicider – mais cela est faux. En revanche, poser des questions sur le sujet peut aider la personne à obtenir le soutien dont elle a besoin.

Par exemple :

GEORGE : J'ai passé une semaine terrible. Rien n’allait. Je suis juste resté au lit et je n’arrivais pas à manger.

FACILITATEUR : George, vous semblez vous sentir moins bien cette semaine. Est-ce que vous avez l’impression que vous préféreriez ne pas être en vie ?

GEORGE : Oui. (S'il n'en dit pas plus, vous devez poser plus de questions.)

FACILITATEUR : Avez-vous pensé à vous faire du mal ? (Si la réponse est oui, continuez en demandant plus de détails). Savez-vous comment vous allez faire pour vous

blesser ?

GEORGE : Oui. Je peux peut-être prendre du poison.

FACILITATEUR : George, merci d’avoir partagé cette information et de nous avoir fait confiance. Je suis content que vous ayez fait cela car nous pouvons tous maintenant essayer de trouver des moyens pour vous aider. Je parlerai également avec vous après le groupe pour voir si vous avez besoin de quoi que ce soit d’autre qui puisse vous aider.

Note pour adaptation

Il est important de demander au groupe de ne pas émettre de jugement, par exemple en considérant le suicide comme illégal ou immoral, mais en lui rappelant que c'est un symptôme courant de la dépression et qu’en partageant ses sentiments la personne demande de l'aide.

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Si le membre du groupe a l’idée ou l’intention de se blesser, vous devez le rencontrer immédiatement après la séance de groupe. Vous devez suivre les recommandations de l’Annexe 2 pour savoir s’il envisage de mettre fin à ses jours dans un avenir proche.

Si le membre du groupe a l'intention de mettre fin à ses jours dans un avenir proche, vous ou une autre personne devez rester avec lui. Ne laissez pas cette personne seule. Contactez votre superviseur et organisez l'aide de sorte que la personne ne se blesse pas et ne se tue pas.

Les membres de la famille peuvent souvent aider à assurer la sécurité de la personne. Tous les moyens possibles avec lesquels la personne pourrait se faire du mal (y compris les pesticides, les médicaments, les couteaux ou tout moyen de suicide disponible localement) doivent être confisqués afin que la personne ne puisse pas les utiliser. La personne doit être surveillée attentivement et de façon continue (24/24h) jusqu'à ce qu'elle n'ait plus le projet d’un suicide imminent.

Il est important de mobiliser les soignants, les amis, les autres personnes de confiance et les ressources de la communauté pour surveiller et soutenir la personne si elle envisage de mettre fin à ses jours dans un avenir proche. Expliquez-leur la nécessité d'une surveillance continue (24/24h).

Assurez-vous qu’ils élaborent un plan concret et réalisable (par exemple, qui surveille la personne à quelle heure de la journée).

Vous devez également offrir un soutien supplémentaire à tout membre du groupe qui a des idées suicidaires, même s'il ne prévoit pas mettre fin à ses jours dans un avenir proche. Il est préférable d’avoir cette discussion en tête-à-tête.

Ne commencez pas par proposer des solutions potentielles aux problèmes de la personne.

Au lieu de cela, essayez d'insuffler de l'espoir. Par exemple : De nombreuses personnes qui se trouvaient dans des situations similaires – se sentant désespérées et souhaitant mourir – se sont ensuite rendues compte qu'il y avait de l'espoir et leurs sentiments se sont améliorés avec le temps.

Aidez la personne à identifier les raisons de rester en vie et demandez-lui qui et ce qui l’a aidé dans le passé. Recherchez ensemble des solutions aux problèmes.

6.2.4. Les membres du groupe viennent au groupe sous l'influence de l'alcool ou de la drogue

Ceci peut être un problème courant, en particulier chez les hommes. Encouragez les membres du

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groupe à éviter de boire ou de consommer des substances avant la séance afin de pouvoir tirer le meilleur parti de ce que le groupe et ses membres ont à offrir, mais aussi pour être bien disposé à aider les autres membres du groupe. Lorsque les gens consomment régulièrement de l'alcool ou des drogues, il est peu probable qu'ils changent de comportement pour pouvoir assister aux séances de TIP de groupe. Si une personne assiste régulièrement au groupe en état d'ébriété, continuez à l'encourager, sans porter de jugement, à ne pas boire ou ne pas consommer de drogue avant les séances. Si le comportement d'une personne est perturbateur ou si ses commentaires sont particulièrement inutiles ou préjudiciables aux autres membres du groupe, essayez de faire parler directement les autres membres des conséquences qu’ont ces perturbations sur le groupe et leur souhait que la personne ne participe pas aux séances tant qu'elle est sous l’influence de l'alcool ou de la drogue.

6.2.5. Des rumeurs circulent dans la communauté à propos du groupe

Parfois, les membres de la communauté peuvent avoir des idées erronées sur le fait que quelque chose de dangereux se passe dans le groupe. Par exemple, une rumeur naissante pourrait être que le groupe de femmes encourage les femmes à quitter leur mari ou que le groupe d’hommes a un programme politique secret ; ou que les membres du groupe reçoivent des cadeaux spéciaux que d'autres membres de la communauté ne reçoivent pas. Encouragez les membres du groupe à expliquer le but du groupe aux autres et à leur dire ce qui se passe lors des réunions – mais sans discuter de détails spécifiques au sujet des membres du groupe.

6.2.6. Les membres du groupe veulent emmener leurs enfants ou amis

Des membres du groupe souhaitent inviter des membres de leur famille ou des amis à participer aux séances de groupe car ils trouvent que le groupe les aide et souhaitent que les autres en bénéficient également. Parfois, ils souhaitent faire venir des enfants plus jeunes, car ils ne disposent pas de moyen de garde. Cependant, le fait d’emmener des enfants ou des amis met souvent les autres membres du groupe mal à l’aise et réticents à partager leurs problèmes, craignant une rupture de confidentialité. Pour cette raison, aucune autre personne ne devrait participer au groupe, à l'exception des bébés et des jeunes enfants de moins de 2 ans.

Le facilitateur devrait s’efforcer d’encourager le groupe à discuter de la possibilité d’inviter d’autres personnes à assister au groupe, dans l’espoir que le groupe lui-même l’identifie comme un problème.

C'est plus puissant que de simplement dire au groupe que cela n'est pas autorisé. Lorsque quelqu'un demande si d'autres personnes peuvent venir, parlez-en directement avec le groupe, en donnant

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aux membres l'occasion d'exprimer leurs opinions. Par exemple :

FACILITATEUR : Annet a suggéré l’idée de faire venir des membres de sa famille dans le groupe.

Est-ce que quelqu'un d'autre est d'accord avec cela ?

JASMINE : Je pense que c’est une bonne idée.

FACILITATEUR : Pourquoi aimerez-vous que des membres de votre famille participent au groupe ?

JASMINE : Si mon mari était ici, il pourrait voir que je ne suis pas la seule personne déprimée.

ANNET : C’est ce que je pense aussi.

FACILITATEUR : Y a-t-il quelqu'un qui ne souhaite pas que des non-membres assistent au groupe ?

ALICE : Je ne veux pas de ma famille ici. Je n’aimerais pas parler devant eux.

FACILITATEUR : Il est fréquent que certains membres souhaitent que des personnes proches assistent viennent au groupe. Mais la présence de nouvelles personnes pourrait causer plusieurs problèmes. Le groupe deviendrait très grand et chacun d’entre vous aurait encore moins de temps pour parler. Comme Alice l'a dit, certains d'entre vous ne seraient pas à l'aise pour parler de leurs problèmes devant des non-membres. Ce groupe est là pour vous aider à apprendre de nouvelles façons de résoudre vos problèmes, puis de les pratiquer en dehors du groupe. Jasmine, je voudrais que vous continuiez à parler avec le groupe de ce que vous pourriez faire pour aider à montrer à votre mari que vous êtes vraiment déprimée et pas seulement paresseuse.

Il s’agit d’une discussion importante qui peut durer aussi longtemps que le groupe en a besoin.

6.2.7. Un membre du groupe veut quitter le groupe

Il est assez courant que des membres du groupe souhaitent quitter le groupe. Ceci arrive essentiellement lors des premières séances de groupe, lorsque les gens se rendent compte qu'il n'y a pas de soutien matériel ou que les membres sont mal à l'aise ensemble, à parler de leurs vies et de leurs sentiments, surtout s'ils appartiennent à la même communauté ou s'ils vivent proches les uns des autres. Si un membre du groupe vient à vous en dehors du groupe pour en discuter,

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lui de ce problème lors de la prochaine réunion du groupe. Informez le membre du groupe qu'il y a probablement d'autres membres qui envisagent de quitter le groupe également.

Efforcez-vous de faire parler les gens des raisons pour lesquelles ils veulent quitter le groupe. Il peut être difficile pour eux d’évoquer cela au sein du groupe car ils se sentent déjà mal à l'aise et peuvent ne pas vouloir fâcher ou décevoir les autres membres. Si les gens n’arrivent pas en parler au sein du groupe, vous pouvez soulever le problème sans préciser qui veut quitter le groupe.

FACILITATEUR : Quelqu’un m'a dit qu'il souhaitait quitter le groupe. J'aimerais que tous nous aidions cette personne à rester. Quelqu'un d’autre a-t-il ressenti cela?

ALICE : La semaine dernière, quand je racontais combien je me sentais triste, je voulais quitter le groupe. C'était trop difficile. Mais quelques jours plus tard, je me sentais mieux et j'ai décidé de revenir aujourd'hui. Mais ça reste difficile de parler ici.

FACILITATEUR : Merci, Alice, de nous avoir dit cela. Je sais qu'il peut être difficile de participer au groupe. Mais je suis heureux que vous soyez revenue aujourd'hui et que vous puissiez nous parler de vos sentiments. Parfois, lorsque nous parlons des problèmes de notre vie, nous nous sentons encore plus mal et nous ne voulons pas continuer à en parler. Mais un des moyens d’arrêter votre dépression est de continuer à parler des problèmes dans votre vie qui vous font ressentir cela, et d’essayer de nouvelles façons de gérer vos problèmes. Je suis heureux que nous puissions parler de vos sentiments concernant le fait de quitter le groupe. Et je voudrais que tout le monde sache qu’il est important de parler de ce genre de choses dans le groupe. Ceci est l'endroit où nous pouvons parler de tous nos sentiments.

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